ROME, Jeudi 21 Janvier 2010 (ZENIT.org) - L'écrivain et journaliste français Bernard-Henri Lévy a dénoncé « la mauvaise foi » et « la désinformation » relayées par les médias français sur Benoît XVI et Pie XII, les qualifiant de « boucs émissaires ».
C'est ce qu'il a affirmé dans un article paru dans le quotidien italien Il Corriere della Sera le 20 janvier et repris le lendemain par L'Osservatore Romano.
Après la visite de Benoît XVI à la synagogue de Rome et « alors que l'événement est encore chaud », Bernard-Henri Lévy a souhaité « mettre quelques points sur les ‘i' ».
« Il faudrait en finir avec la mauvaise foi, le parti pris et, pour tout dire, la désinformation dès qu'il s'agit de Benoît XVI », déplore-t-il. « Depuis son élection, on a intenté un procès à son ultra-conservatisme, repris continuellement par les médias (comme si un pape pouvait être autre chose que conservateur) ». « On a insisté avec des sous-entendus, si ce n'est avec des plaisanteries lourdes, sur ‘le pape allemand', sur ‘le post-nazi' en soutane, sur celui que l'émission satirique française ‘Les Guignols' n'a pas hésité à surnommer ‘Adolphe II' ».
A l'occasion de la visite de Benoît XVI à la synagogue de Rome, les médias n'ont pas attendu « que le pape passe le Tibre pour annoncer, urbi et orbi, qu'il n'avait pas su trouver les mots qu'il fallait dire, ni accomplir les gestes qu'il fallait faire, et qu'il avait donc manqué son objectif... », a encore ajouté l'écrivain français.
Dans cet article, Bernard-Henri Lévy s'est aussi arrêté sur les polémiques autour de la figure de Pie XII.
Il a rappelé que Rolf Hochhuth, l'auteur de la pièce de théâtre Le vicaire, qui « lança en 1963 la polémique sur les ‘silences de Pie XII' », est « un négationniste patenté, condamné plusieurs fois comme tel et dont la dernière provocation, il y a 5 ans, fut de prendre la défense, dans une interview à l'hebdomadaire d'extrême droite Junge Freiheit, de celui qui nia l'existence des chambres à gaz, David Irving ».
Bernard-Henri Lévy a aussi rappelé qu'en 1937, « le terrible Pie XII, quand il n'était encore que le cardinal Pacelli, fut co-auteur avec Pie XI de l'encyclique Mit brennender Sorge, qui continue aujourd'hui encore à être un des manifestes anti-nazis les plus fermes et les plus éloquents ».
« Avant d'opter pour l'action clandestine, avant d'ouvrir, sans le dire, ses couvents aux juifs de Rome traqués par les fascistes, le silencieux Pie XII prononça quelques allocutions radiophoniques (par ex. à Noël 1941 et 1942) qui lui valurent après sa mort, l'hommage de Golda Meir : ‘pendant les dix années de la terreur nazie, quand notre peuple a souffert un martyre effroyable, la voix du Pape s'est élevée pour condamner les bourreaux' », a-t-il encore ajouté.
« On s'étonnera surtout que, dans le silence assourdissant qui marqua le monde entier lors de la Shoah, on fasse porter tout le poids, ou presque, à celui qui, parmi les dirigeants d'alors : a) n'avait ni canons ni avions à disposition ; b) ne ménagea pas ses efforts pour partager, avec ceux qui avait des avions et des canons des informations dont il avait connaissance ; c) sauva en personne, à Rome et ailleurs, un très grand nombre de ceux dont il avait la responsabilité morale », a poursuivi Bernard-Henri Lévy.
« Pie et Benoît : on peut être papes et boucs émissaires ».
Marine Soreau
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