Bientôt, nous brûlerons des livres

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Nous ne sommes plus très loin d'un autodafé comme celui du 10 mai 1933 en Allemagne nazie






La mode est à la guerre aux statues. Et je ne parle pas seulement des statues des généraux confédérés de la guerre de Sécession, comme on le voit aux États-Unis.




Un peu partout, en Occident, des groupuscules militent pour faire tomber celles de personnages qui ne sont plus dans les bonnes grâces de notre époque. Ou alors, tout simplement, ces militants ne les aiment pas. On a même appris qu’à New York, la statue de Christophe Colomb est dans le viseur du maire : elle représenterait la haine. Ah bon.




Statues




Dans les prochains temps, on peut s’attendre à la multiplication des cibles.




Et on ne s’arrêtera pas en si bon chemin. Avant-hier, on apprenait qu’un cinéma de Memphis, au Tennessee, a déprogrammé Autant en emporte le vent, un authentique chef-d’œuvre de l’histoire du cinéma.




Pourquoi ? Parce qu’il représenterait une vision du passé américain heurtant la sensibilité de certains militants particulièrement zélés.




Alors vite, on le censure. C’est ainsi qu’on étouffe aujourd’hui la culture et la liberté d’expression. Quel sera le prochain film déprogrammé ? Vive l’interdit !




Sans trop nous en rendre compte, nous entrons dans ce qu’on pourrait appeler la phase radicale de la révolution multiculturaliste. Et cela ne s’arrêtera pas. Tout ce qui, d’une manière ou d’une autre, contredit les valeurs de la « diversité » pourra désormais être mis en procès.




Tôt ou tard, on brûlera des livres, ou du moins, on verra des militants rageurs faire le tour des bibliothèques pour les épurer. Au nom de la tolérance, on justifiera le fanatisme.




À tel philosophe, on reprochera d’avoir justifié le colonialisme. À tel écrivain, on reprochera son « sexisme ». L’anachronisme s’allie au fanatisme. Tous finiront par y passer.




Peut-être faudra-t-il une permission spéciale pour lire Aristote, Balzac, Flaubert, Houellebecq ou Kundera ?




D’ailleurs, bien des intellectuels sont déjà jugés infréquentables. On a inventé pour eux un nouvel index. Qui dit leur nom passe pour un monstre.




Il y aura toujours, ici ou là, un petit esprit pour crier au racisme et pour réclamer une purge.




En fait, cela existe déjà. On appelle ça le politiquement correct, et il règne à l’université.




Fanatisme




C’est un paradoxe fascinant : officiellement, l’université repose sur le culte de la plus grande liberté intellectuelle qui soit. Dans les faits, elle couve un nouveau fanatisme qui s’est révélé ces derniers mois à travers l’annulation de nombreuses conférences.




Les idées en contradiction avec la gauche multiculturaliste sont stigmatisées. S’il le faut, on misera sur la perturbation pour les interdire.




D’une statue déboulonnée à un film déprogrammé, jusqu’aux livres qui seront tôt ou tard retirés de la circulation, on assiste à une entreprise d’éradication culturelle.




Le constat est navrant : si les représentants autoproclamés d’une minorité victimaire pleurent en se disant blessés par une œuvre, nos dirigeants invertébrés se plieront devant eux et l’évacueront de l’espace public.




Nous vivons dans une société de plus en plus étouffante, de moins en moins libre.




 



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