2017 : La croisée des chemins, ou la croisée des impasses ?

Le politiquement incorrect est désormais à l'ordre du jour


Le lent naufrage du quinquennat Hollande donne apparemment lieu à une recomposition graduelle du paysage politique français, qui paraît privilégier de nouvelles fractures idéologiques à l’ombre de la menace supposée du FN dont on sait que M. Valls a fait un grand usage lors des élections régionales. Mirage ou réalité ?


Cet article est suivi d’un billet publié sur le site INSOLENTIAE, qui donne un aperçu de l’état réel de la France et du mépris féroce des droits de l’homme dont notre pays fait (très discrètement) preuve dans ses propres frontières.


I- Etat des lieux


La France officielle se caractérise aujourd’hui par son européisme forcené, son atlantisme déterminé, et s’inscrit très clairement dans la stratégie d’austérité éternelle de l’UE, accompagnée par le détricotage incessant des acquis sociaux, le projet de loi El Khomri étant le dernier événement de ce type en date, sans même parler du traité transatlantique ; ce dernier explique sans doute plus encore cette course au moins disant salarial et réglementaire et imposera l’asservissement de la puissance publique dans notre pays et en Europe aux intérêts privés mondialisés. Une paupérisation profonde ronge notre tissu social.


UE oblige, la France de M. Hollande est parallèlement un champion du multiculturalisme et de la liberté de mouvement et d’installation des individus qui, à l’occasion de la « crise des réfugiés », sont à présent, pour nombre d’  « experts » et de « penseurs », échangeables, transportables et transposables d’un lieu à un autre comme des marchandises. Pour preuve, le droit d’asile qui devrait s’exercer individuellement et que l’on pratique aujourd’hui à la louche, dans le cadre d’une (mauvaise) gestion de flux. Nous entrons dans l’ère du management de la condition humaine, marchandise comme une autre.


« Les réfugiés » : un bouleversement qui ne dit pas son nom


Rappelons que l’  étrange « affaire des réfugiés » impose actuellement dans les faits aux états européens l’immigration d’un nombre indéfini de nouveaux arrivants comme le stipule l’accord européen de l’automne 2015 (Voir Le Monde du 9 septembre 2015 sur le sujet et lire mon article : « Accueil des réfugiés :  vous êtes d’accord ? Vous n’êtes pas d’accord ? L’UE s’en fiche » ) alors que plusieurs centaines de milliers d’entre eux (ils seraient plus d’un million) sont déjà à demeure, notamment en Allemagne.


Le récent accord avec la Turquie ne répondant à aucun critère de faisabilité, tout va continuer comme avant. La porte italienne reste de toute manière ouverte face à la Lybie.


Seuls certains états d’Europe centrale, fermant plus ou moins réellement leurs frontières, marqueront donc leur désaccord avec cette folie économique, sociale et humaine. Le mépris bien réel pour l’  « Autre » affiche ici par voix de presse interposée, avec un cynisme et une parfaite tartuferie, des grands sentiments et une générosité sans limite que les citoyens devront eux assumer très concrètement. Ces discours moraux si souvent culpabilisateurs tentent de masquer l’insupportable abaissement d’êtres humains en perdition traités comme des objets, des symboles, des revendications, utilisés comme instruments politiques et économiques, et non simplement comme des semblables ayant leurs propres intérêts, qui ne sont pas forcément de rejoindre l’UE à tout prix après un voyage périlleux, coûteux, et humiliant.


Ce mépris pour des gens si maltraités par l’histoire récente que leur a faite l’Occident est patent quand on prétend résoudre un problème en s’attachant uniquement à ses conséquences et non à ses causes. Le biais politicien est visible lorsque sous prétexte de respect des droits humains que l’on piétine dans les faits, on jette tacitement par dessus bord le principe même de l’état social, et des droits très concrets qui vont avec, lesquels sont ceux des Français de toutes origines et de toutes confessions. Où va-t-on en effet trouver les moyens de recevoir tant de gens démunis de tout quand les systèmes sociaux font eau de toutes parts et que les états sont pour la plupart confrontés à de lourdes difficultés budgétaires, alors que la misère étend ses ravages meurtriers (lire le billet ci-dessous)?


Nombre de nos concitoyens, qui ne sont pas forcément majoritaires, ont apparemment à ce point été formatés par l’incessante propagande multiculturaliste qu’ils en oublient leurs intérêts de classe et ceux de leurs familles, voire l’intérêt national, celui qui détermine l’existence de chacun d’entre nous et l’avenir de nos enfants.


