Art-Peur, l’art et la culture et les nazis...
11 septembre 2008
@ Christian Potvin
Vous dites en me citant :
«« Qui aurait cru en 1933 que le Chancelier Hitler inventerait la Shoah... ? » (Luc Archambault)
Tout ceux qui avait lu Mein Kampf. Vous avez lu Mein Kampf ? manifestement, non. Moi, si. Vous ne savez pas de quoi vous parlez, et feriez mieux d’éviter ce sujet. »
Si vous l'avez lu... ce n'est certainement pas avant 1933... à moins que vous l'ayez lu dans le texte de langue allemande... ce n'est qu'en 1934 qu'une première édition française voit le jour... Du reste ce n'est qu'à partir de 1930 que la publication allemande a commencé à se faire dans des tirages conséquents... en 1935, comme on peut lire dans Wikipédia, à peine 1,5 millions d'exemplaires avaient été vendus... ce n'est que plus tard que cet « ouvrage » a été traduit en plusieurs langue pour atteindre plus de 80M d'exemplaires...
Ainsi, rétrospectivement, on peut y retracer les origines de la Shoah, mais on ne la retrouve pas comme tel... Ce qu'on y lit, c'est un antisémitisme, un racisme anti-tzigane, exacerbés, certes, qui justifie selon son auteur la supériorité de la race aryenne, et qui « annonce sans ambigüité le programme du parti nazi, fondé notamment sur la volonté de réunification des territoires à population germanique (le pangermanisme) ainsi que la nécessité de s'assurer, en Europe de l'Est, un « espace vital » allemand. Il comporte des menaces précises, qui firent écrire au maréchal Lyautey : « Tout Français doit lire ce livre. » » Wikipédia
C'est donc, qu'avant la fin de la guerre... très peu de personnes étaient en mesure de comprendre ce que pouvait engendrer de tels écrits... racistes... Même celles-là, n'ont pu imaginer que ce racisme pouvait engendrer la « systématique » et très organisée « solution finale ». On a plutôt considéré, voulu considérer ce racisme, comme le racisme et l'antisémitisme « ordinaire » qui jusqu'alors, n'avait jamais engendré pareille « Shoa ». Même les premières mesures de discriminations imposées à partir de 1933, n'ont pas ouvert les yeux du monde à cet égard... La surprise de la découverte des camps après la guerre, montre à quel point, tout cela n'avait pas été « prévu », compris... et certainement pas avant 1933...
Je n'ai pas lu Mein Kampf comme vous, je n'en ai lu que des extraits et des compte-rendus... ce qui ne m'empêche pas de savoir que si ce que vous dites était si évident en 1933, pourquoi le monde a mis si longtemps à réagir pour l'empêcher... Pourquoi même les juifs ont-ils eu tant de mal à eux-mêmes se rendre compte qu'on ne les menaient pas dans un camp de travail, mais bien dans un camp d'extermination ?
C'est la question que je me suis posée en visitant a l'âge de 11 ans les camps de Struthof près de Natzwiller en Alsace, le seul camp d'extermination en France, et celui de Dachau en Allemagne... Je vous jure qu'on en est marqué pour la vie... J'en ai déduit que peu de gens avait prévu la chose quand Hitler est arrivé au pouvoir... sinon, comment expliquer l'inexplicable...
L'évidence, si Mein Kampf préparait le terrain... personne ( ou si peu de personnes ) a compris, cru, en 1933 que le nouveau Chancelier Hitler parviendrait à « inventer » la Shoah qui est toute autre chose que l'expression du racisme antisémite. « La Solution finale à la question juive » ( die Endlösung der Judenfrage ) On peut en lire davantage à l'article « Shoah » dans Wikipédia
« Les historiens s'appuient aussi sur des passages de Mein Kampf[16], ou le discours du 30 janvier 1939, selon lequel une nouvelle guerre mondiale conduirait à « l'anéantissement de la race juive en Europe »[17]. En opposition à cette thèse, plusieurs historiens, en particulier Martin Broszat, Arno J. Mayer et Philippe Burrin, pensent que les nazis n'avaient pas choisi la Solution finale avant 1941. L'antisémitisme extrême des nazis est, d'après cette thèse, la condition nécessaire de la Shoah plutôt que sa cause directe. Les nazis auraient décidé d'exterminer seulement après que l'invasion de la Pologne et de l'URSS a placé des masses considérables de Juifs sous leur autorité, et après une émulation au sein de la « polycratie nazie » (Martin Broszat). Après le début de la guerre, Himmler écrit dans son journal, à la suite d'une rencontre avec Hitler le 18 décembre 1939: "Question juive! A exterminer comme des partisans." Il s'agit de ce qui se rapproche le plus, en langue codée, d'un ordre du Fuhrer pour éliminer tous les Juifs d'Europe[18]. Dans les années 1990 et 2000, d'autres historiens, tels Ian Kershaw, ont tenté de dépasser ce débat[19]. »
Ce qui du reste montre que la chose n'est pas simple... qu'il faut être vigilant... l'horreur des génocides nous apparaît toujours non pas avant, mais après le fait... Le Rwanda en est le témoignage le plus récent... cependant que d'autres se passent sous nos yeux en ce moment... ailleurs...
Luc A.