Un peu de réconfort ne fait pas de mal !
1 novembre 2010
Voyez, marie-hélène, les dangers de la flatterie. Ferretti vous reconnaît toutes les qualités pendant deux beaux paragraphes, puis soudain, en deux phrases, elle se contredit complètement en attaquant votre jugement…
Le nœud de la discussion, ici, tient à vouloir faire servir au peuple québécois les expériences vécues par d’autres peuples. Ségolène dit avoir rencontré Mme Roussef au Brésil, ce qui lui permettrait de juger de son combat. Souhaitons qu’elle y ait vraiment vécu suffisamment pour ne pas répéter son couac d’il y a 4 ans sur le Québec où elle se permit un « Vive le Québec libre » plus naïf que celui du Général De Gaule.
Il est difficile de faire des équivalences, des rapprochements entre l’évolution de l’histoire d’un peuple et celle d’un autre. C’est le quotidien, présent, de la vie des gens dans leur milieu actuel, qui détermine leurs réflexes communautaires. Si la connaissance livresque de l’histoire peut nous apprendre d’où est venu un peuple, c’est l’immersion totale et maintenue dans la réalité complexe de ses membres qui nous renseigne vraiment sur leurs priorités vitales. Même les travaux des meilleurs journalistes délégués à l’étranger ne nous rapporteront jamais qu’une tranche de vie bien subjective, à moins, bien sûr, d’y être installés en permanence, genre Christian Rioux à Paris… mais Paris n’est pas la Provence…
Ici, mes amis du RRQ m’avaient laissé une image un peu idyllique de la Catalogne ou de la Galice. Un simple séjour touristique de 2 mois en pays valencien comme en Catalogne, à discuter avec les hôtes et gens de cafés, je peux déjà supputer que le rêve même d’autonomie de ces sociétés distinctes a été varlopé par l’Espagne avec la même efficacité que les nôtres par le Canada. On garde en public le même mutisme sur le sujet que chez nous. Les susceptibilités langagières entre Valenciens et Catalans sont ravalées autant que les opinions sur la tauromachie ou la danse sévillane. Les causes de cette déchéance de fiertés nationales pourraient bien ressembler à celles que nous observons chez nous : les jeunes démobilisés pour une situation minoritaire par le spectre qu’on leur fait luire d’une vie impossible sans l’usage de l’anglais. Dans des cultures millénaires, comment cela pourrait-il expliquer tout?
Déjà chez nous, tout autochtones que nous soyons entre nous, de souche française, nous n’arrivons même pas à nous expliquer comment nous ayons pu démissionner en bloc devant le conquérant, l’immigrant et tout pouvoir assimilant… Les aînés n’ont jamais décroché de l’image du Canada de leurs ancêtres; la classe laborieuse est tellement asservie par l’économie de terreur qu’elle se contente du pain et des jeux; ceux qui viennent, ressentent à ce point dans leurs tripes le spasme de la vie dans la réserve qu’ils détalent vers la lumière, comme lapins inondés.
Qui pourra jouer les meneurs de claques, hors les murs, pour remuer cette touffeur coloniale?
Ouhgo