Devant la gravité de la situation, le PQ demeure le seul choix réaliste
14 juillet 2011
Monsieur Le Hir,
Je vous lis avec intérêt et vos commentaires sont souvent judicieux. Je ne vous suis pas ici sur cette tribune que je trouve prématurée sinon inutile. Prématuré, votre article vaut renoncement à établir un rapport de force avec le PQ dans le contexte où la constitution d'une telle force d'action sur lui devient envisageable : démissionnaires du PQ + CAP sur l'indépendance. Votre article enjoint malheureusement les indépendantistes à se jeter sans condition dans les bras du PQ, en espérant qu'une fois élu le rapport de force - seulement alors - que pourrait constituer le CAP pourra agir sur lui. Inutile, parce que le PQ n'y gagne rien à ce stade alors que la difficile mise en scène d'une présence indépendantiste indépendante est sous-estimée. Je le déplore.
Sur la personnalisation à outrance de Jean Charest, je pense que c'est une erreur. Le fédéralisme est la cause de nos déboires et Charest n'est que l'acteur d'un régime qui transcende largement son action. Faudra-t-il crier victoire lorsque Charest, vaincu, sera remplacé par Mme Normandeau ou par qui sais-je ? Recommencer indéfiniment un autre combat conjoncturel alors que notre lutte est structurelle ? Saurons-nous un jour aller au-delà des masques ?
Sur l'urgence de la situation. Il y a certes urgence et elle n'est pas nouvelle. Agir avec précipitation en sautant pieds joints dans le camp de ceux qui ne nous représentent pas politiquement ne fera pas disparaître l'urgence. Aucune garantie que le PQ bougera VRAIMENT sur les dossiers que vous établissez comme prioritaires : richesses naturelles et immigration. Corruption, peut-être. Mais le bon gouvernement ne fait pas l'indépendance. Redressement linguistique ? On peut rêver...
Une faute traditionnelle des indépendantistes est leur refus de se constituer eux-mêmes en force politique autonome durable, qu'elle soit partisane ou non. Le premier RIN s'est effacé devant le PQ pour les mêmes raisons (?) que le RIN-2 s'apprêterait à le faire ? On risque d'en retirer les mêmes effets. Toujours renoncer à l'idéal, seul ultimement porteur de grande cause, pour se mettre à la remorque d'une victoire électorale toujours décevante, au prétexte de sauver les meubles. Les victoires électorales successives du PQ, il faut le reconnaître, n'auront pas changé le sens dans lequel l'histoire persiste. Toutes les stats le prouvent amplement. Le PQ au pouvoir n'a jamais pu sauver les meubles dans le passé et l'allure que prend sa prochaine gouvernance annonce la continuité, en plus pâle. Nous sommes mal en point, raison de plus de constituer des munitions politiques au lieu de se rendre.
Petite remarque sans malice, vous lancez l'appel aux indépendantistes de reprendre le pouvoir alors qu'ils ne l'ont jamais détenu. Un peu plus de rigueur ici serait souhaitable.
Cordialement,
GV