Advienne que pourra

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« L’opération anti-QS arrive un an trop tard. »

Rien ne va plus, faites vos jeux. Depuis que Jean-François Lisée s’est mis en mode attaque contre Québec solidaire, le chef du Parti québécois a jeté les dés. Advienne que pourra. Comme tactique, c’est risquer gros. Très gros.


Pourquoi le fait-il ? Malgré une bonne campagne, le PQ plafonnait à 20-21 % d’appuis. Dans l’espoir de brasser la cage, M. Lisée a choisi de faire un coup d’éclat. Au Face-à-Face de TVA, son virage fut radical. Il s’en est pris durement à la co-porte-parole de QS, Manon Massé. Depuis, QS est son unique cible.


Il l’accuse de cacher son vrai chef et son programme, de manipuler les électeurs, etc. La salve est telle qu’elle oblige à replonger dans la genèse de cette guerre sans merci. L’an dernier, QS refusait toute alliance avec le PQ et reniait même sa signature d’une « feuille de route » commune sur la souveraineté.


Trop tard


Ce faisant, les dirigeants de QS faisaient passer leurs intérêts partisans avant la possibilité de former un front commun face aux libéraux et aux caquistes. Sur ce point précis, M. Lisée a raison. Avoir raison fait peut-être plaisir au chef péquiste et à une partie de ses troupes, mais ça ne règle rien.


L’opération anti-QS arrive un an trop tard. Depuis le temps, on aurait cru la page tournée. Eh bien, non. La colère est toutefois mauvaise conseillère. Incapable de positionner son parti comme la solution de rechange au PLQ, M. Lisée prend en effet un air désespéré. Un peu plus, et on croirait à un acte manqué.


Sans lui ouvrir les portes du pouvoir, sa campagne roulait pourtant bien. Aucun miracle ne se pointait, mais le PQ remontait au-dessus des 20 %. Sauver les meubles était faisable. Qui sait maintenant combien il en restera ?


Quand il tire à boulets bleus sur QS au lieu de promouvoir sa vision, M. Lisée perd un temps précieux. Il le perd parce qu’en visant QS, il vise Manon Massé, dont la popularité est en montée. Nonobstant le programme ou la structure de son parti, son discours rejoint une part croissante de l’électorat. Y compris auprès des jeunes.


Dommages


Pour ou contre, son approche imperturbable, son sourire à la Mona Lisa et ses formules candides, plaisent aussi. Or, en politique, attaquer de front une figure populaire n’est jamais une bonne idée. Ça fait souvent boomerang. En cela, la stratégie de QS – laisser la glace électorale à Mme Massé et non pas à Gabriel Nadeau-Dubois, plus polarisant – s’avère payante.


Pour les péquistes, c’est une autre histoire. Comme le notait mon collègue Claude Villeneuve, les candidats et les militants ne méritent surtout pas d’écoper d’une nouvelle guerre ouverte contre QS.


Le pire pour eux est que ce dernier virage à la négative, pris in extremis en fin de campagne, laisse le champ libre à Philippe Couillard et François Legault pour la vraie bataille. À moins, bien sûr, d’un autre revirement tout aussi spectaculaire.