Le sociétal a de toute évidence effacé le souci du social chez beaucoup de Français du fait de l’usage médiatique intensif des bons sentiments et de l’appel pressant à un universalisme de pacotille, qui ont le sait ne font pas forcément les bonnes politiques. On n’aide pas les autres en s’abaissant soi-même, mais en les aidant à se redresser. On en est loin avec cette stratégie honteuse et désargentée de charité universelle lourde d’arrière pensées.


Entre amalgames et lucidité


Des êtres humains déracinés, chassés de chez eux par la guerre, n’auraient donc d’autre destin que celui de tout quitter pour tout recommencer en terre étrangère, quoiqu’en pensent les sociétés d’accueil dans leur ensemble que l’on n’a pas consultées. Il n’est à priori pas question de demander fermement aux nouveaux venus de respecter à minima les pays et la culture dans lesquelles ils vont être plongés en dépit des événements de fin d’année à Cologne et ailleurs. En outre, après les attentats de Bruxelles, rien n’empêche de penser que pas mal d’éventuels futurs terroristes nous ont rejoints comme le complice du voyou français arrêté vivant à Molenbeek l’avait fait. Combien sont-ils déjà sur le sol européen à attendre leur heure pour frapper ? A quoi sert en France la loi sécurité, l’état d’urgence et les tentatives de manipulations institutionnelles qui viennent apparemment d’échouer quand on accueille ces milliers de nouveaux venus sans vrai contrôle ?


Il est parfaitement légitime de se demander où est notre sécurité quand on ouvre les frontières de la sorte, comme il est indispensable de savoir pourquoi la Belgique ou la France (ou d’autres pays de l’UE) ont laissé naître en leur sein depuis des décennies des zones de non droit, des « territoires perdus » dans lesquels des populations de souche étrangère généralement de confession musulmane se sont organisées selon des critères qui ne sont pas ceux de la société qui les entoure. Les caillassages des camions de pompiers ou d’autres véhicules de service public sont un effet (fréquent) de la dérive de ces aires enclavées dans lesquelles, entre soi, on ne veut pas de « blancs », à savoir des « étrangers », le racisme n’étant pas l’apanage des Européens de souche. L’une des conséquences de ce laisser aller et de cette injustifiable tolérance, ce sont les attentas de Bruxelles, comme hier ceux de Paris. Contrairement à ce qu’affirmaient « avant hier » tant de médias lors de premiers crimes terroristes, les loups n’étaient pas solitaires et chassaient en meutes ce que l’on a appris ultérieurement, bien tard pour les victimes de ce terrorisme insupportable qui tend à s’installer dans la durée. Le cadre de l’UE pour endiguer ce phénomène (comme les autres grands défis de l’heure) s’avère particulièrement inadapté.


Pour en revenir aux réfugiés, qui bien évidemment ne doivent pas être globalement assimilés à des terroristes, il importe de rappeler que ces « voyageurs malgré eux » ne sont pas sans bagages  ni sans une vision, des idéologies, comme tous les êtres humains. Ils importent ainsi probablement le chaos du Moyen Orient en Europe alors qu’ils auraient avant tout besoin que les pays occidentaux grandement responsables de leur détresse leur reconstruisent un univers et un avenir qu’ils ont détruits chez eux, en Syrie, en Irak, en Lybie.


Les accabler sous un moralisme charitable au nom des droits de l’homme est encore un moyen détourné de nier leur dignité et leur droit de vivre dans leurs propres pays, ce que nos guerres leurs ont contesté.


Les Français musulmans intégrés à la société française risquent de payer un prix élevé à la poursuite de cette politique migratoire si peu pensée en terme d’intérêt national.


Les partisans de l’ouverture à tout prix, qui ne paraissent plus pouvoir vivre sans un afflux constant de Musulmans déracinés, comme si la France n’avait longtemps pas pu vivre sans ce type d’immigration, et comme si les Musulmans français étaient dans leur majorité intégrés voire assimilés depuis longtemps, seront comptables des suites de ces manipulations politiques. Seules les frontières nationales dans l’UE pourront donc éventuellement faire obstacle à un flux auquel nulle mesure concrète et applicable ne fait même semblant de s’opposer. L’instabilité s’inscrit jour après jour dans l’agenda des pays européens.


Rappelons en outre qu’il n’est nulle part question de faire contribuer aux dépenses indispensables à cet accueil les gros patrimoines et les privilégiés es qualité, et qu’une fois encore, les grands sentiments s’arrêteront aux portefeuilles des plus fortunés pour se nourrir de l’argent public, à savoir celui de nos impôts. Cet événement peut donc être lu à la lumière de la lutte des classes, ce qui lui restitue sa vérité si politique.


