Pas les moyens de perdre un référendum
20 février 2016
Demander aux gens QUI ILS SONT?
_ Mais je rêve?
_ Je me souviens derrière votre bagnole
Le passé, le présent, l'avenir : abus, fraudes, injustices
1875
_
_ (extraits)
''Tous les Canadiens ont lu ou se rappellent les troubles de
1838, cette sombre mais grande époque qui doit rester comme une
auréole pour les uns, comme une tache ineffaçable pour les autres.
A deux pas du Marché Bonsecours, et prenant sa vie dans cette
grande artère de Notre- Dame, pour laquelle la Corporation a tant
sacrifié les piastres des contribuables, cette rue Claude est comme
un tas de fumier au milieu d'un jardin plein de fleurs.
Mais c'est bien simple à saisir le pourquoi de la chose : — pas
un membre, pas le plus petit membre du gouvernement, pas le
plus petit gros-bonnet ou le moindre petit ami d'un de ces Messieurs
de la Corporation ne demeure duns cette rue. Que leur
importe donc que ce soit infect, puant ?
Est-ce que les pauvres gens comptent pour quelque chose dans
la société d'aujourd'hui ? Est-ce même qu'il n'en a pas été toujours
ainsi?
Est-ce que la preuve n'en est pas patente dans ces ruinés de
1838, auxquels on alloua comme dédommagement, pour les avoir
incendiés et pillés de par la loi du plus fort, pour les avoir mis sur
la paille, des debentures payables dans vingt ans, et que des
hommes appartenant au gouvernement achetaient à ces malheureux
à 70 pour cent d'escompte ?
Ne va-t-ou pas, dans uu autre genre, tout aussi loin aujourd'hui?
La Corporation, despote impartibus, ne hérisse-t-elle pas
ses poils de sanglier pour défendre au malheureux d'élever un porc
même à la fin d'automne, car ce porc, nourri presque
sans frais, pourrait aider ce malheureux à passer moins rigoureusement
l'hiver.
Il y a dans les bas quartiers de la ville des rues abominables,
où l'eau s'agglomère, séjourne et devient puante ; il y a des rues
a peine éclairées, partout des trottoirs à se casser dix fois le cou
pour peu qu'il fasse sombre — pas dans les quartiers riches, bien
entendu, — mais enfin cela n'en existe pas moins.
Je crois que tous les porcs ne sont pas à quatre pattes, et
que beaucoup font du lard avec les deniers des contribuables de la
cité de Montréal. Mais ils ne sont pas au fond d'une cour et ne
vivent pas dans une étable. Il n'y a donc rien a dire.
Du reste, qui peut oser toucher à la Corporation et lui dire
qu'elle peut avoir tort ?
N'est-elle pas une administration colossale, ayant ses âmes vendues
à elle, ses Informeurs, ses dispensateurs d'emploi» et de
piastres ?
Ne va-t-elle pas, cette bonne et maternelle Corporation, ériger
un parc sur la Montagne, qui ne coûtera guère que la somme si
minime de deux millions de piastres?
Il paraît qu'il faut un parc : c'est indispensable pour ces Messieurs.
_
_ Avec cela, vous arrêterez la variole qui fait tant de ravages à
Montréal, avec cela tout sera pour le mieux dans le meilleur mondes.
Nos rues sont obscures, malsaines, peu sûres, mais vous aurez
un parc !
Les trottoirs sont impossibles, et vous vous cassez par leur faute
une jambe ou le cou — mais vous aurez, un parc !
Le Bureau de la Santé, qui fait si peu déjà, fera moins encore.
Il vous répondra : vous avez un pare !
Messieurs, figurez-vous que nous soyons dix, vingt, quarante ou
cent, et que je passe à l'un de vous, pour le faire circuler de main
main, un assez gros morceau de beurre. II est très clair qu'en
arrivant au centième, le dit morceau de beurre se sera énormément
fondu, par le fait même de l'acharnement que chacun aura
mis à le saisir.
Figurez-vous aussi que les deux millions de piastres soient un
morceau de beurre, et puis réfléchissez !
Dans toutes les administrations et dans tous les pays, il y a des
ânes qui braient haut d'honnêteté, de franchise, de vertus civiques.
Habituellement, trois classes de gens les écoutent et les croient,
font semblant, ce qui est la même chose : ce sont d'abord les
imbéciles, puis les gens trop conciliants, ensuite ceux qui sont toujours
les vils esclaves de tout ce qui est tant soit peu au-dessus
d'eux.
Voilà pourquoi tant d'abus se commettent, tant de torts à redresser
restent impunis et debout ; voilà pourquoi aussi certains
membres de certaine corporation s'emplissent les poches des deniers
publics an lieu de les dépenser pour le bien-être de tous.
La cupidité est un nectar qui altère ; plus on en boit, plus on
soif.
Ou pourrait croire que la Corporation de Montréal est cupide,
en lançant de, temps à autre, sur la rose-piastre des citoyens, un
insecte parasite appelé Informeur.
Ce système de police est pour nous immoral il ouvre la voie
au vice, aux vengeances. Mais la Corporation qui fourre son
nez partout pouvait bien le fourrer sur le visage de ces hommes.''
Montréal , juin 1875.
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_ Le passé, le présent, l'avenir! : abus, fraudes, injustices / par X****
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_ A. Poutré (peut-être un traître, mais ce texte décrit parfaitement la situation actuelle, donc 140 ans plus tard. ) Rien n'a changé.