Le débat est dépassé
31 mai 2010
Monsieur Savard,
Votre interprétation du dialogue de sourds est si réaliste qu’elle peut nous faire baisser les bras ou nous forcer à s’ingénier toujours plus dans notre plaidoyer.
Une correspondante très Québécophile de France recevait récemment d’une « amie » un document (signé Têtu) de soutien au stratagème Maxime Bernier, qu’elle m’a refilé pour examen. Mon opinion fut celle-ci :
Nous faisons ici face à la droite religieuse qui contrôle le gouvernement canadien comme beaucoup d’autres. On les voit comme sectaires, doctrinaires, militants preachers. Sophistes raffinés, ils utilisent les mêmes arguments que nous, mais à l’envers! Nous sommes pauvres parce que nationalistes quémandant et n’obtenant jamais assez du Canada? (Ou bien parce que le Canada nous boycotte comme nationalistes et retient nos dus?) Les médias!! Ils seraient, selon lui, au service des grands prêtres nationalistes! Nous démonisons le messager! (on sait que ce Bernier a dû démissionner comme ministre de la Défense pour avoir oublié une liasse de docu secrets chez sa maîtresse!: manque de jugement à répétition!) Si nous parlons de Quebec bashing, nous faisons du procès d’intention! Notre interventionnisme d’État, notre « socialisme », nous a mené à être les plus pauvres d’Am. du Nord, devenus « dépendants » du Canada dans la péréquation, charité des autres provinces… Il cite Pratte!… « Notre propagande nous faits fragiles », sans tenir compte de notre minorisation accélérée! Après les référendums « perdus » il aurait fallu arrêter de chercher la « chicane »! Et arrêter de réclamer de prétendus dus! « Nous sommes paranos » : Ennemis extérieurs les Anglais, intérieurs, les collabos ministres conservateurs à qui nous nions tout droit à leurs « analyses » Sophistes : le fédéral est un ennemi inventé avec qui, eux, plus lucides, ont choisi de travailler pour faire fonctionner le Canada au lieu de nuire comme nous faisons en votant Bloc, pour les « intérêts du Qc »
Que prône-t-il? Soit -Patriostisme : logique coûts/bénéfices :assimilation. Soit - Traditionalisme : éviter cette « trahison », mais prendre sur nous tous les torts et nous améliorer nous-mêmes en -améliorant nos écoles en français et en anglais, démontrant ainsi que nous « n’avons pas peur des autres langues et cultures, voire religions : mieux intégrer les immigrants… Donc, tout ça peut se faire par nous-mêmes puisque nous sommes « grands et forts » et que personne ne nous persécute…
Et, autre sophisme : Bernier étant fort, il a raison d’être fier de notre histoire et de nos 400 ans, puisque nous sommes encore là!… Ce sont les nationalistes, les timorés, qui pleurnichent toujours sur leurs défaites historiques et en veulent à leurs « ennemis » patentés! Soyons bons Canadiens et il n’y aura plus d’immobilité dans les grands projets au Québec, il n’y aura plus de déficits économiques, de dettes record, d’anglicisation. Cessons de chercher querelle aux Canadiens et nous serons plus prospères… (serait-on en train de démontrer que nos querelles les rendent vindicatifs?)
La « bonne amie » réplique du tac au tac :
Et pourquoi 3.5 personnes sur 10 auraient plus raison que les 6.5 autres
parce que c est bien cela le nombre des séparatistes québécois. Ils ont eu la chance 2 fois et pourraient recommencer demain encore, rien ne les empeche, ils ne sont pas ni prisonniers ni esclaves du Canada. Voila pourquoi je ne comprends pas leur raisonnement.
Alors je confie à ma correspondante :
Donner raison aux 6.5 personnes contre 3.5, sans parler des intérêts de chacun, c’est oublier que cette majorité, qui est persuadée d’avoir vaincu militairement, domine la politique depuis ce temps et fait sa propagande facilement auprès des nouveaux arrivants, surtout qu’ils sont de la famille anglophone, hégémonique de par le monde. Le poids du nombre donne-t-il raison? C’est ce qu’ils croient à chaque occasion qu’ils saisissent lors des grandes consultations populaires, pour s’ingérer dans les règles du jeu pour influencer cette minorité déjà vulnérabilisée par une presse orientée. Ils nient ces tricheries prouvées : naturalisations en masse lors de référendums, vote de ces anglophiles déjà sortis du territoire depuis longtemps, voyages financés par avion et bus pour proclamer leur amour au Québec : we love you, don’t go (ne sommes pas prisonniers, dit-elle). On est toujours renversés d’entendre ces plaidoyers en français! Pourquoi ne vont-ils pas au bout de leur raisonnement jusqu’à renier cette langue qu’ils s’affairent à minoriser définitivement? En fait, ils ne reconnaissent même pas la légitimité de cette loi québécoise qui proclame le français seule langue officielle. Ils se basent sur le fait que comme « province » canadienne, nous vivons sous la loi canadienne du bilinguisme… qu’ils respectent si peu dans les autres provinces.
Et j’aurai vite une réplique fédéraliste intégriste impossible à convaincre, pas plus que les intégristes des religions monothéistes ne parviennent à se convertir entre eux. Sempiternel mantra!