Parallèlement, le multiculturalisme a ses farouches défenseurs dans notre presse et notre personnel politique, depuis que le PS a fait sienne avec M. Mitterrand la défense du sociétal contre le social, que la construction européenne condamnait à terme.


Autrement dit, cette « gauche moderne » ne défend plus les salariés mais les nouvelles « classes populaires », au premier rang desquelles les immigrés ou descendants d’immigrés de préférence les moins intégrés, au nom des « droits de l’homme », qui bien entendu n’incluent pas concrètement les droits sociaux et du travail. Notons à ce propos que la première version de la loi El Khomri prévoyait explicitement une ouverture aux communautarismes religieux au sein de l’entreprise, ce qui selon Jacques Sapir est un moyen sûr de diviser les salariés sur des questions secondaires, et d’éloigner le risque d’une lutte unitaire mettant en cause l’ordre établi. On peut penser la même chose de la campagne de presse massive visant à favoriser l’accueil des nouveaux venus en si grand nombre, dont la défense des droits sociaux en France est le cadet des soucis.


Nouvelle force de la droite française, la fausse gauche dite réformiste, en réalité néoconservatrice, atlantiste et donc russophobe, défend simplement l’idéologie européiste, multiculturalisme compris, et donc les possédants contre ceux, la majorité d’entre nous, qui ne le sont pas. Terra Nova, think tank du PS a verbalisé tout cela après que SOS racisme eût frayé la voie à partir de 1984. L’ombre de M. Mitterrand plane sur le crépuscule de cette « gauche » en peau de lapin et sur ses innombrables agents très bien placés dans les grands médias.


II-Des frémissements à prendre avec des pincettes


Vertus et complexité de certains « frémissements »


Certains indices tendraient à montrer que « ça bouge » dans ce qu’il est convenu de nommer le « paysage médiatique » et l’  « intelligentsia » français. Par exemple, Paul Moreira, journaliste auteur du reportage « Ukraine-les masques de la Révolution », document diffusé sur Canal+ lundi 1er février, a fait entendre une autre information sur une grande chaîne de télévision, à une heure de grande écoute, à propos d’un « grand sujet ». M. Moreira est un journaliste indépendant, qui s’est doté des moyens matériels de son indépendance pour proposer des reportages tranchant avec la doxa médiatique. Réintroduire à propos de l’Ukraine du pluralisme dans l’information est suffisamment important pour être souligné. On a également entendu Mme Natacha Polony pointer des dérives déontologiques dans le paysage médiatique dont elle fait partie, ce qui n’est pas fréquent, quoiqu’on pense par ailleurs de cette initiative.


A surgi ensuite la grande querelle à propos des primaires à gauche, puis la mobilisation internet contre le projet de loi El Khomri, et enfin a éclos « Le printemps républicain », né pour défendre une idée de laïcité opposée à celle que porte l’Observatoire de la laïcité, et rejetant tout glissement vers le communautarisme, autre nom, réaliste celui-là, du multiculturalisme. (Lire sur Causeurs l’article de Marc Cohen « Le printemps républicain comme si vous y étiez » publié le 20 mars).


La défaite très probable de M. Hollande ou du candidat qui le remplacerait en 2017 pour fait d’impopularité excessive du premier paraît donc libérer bien des consciences dès lors que le naufrage du bateau « gauche modérée » est à présent acquis.


Le Printemps républicain, qui se veut une initiative de gauche, regroupe des socialistes, dont d’anciennes figures du mitterrandisme, des ultra libéraux décomplexés et tout un lot de réformistes que l’on n’a pas vraiment entendus à propos des options droitières patentes de la politique économique de M. Hollande, ou de sa soumission à Bruxelles, ou bien au sujet des guerres multiples dans lesquelles notre président a engagé et continue à engager la France dans le sillage des Etats Unis. Dans le texte fondateur de ce mouvement, M. Hollande et les socialistes ne sont pas nommés, ni même subtilement évoqués. Il y aurait pourtant de quoi faire en la matière.


La complexité de la situation peut être personnalisée par M. Valls. Il met en œuvre la loi sécurité, l’état d’exception, selon les vœux de M. Hollande, mais s’attaque à l’Observatoire de la laïcité à l’occasion d’une déclaration maladroite de l’un de ses dirigeants. Ce même Observatoire est mis en cause par le Printemps républicain pour sa conception « arrangeante » de la laïcité. C’est pourtant M. Hollande du temps de M. Ayrault qui a « tué » le Haut conseil à l’intégration, lequel défendait une conception exigeante de la laïcité, pour le remplacer par l’Observatoire de la laïcité.


