Autriche : Kurz impose une ligne dure sur l’immigration aux Verts de sa coalition

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L'Autriche ne veut pas subir le même sort que l'Allemagne


Les conservateurs/sociaux-chrétiens autrichiens de l’ÖVP, qui ont dirigé le pays entre décembre 2017 et mai 2019 avec les nationalistes du FPÖ, formeront, désormais, un gouvernement avec les écologistes. Sebastian Kurz, le chef de file de l’ÖVP, sera, une nouvelle fois, chancelier.


L’accord de coalition, qui compte 326 pages, est désormais conclu et les Verts l’ont approuvé lors d’un congrès, tenu ce samedi 4 janvier 2020.


Si des alliances gouvernementales entre l’ÖVP et des patriotes ont eu lieu de 2000 à 2007 et de 2017 à 2019, la participation des écologistes au gouvernement national constitue une première.


Les conservateurs et les Verts ont dû mettre de l’eau dans leur vin afin de concilier leurs lignes idéologiques divergentes : baisse d’impôts, lutte contre l’immigration, combat contre la corruption et transparence, actions contre le réchauffement climatique sont à l’ordre du jour.


Bien que le dirigeant des patriotes du FPÖ Norbert Hofer estime que le futur gouvernement ÖVP-Verts sera orienté à gauche, force est de constater que l’ÖVP a imposé une ligne dure aux écologistes en matière d’immigration et que ces derniers ont été contraints d’avaler des couleuvres. En effet, page 200 de l’accord, il est précisé qu’en cas de crise de réfugiés, comme celle survenue en 2015, une législation d’exception sera introduite et, au cas où les écologistes ne la voteraient pas, les sociaux-chrétiens seraient habilités à le faire avec les patriotes du FPÖ. De plus, des mesures mises au point par l’ancien ministre de l’Intérieur FPÖ Herbert Kickl, visant à introduire un enfermement pour les demandeurs d’asile soupçonnés d’être dangereux ou les centres d’expulsion, seront réalisées ainsi que l’interdiction du port du voile pour les écolières jusqu’à l’âge de 14 ans.


Quant aux mesures écologistes, elles constituent, essentiellement, pour ce futur gouvernement, une déclaration d’intentions, des plans et des effets d’annonce, indépendants de la possibilité financière de leur réalisation, ainsi que des mesures prévues à partir de 2022, telles que l’écologisation de la fiscalité et l’introduction d’une taxe sur le gaz carbonique.


Le paysage politique autrichien a fortement changé, au cours des dernières décennies : le quasi-monopole des conservateurs de l’ÖVP et des sociaux-démocrates du SPÖ sur le pays n’est plus. La montée en puissance de formations politiques contestant la « lotisation » de l’appareil d’État, entre ces deux partis, s’attribuant les nominations depuis le sommet de l’État jusqu’à celle d’une dame d’entretien dans une école de village située au fin fond du pays, est contestée, tant par les patriotes du FPÖ – dont l’ancienne figure de proue Jörg Haider a été, durant de nombreuses années, le fer de lance du combat contre ces pratiques – que par les Verts.


Au cours des dernières années, les deux partis du système, discrédités, ont réagi différemment. Les sociaux-démocrates ont poursuivi leur déclin électoral, alors que l’ÖVP avait, en 2017, changé sa couleur politique – de noir à turquoise -, s’était doté d’un jeune dirigeant, Sebastian Kurz – âgé actuellement de 34 ans -, et avait pris un tournant sécuritaire et anti-immigration, coupant ainsi l’herbe sous le pied des nationalistes du FPÖ surfant sur le rejet de l’immigration à la suite de la crise migratoire engendrée par l’ouverture des frontières en 2015 par la chancelière démocrate-chrétienne allemande Angela Merkel et de l’augmentation de la délinquance qui en a découlé.