Les pleureuses
10 septembre 2011
À l'étranger, avec des Français, je suis toujours à défendre la langue québécoise, notre culture, etc. Dernièrement, j'étais avec un Français qui me dit "je vais te le dire lorsque tu fais des fautes en parlant". Ouf, j'ai eu les boules!
Après avoir marché vers notre destination, il m'a repris parce que j'ai dit "nous sommes rendus". Selon lui, ça ne se dit pas en France et ce n'est pas français. Pour lui, il faut dire "nous sommes arrivés". Bien sûr, je lui ai dit que j'utilisais les deux, "arrivé" et "rendu". J'utilise "je vais quelque part" et "je me rends quelque part".
Je lui ai demandé, dites-vous "se rendre quelque part"? Il m'a dit oui. Alors je lui ai dit que si l'on se rend quelque part, c'est qu'une fois là, nous sommes rendus. Toutefois, lui va ou se rend quelque part, mais seulement, il est arrivé, et non rendu.
Il ne voulait rien entendre. Il m'a fait douter. De toute façon, moi je parle le français du Centre du Québec. Mon ami parle le français de la France septentrionale.
Et puis, je me suis souvenu, qu'un "rendu" est aussi un terme pour définir un moyen de perfectionner, de donner une apparence de réel au tableau.
Oui, je crois que les Québécois forment une nation, et je n'ai aucun problème à défendre ma langue. Nous sommes définitivement arrivés. Toutefois, je ne sais pas si nous sommes rendus. Nous nous sommes peut-être rendus, simplement, comme on se rend à l'ennemi. Parce que, le cadre du tableau Québec, ce n'est pas le sien, c'est celui de la Fédération canadienne.
Chose certaine, j'ai enseigné quelque peu le français à des anglos du Canada, et il y a plusieurs anglos qui refusaient catégoriquement d'avoir des Québécois comme professeurs. Ils voulaient des FRANÇAIS. Voilà comment nous sommes vus au Canada. Comme des Français en danger de disparaître.
Tant que le Québec ne sera pas un pays, nous, les Québécois, n'auront pas de réel respect. Le seul respect que le ROC a envers nous, c'est celui de nous faire patienter, faire miroiter davantage de pouvoirs, davantage de place, etc, et clairement, le PQ a mordu à l'hameçon.
Cette attente a pour seul but de voir Montréal s'angliciser, que les Québécois deviennent très minoritaires, autant dans la fédération que sur son propre territoire. Et il faut cesser de se faire des illusions: lorsque les Québécois seront très minoritaires, les anglos et les immigrants qui parlent anglais vont nous dire "fuck you and speak white".
Certainement, je ne me suis pas exprimé avec le dos de la cuillère dans mon article "L'elvisgrattonnisation du Québec", mais je crois qu'il est urgent de cesser de faire le jeu d'Ottawa. Le rendu du tableau Québec s'éternise et pour cette raison il devient terne, passe de la couleur à la grisaille.
L'indépendance, c'est pour terminer notre rendu, pour avoir notre propre cadre. On m'a fait remarquer que les Québécois survivent depuis 400 ans. Oui, mais dans le cadre de la globalisation, de sa situation en Amérique du Nord, le vent a tourné. La preuve, Montréal est à l'image de la globalisation, et une fois Montréal totalement globalisée, les Québécois, ceux qui survivent depuis 400 ans, ceux qui défendent l'histoire, sa langue, etc, seront désarmés, pris au piège, et c'est pour ça que j'ai parlé de ghettoïsation du Québec.
En terminant, je lis un article de M. Cloutier où il écrit
"Essayez de vous imaginer un seul instant : le Parti Québécois dirigé par Pauline Marois, qui se prétend "souverainiste" c'est-à-dire qui est censé vouloir un changement de statut, pour le Québec, de province du Canada pour celui d'un État souverain et qui propose à l'électorat un projet de constitution....provinciale."
Voilà, il s'agit pour moi de ghettoïsation et de l'officialiser en plus.
M. Cloutier ajoute:
"Me semble que, si on veut un État souverain, la 1ère chose à faire est de proposer une constitution d'un État souverain. Cela coule de source et ça ne prend pas un doctorat en droit ou en sciences politiques pour comprendre cela. Quand on prétend vivre dans un ghetto, on ne le consolide pas. On propose d'en sortir."
Bref, des gens m'ont trouvé durs. Je crois que les personnes qui participent à la ghettoïsation, effectivement, doivent me trouver cinglant. C'est évident que la constitution canadienne aura toujours le dessus sur l'éventuelle provinciale, et que Montréal anglicisée va se torcher littéralement le c.. avec celle du PQMarois.