M. Valls prend la défense de M. Daoud, écrivain algérien de langue française qui met les pieds dans le plat du politiquement correct à propos du fait musulman en France, tout en faisant voter en catimini une nouvelle loi assouplissant les conditions d’accueil des immigrés dans notre pays⋅. On l’a évoqué plus haut, le projet de loi El Khomri prévoyait avant d’être retouché de favoriser le communautarisme religieux au sein de l’entreprise⋅, suivant en cela le rapport fait notamment par M. Badinter. Il semblerait que tout ne soit pas encore clair sur ce sujet.


On peut donc avoir légitimement l’impression que la laïcité, de principe et de valeur fondamentaux de la République, est en voie de devenir un signal de ralliement pour une partie de l’élite déboussolée ne sachant plus à quel saint politique et/ou civilisationnel se vouer, ou un simple instrument au service d’une politique que l’on devine, dès lors que l’UE, vecteur assumé du multiculturalisme, n’est pas mise en cause par l’appel du printemps républicain. Cet appel, tel un grand cri dans le vide, paraît privé d’écho. Pourtant, poser publiquement le problème des dérives communautaristes à l’oeuvre reste en soi une bonne chose. L’affirmation d’une conviction forte de ce type dans un monde politique qui en manque cruellement est une excellente initiative. Il faut donc l’apprécier à sa juste valeur, et avoir conscience de ses limites actuelles.


Primaires à gauche : étrange objet politique à usage indéterminé (…)


Nous assistons donc depuis quelques semaines à l’évocation d’une primaire à gauche, ce qui exclue de facto M. Hollande comme candidat naturel de la gauche. Le nom de M. Picketty, économiste de grande renommée, court pour mobiliser, et pas mal de gens envisageraient sa candidature aux présidentielles comme normale. Or, M. Picketty en tient pour le projet européen et fait partie de ceux qui croient l’UE réformable. Ce qui s’explique par son engagement politique tel qu’il est décrit par Wikipedia : « Proche du Parti socialiste, il participe à la commission économique du PS de 1995 à 199718. D’après la liste arrêtée au 11 novembre 2003, il est membre du comité d’orientation scientifique de l’association « À gauche en Europe », fondée par Michel Rocard et Dominique Strauss-Kahn. Lors de la campagne présidentielle 2007, il s’engage en faveur de Ségolène Royal, dont il est conseiller économique. Lors de l’élection présidentielle de 2012, il publie, avec d’autres économistes, un texte de soutien à François Hollande dans Le Monde. Il prend ensuite ses distances, affirmant notamment que « le gouvernement fait exactement le contraire de ce qu’il faudrait » et qu’« il y a un degré d’improvisation dans la politique fiscale et la politique économique de François Hollande qui est assez consternant ». Le 1er janvier 2015, il refuse la Légion d’honneur proposée par le gouvernement français, déclarant : « Je refuse cette nomination, car je ne pense pas que ce soit le rôle d’un gouvernement de décider qui est honorable ».


Réagissant à la crise migratoire en 2015, Thomas Piketty applaudit à la politique d’accueil de l’Allemagne et dénonce les risques « d’une Europe moisie et vieillissante ».


À partir de septembre 2015, il fait partie du comité consultatif sur l’économie (notamment avec Joseph Stiglitz) qui conseille le nouveau leader du Labour britannique, Jeremy Corbyn. »


On a donc l’impression que l’éventuelle candidature Picketty, qui a repris le terme « moisi » cher à Médiapart à propos des Français qui regimbent devant l’arrivée des réfugiés, serait celle d’un Hollande présentable, qui tenterait de rendre comestible l’indigeste brouet bruxellois porteur de tant de misère et de souffrances pour les sociétés de l’UE, en essayant d’arrondir les angles. Favorable à l’accueil des réfugiés (sous conditions d’une autre politique économique dans l’UE si l’on en croit non le titre trompeur du journal « Le Monde », mais l’article lui-même) , il rejoint partiellement les droitdlhommistes que nous avons évoqués plus haut et les orientations de l’UE en la matière. Mais il s’opposerait au projet de loi El Khomri, directement induit par les exigences bruxelloises. Autrement dit, on a du mal à voir quelle part de nouveauté et d’espoir de changement réel porterait cette candidature peu perceptible car difficilement analysable. Une fois encore, la clarté n’est pas (encore?) au rendez-vous.


Primaires à droite : faire du Hollande sans Hollande


Trois législatives partielles viennent de souligner que la droite dite républicaine est capable de gagner, y compris contre le FN, même si c’est avec moins d’électeurs que lors de scrutins précédents. Le malheur est que nous avons MM. Hollande, Valls et Macron, et que les champions de la droite dite républicaine n’ont d’autre réel projet que de poursuivre la politique de ces derniers, avec si possible encore plus de rudesse. On l’a bien compris, les candidats à la primaire de droite sont très ouvertement ceux du « système », et ne porte aucun espoir de changement pour la majorité des Français. Qu’attendre de MM. Juppé, Fillon Lemaire, Copé (etc…) sinon la poursuite de ce qui se fait déjà ? Se souvenir de leurs actes quand ils étaient en situation de gouverner devrait suffire à les déconsidérer. Les lire et les écouter ouvrent sur le constat qu’ils n’apportent pas une seule idée neuve susceptible de peser favorablement sur l’avenir des Français.


De petits candidats aux grandes idées ?


Parmi d’autres, qui ont fait ou qui ne manqueront pas de faire acte de candidature :


M. Dupont Aignan affiche un souverainisme anti euro, mais pas anti européen, militant pour une Europe confédérale. Joli projet, mais difficile à mettre en œuvre aujourd’hui avec nos partenaires. N’oublions pas que quitter l’Euro en faisant jouer l’article 50 du traité de Lisbonne (TUE 2007) c’est quitter l’UE (on ne peut pour l’heure abandonner l’Euro qu’en sortant de l’UE), et que quitter l’UE avant d’y revenir sans l’Euro pour négocier une réforme d’un système à priori fait pour n’être pas réformable peut passer pour une gageure. M. Dupont Aignan ne fait en outre jamais mention de l’usage de l’article 50 dans le cas où les Français le choisiraient comme président.


M. Mélanchon, qu’on ne présente plus, tient un fort discours marqué par l’esprit de la lutte des classes mais reste peu clair quant à l’Europe et à l’Euro. Or, on ne peut rien faire en France (jusqu’à preuve du contraire) sous la domination de l’Euro, instrument privilégié de la puissance financière devenue politique dans la zone euro (lire Jacques Sapir sur le sujet, blog « russeurope »). Son positionnement manque donc à priori d’une ligne solide et aisément accessible. Il peinera sans doute à mobiliser les Français derrière lui.


M. Asselineau a créé l’UPR en 2007. Le programme de l’UPR est simple, même si son argumentaire , que l’on trouve sur le site de l’UPR, est sophistiqué : sortir de l’Euro, de l’UE en faisant jouer l’article 50 (voir plus haut), et de l’OTAN, les français ayant retrouvé leur souveraineté pouvant alors décider de leur destin eux-mêmes. L’UPR, qui est un mouvement, n’aurait pas forcément vocation à exister en tant que tel dans le cas où son programme souverainiste se réaliserait. Si l’on considère que l’Euro est aujourd’hui la cause de l’essentiel de nos soucis économiques et sociaux dans le cadre d’une UE autoritaire, antisociale et incompétente, les choix tranchés de ce parti ont le mérite de la clarté et d’une logique construite et parfaitement rationnelle.


III Un avenir sombre


On mesure ce que sont les limites des frémissements actuels à « gauche », et on suppose que si M. Hollande est sans doute voué à la défaite en 2017, il est encore parfaitement capable de semer la zizanie parmi ses adversaires (qui ne sont pas ses ennemis). A droite, on paraît compter sur le raz le bol des Français pour ramasser sans peine la mise. Mais au FN aussi. Or, ce parti dit extrémiste a longtemps prétendu vouloir sortir de l’Euro et de l’UE , puis a tergiversé et enfin Mme le Pen a précisé que tel n’était pas le cas dans une interview que l’on retrouve sur le site de l’UPR⋅ , ce qui en fait un parti de droite comme les autres, si l’on considère qu’aucun projet alternatif n’est envisageable dans le cadre de l’UE et de la zone Euro.


Nous devons donc compter avec les partisans de l’Euro et de l’UE, qui se retrouvent au PS, à LR, au FN malgré les dénégations circonstancielles de ses dirigeants, et dans une myriade de petites formations qui gravitent autour d’eux, ou en dehors d’eux, qu’elles se réclament de la gauche ou non. Parler d’une réforme de l’Euro dans le cadre communautaire comme M. Dupont Aignan paraît peu réaliste, on l’a dit, même si il a repris l’intéressante idée de M. Chevènement et d’autres à propos de l’Euro monnaie commune. L’UE est donc la pierre d’achoppement de tout positionnement politique aujourd’hui, et on sait que les grands médias font une campagne permanente en faveur de la construction européenne, de sa la monnaie unique et de toutes les décisions bruxelloises quelles qu’elles soient.


On doit également constater que majoritairement, la parole officielle et médiatique appartient aux tenants de l’Euro, de l’UE, soit par idéologie, soit par intérêt, l’aventure UE et Euro ayant généré bien des emplois, des revenus et des « jobs » fructueux. Parler du blocage de la société française, c’est aussi pointer cette vassalisation des élites, « grands journalistes » compris, aux politiques qui les nourrissent.


« On » défend donc aujourd’hui cette Europe et sa monnaie comme d’autres salariés défendent leur emploi et leur salaire, ce qui, hélas, fait beaucoup de monde dans les milieux dirigeants. Mais l’ampleur de la propagande pro UE/monnaie unique est telle que bien des victimes de l’austérité et du chômage, ne sachant pas expliquer ce qui nous arrive, écoutent volontiers en ces matières également les « grands médias » ou les hommes politiques en vue. En outre, comme dans toute époque charnière, des gens honnêtes s’investissent, en l’occurrence dans ce qui reste du rêve européen et de ses mirages. Combien de fois n’entend-on pas « changer l’UE », « changer l’Euro », comme si ces perspectives répondaient à une possibilité réelle. On sait pourtant que cette UE n’est pas réformable « de l’intérieur », devant prendre théoriquement ses décisions à l’unanimité de ses 28 membres ( tel n’a pas été le cas pour décider des quotas de réfugiés par état membre), sous la surveillance US, et que par voie de conséquence, l’Euro ne l’est pas non plus. En outre, seul le bloc germanique tranche in fine les grandes décisions. La France serait bien isolée dans une tentative vouée à l’échec de changer les règles du jeu européen. Il faut donc pour finir constater que la ligne Euro, UE, multiculturalisme et ouverture de l’Europe qui va avec est celle des défenseurs du système et de ses bénéficiaires, les classes sociales qui en vivent et les oligarchies qui nous dirigent dans les faits. Les désaccords vis à vis de ces positions plus ou moins assumées mais profondes sont susceptibles de définir « en creux » un camp adverse qui n’existe pas aujourd’hui en tant que tel.


On doit par conséquent craindre qu’aucune véritable et fructueuse solution politique ne soit disponible pour l’heure et que notre avenir à moyen terme soit bel et bien cadenassé dans un entrelacs de contraintes idéologiques contradictoires, qui a évacué la lutte des classes comme outil indispensable à la compréhension du monde. Des mirages vont donc sans doute surgir en foules compactes d’ici 2017. La clarté des propositions des candidats peut être considérée comme un gage d’efficacité quand elle s’inscrit dans le sens de l’intérêt général, dont la souveraineté de la France est partie intégrante. A ce titre, l’UPR de M. Asselineau doit retenir l’attention, même si son audience actuelle ne peut pas en faire un challenger potentiellement dangereux pour le microcosme qui nous gouverne.


Dans un tel contexte de blocage politique, à un moment de profonde crise multiforme qui juxtapose les causes de mécontentement, le risque de voir surgir une vraie extrême droite doit être pris en considération. Dans tous les cas, le « politiquement incorrect » est à l’ordre du jour. A moins qu’une implosion « naturelle » de l’Euro ne rebatte profondément les cartes d’ici 2017. Sait-on jamais.


Alain Pucciarelli (pucciarelli.fr, omnibusactu.wordpress.com)


Extrait de l’article de Jacques Sapir : «  Loi travail : « une attaque contre les travailleurs et la laïcité » : l’article n°6 du chapitre 1er (PRÉAMBULE POUR LE CODE DU TRAVAIL) dit la chose suivante : « La liberté du salarié de manifester ses convictions, y compris religieuses, ne peut connaître de restrictions que si elles sont justifiées par l’exercice d’autres libertés et droits fondamentaux ou par les nécessités du bon fonctionnement de l’entreprise et si elles sont proportionnées au but recherché. »


Cet article introduit la « question religieuse » dans le cadre de l’entreprise, et créée, par cela, un facteur nouveau de division entre les salariés. La jurisprudence actuelle limite l’expression des préférences religieuses et tend à considérer que l’entreprise fait partie de la sphère « publique » où cette expression doit être strictement limitée. Cette jurisprudence faisait du lieu de travail un lieu de « neutralité » quant à la question religieuse[3], ce qui était important du point de vue de l’unité des travailleurs. Or, ceci est brutalement remis en cause. Ce qui veut dire que les travailleurs vont se voir classer par « religions », avec les effets que l’on devine, non seulement sur leur capacité à offrir un front commun face à la direction de l’entreprise, mais aussi à l’émergence de préférence cultuelle pour certains postes. Cet article inscrit de fait le communautarisme dans le droit du travail.


C’est donc une attaque générale contre les travailleurs, mais aussi contre les principes de la laïcité, que contient cette loi. Il faut considérer que le vote de cette loi introduit donc les ferments de la division au sein des travailleurs à un degré très supérieur à ce que l’on pouvait craindre avec la « préférence nationale », qui – elle, au moins – ne faisait nullement référence à un choix religieux. »


⋅  « Mis à jour le 23 décembre 2015 – Projet porté par Bernard Cazeneuvesource : gouvernement.fr



Deux projets de loi de réforme relatifs l’un au droit des étrangers, l’autre à l’asile, ont été présentés en Conseil des ministres le 23 juillet 2014. Ils visent à simplifier le droit au séjour des étrangers en France et à réformer en profondeur le droit de l’asile notamment en réduisant les délais. Le projet de loi relatif au droit des étrangers a été adopté en première lecture le 23 juillet. La loi relative à la réforme de l’asile, promulguée le 29 juillet 2015, est entrée en vigueur le 2 novembre 2015. »



⋅ Source: site UPR


« (…) Non seulement le FN ne propose absolument pas de sortir de l’UE par l’article 50 du TUE (il propose seulement de « rénégocier les traités »), mais le FNJ (Front National de la Jeunesse) vient de lancer le mouvement « YEAH » (Young European Alliance for Hope, en américain, s’il vous plaît !) dans le but de fédérer les mouvements de jeunes d’extrême droite islamophobes à travers toute l’Europe. http://www.lefigaro.fr/politique/2014/04/02/01002-20140402ARTFIG00271-julien-rochedy-fn-nous-lancons-un-mouvement-de-jeunes-patriotes-le-yeah.php » et « Questions d’actualité du 25 février 2016 : Brexit – Loi El Khomri – Etat d’urgence »


Lu sur le Net :


Pour étayer mieux encore l’argumentaire développé ci-dessus, un aperçu ci-dessous de ce que devient la société française grâce à un article repris sur le site « INSOLENTIAE » de Charles Sannat, qui reprend lui-même un article du « Le quotidien du médecin » à propos des SDF. Le chiffre (7000 décès⋅) couvre la période 2008-2010⋅. On doit supposer que le mal s’est aggravé avec la situation générale du pays, qui prétend, en lambeaux, « s’ouvrir » sans mesure à la misère extérieure dans des proportions massives. Les « droitdlhommistes » devraient parfois regarder devant leurs portes enfin donner à leurs « droits de l’homme » le contenu humain et réaliste indispensable à leur crédibilité.


« Réalité : 7 000 SDF sont morts en France en presque 2 ans !! » L’édito de Charles SANNAT (site « INSOLENTIAE »)




Oui, vous avez bien lu : 7 000 SDF sont morts dans nos rues. Si l’on ramène cela à un nombre de morts par an, le nombre de SDF qui nous quittent chaque année est sensiblement identique au nombre de tués sur les routes.


Pourtant, il n’y a pas de radars sur les autoroutes de la misère !


En fait, tout le monde s’en fiche de la grande misère, de la grande détresse, de nos milliers de SDF qui meurent chaque année, ou de nos 11 000 suicidés (et 200 000 tentatives). Nous préférons cacher ces réalités et fantasmer un monde idéal et stupide.


Alors me direz-vous, d’où viennent ces chiffres ? Et vous aurez raison ! Rassurez-vous, ils ne proviennent pas d’un sous-site Internet d’un vague groupuscule “d’esssstrême” gauche qui souhaiterait montrer que la gauche de Valls, c’est la droite, ni même des fascistes de “l’esssstrême droate” qui voudraient ainsi montrer qu’avant d’accueillir des migrants par milliers, on ferait mieux de s’occuper de ceux déjà là.


Non mes amis, ni l’un ni l’autre. La source c’est Le Quotidien du Médecin, et cet article a été écrit par un docteur. Oui, un médecin qui fait face à la misère, à la maladie, à la mort des autres. Il n’y a rien de politique là-dedans. De l’humain, évidemment, mais justement pas d’homme d’État, intercesseur d’une politique devenue ces dernières décennies totalement inhumaine.


Le Quotidien du Médecin est sans doute la meilleure revue et la plus indépendante à l’attention des professions médicales et de santé (mais c’est accessible à tous). Leurs articles sont de très grande qualité.


Pour le moment, ce n’est pas le système économique qui s’effondre, c’est VOTRE niveau de vie et celui des classes moyennes !


Alors oui nous parlons de la crise et de ses effets, du système économique aussi et de son effondrement mais pour le moment, ce n’est pas tant le système qui s’effondre que le niveau de vie des classes moyennes partout dans le monde occidental sous la pression d’un ajustement massif vers le bas lié à la mondialisation.


Alors salariés aujourd’hui, SDF demain, la chute peut être rapide et très brutale, la précarité, sans les solidarités familiales, est très réelle et les gens très fragiles.


N’imaginez pas qu’ils l’ont bien cherché ! Derrière chaque SDF se cache bien souvent des histoires terribles et des blessures vivaces, de la perte de l’envie de vivre et de se battre. Pour beaucoup, cela ne reste que des mots, pourtant il y a l’histoire de cet homme, jeune, moins de 45 ans, cultivé, qui était ingénieur commercial et gagnait très bien sa vie. Puis un soir, il est rentré chez lui, le téléphone a sonné. Il a appris la mort de sa femme et de ses enfants dans un accidents de voiture. Un “gentil chauffard”… a changé sa vie. Dépression, perte de son emploi, puis deux ans après de ses droits, de tous ses revenus ensuite impossible de payer son loyer, et enfin, un jour, la rue.


Derrière les SDF, très souvent, des grands blessés de la vie. Mes propos ne visent pas à être moralisants mais simplement à montrer à quel point nos préoccupations sont avant tout dictées par les émotions télévisuelles, que nos indignations sont très “programmées”. Aujourd’hui, il faut se préoccuper du migrant (je n’ai rien contre les migrants). En revanche, nous oublions tous les autres ou presque parce que la boîte médiatique fonctionne de cette façon-là et que ce qui n’a pas été vu à la télé n’existe pas. (sélectionné par A.P.)


Nos politiques nous ont effectivement abandonnés, ils nous ont tous abandonnés, à commencer par les plus faibles et plus fragiles d’entres nous et dans cette catégorie, il n’y a pas que les SDF : il y a aussi tous ceux qui sont en marge de la société ou malades. Voici ce que dit l’essentiel de cet article.


7 000 morts !


“Près de 7 000 « sans domicile fixe » seraient morts dans la rue entre janvier 2008 et décembre 2010. Jusqu’alors, le Collectif les Morts dans la rue (CMDR), une association créée en 2002 pour accompagner les familles et qui recense les signalements, annonçait annuellement un nombre de décès autour de 400, selon les années.


« Nous savions que nous étions loin de l’exhaustivité, témoigne Lise Grout, épidémiologiste au sein du CMDR et coauteur de la première étude épidémiologique sur ce sujet à paraître dans le « British Medical Journal Public Health ». Rien que pour l’Île-de-France nous recevons des signalements de décès tous les jours, un peu par hasard. Mais au pire, on pensait être un tiers en dessous de la réalité. Là, c’est énorme. »


Une méthode reproductible


C’est la première fois que le nombre de décès dans la rue est estimé par une équipe d’épidémiologistes* selon une méthode adaptée et reproductible. Cette méthode dite de capture/recapture permet de gérer deux sources de données différentes, en l’occurrence celles du CépiDc (Centre d’épidémiologie sur les causes médicales de décès) qui collecte et analyse tous les certificats de décès en France et celles du CMDR.


On meurt des mêmes causes que dans la population générale, 30 ans plus tôt


Être sans domicile fixe constitue un risque très élevé de mortalité, rappellent les auteurs. Les études menées à l’étranger, notamment aux États-Unis et au Canada, rapportaient un taux de mortalité entre 3 et 13 fois supérieur à celui de la population générale.


Et ce sont surtout les hommes jeunes qui meurent dans la rue. « Les causes de décès ne sont pas très différentes de celles de la population générale, explique Lise Grout. Il s’agit pour les hommes de cause cardiaque, ou externe, agressions, suicides, qui sont celles que l’on retrouve dans la population masculine au même âge. Sauf que l’âge moyen de décès dans la rue est de 45 ans contre 77 ans dans la population générale. »


La population SDF reste un problème en France. L’INSEE reportait une augmentation de 50 % des SDF au cours de la dernière décennie et estimait à 144 000 le nombre de personnes vivant dans la rue en 2012.”


Cet article a été écrit par le Dr Anne Teyssédou. Merci à elle.


http://www.lequotidiendumedecin.fr/actualites/article/2014/07/11/6-730-morts-dans-la-rue-en-trois-ans-en-france_704366


En attendant, mes chers amis, préparez-vous, il est déjà trop tard !


Charles SANNAT


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