La Révolution tranquille
8 février 2013
Oui, je pense qu’il s’agit d’une Révolution.....mais TRANQUILLE. Notamment en éducation et en économie.
Je vous invite à lire le livre “La vie dans les communautés religieuses L’âge de la ferveur 1840-1960.Paru en 2010 par Claude Gravel, un ex de la SRC et de La Presse.
Ça aide à comprendre l’avant 1960. L’auteur raconte que l’intérêt pour l’éducation des enfants était si faible qu’au milieu du XIXe siècle, «les Canadiens français brûlèrent leurs écoles plutôt que d’avoir à payer des taxes pour les entretenir, un épisode connu sous le nom de Guerre des éteignoirs». Jusqu’au milieu des années 1950, il n’existait au Québec aucun réseau d’enseignement public pour les filles. Celles qui voulaient poursuivre leurs études après la 7e année devaient aller dans des pensionnats privés tenus par des religieuses.".
En 1960, le Frère Jean-Paul Desbiens publie un « best-seller » : « Les Insolences du Frère Untel » dans lequel il dénonce, en particulier, le système scolaire et « le joual » . Peu de temps après, en 1961, Lesage crée la Commission d’enquête Parent.
En 1960, le Québec était la société la moins scolarisée en Amérique du Nord, selon le réputé économiste Pierre Fortin. Peu de femmes se rendaient jusqu’à l’université. Les collèges classiques, qui menaient à l’université,c’était presqu’uniquement une affaire de gars. Claire Kirkland-Casgrain sera la première femme élue députée, en 1961. Et devenue ministre, c’est elle qui fera adopter la loi 16 mettant fin à l’incapacité juridique de la femme mariée, en 1964. Auparavant elle ne pouvait pas acheter une propriété sans la signature de son mari, faire un testament, etc. On se souvient, d’ailleurs, que la femme portait le nom de son mari.
En l’espace d’un peu moins de 20 ans, on a construit la plupart des écoles secondaires publiques que nous avons aujourd’hui. Donc ce fut une Révolution: tout le monde à l’école...pis les filles à l’école. 50 ans plus tard, les filles qui n’allaient pas à l’université(avant 1960) sont en majorité dans la plupart des facultés universitaires, aujourd’hui.. Puis ce fut le tour des cégeps en 1967 et en 1968. Puis la création de l’UQAM et de son réseau. Création du Ministère de l’Éducation en 1964.
Pierre Fortin, réputé professeur d'économie à l'UQAM dans un billet signé dans L'Actualité du 15 juin 1999 sous le titre : "Que sont devenus les "nègres blancs"? :
« Ils se sont instruits. Et ils ont commencé à s'enrichir.....LES QUÉBÉCOIS SONT PASSÉS DU PLUS BAS NIVEAU DE SCOLARISATION EN AMÉRIQUE DU NORD AU PLUS HAUT, REJOIGNANT LES ONTARIENS…... »
Puis avec l’éducation, les Francophones ont commencé à s’impliquer en affaires et dans l’économie. Et l’État s’est équipé: la SGF et la Caisse de dépôt et de placement. Sans oublier le "Maîtres chez nous" et la nationalisation audacieuse de l'électricité, en 1962.
Ce qui était autrefois assumé par l’Église et les
communautés religieuses va être assumé par l’État. Claude Gravel titre un de ses chapitres: “Des bâtisseuses d’hôpitaux à une époque où les subventions étaient rares”.
"A la fin des années 1950, les communautés de femmes étaient propriétaires de 105 hôpitaux dans la province, dont certains gigantesques(notamment St-Jean-de-Dieu). ....Il y avait bien plus. Les religieuses catholiques
administraient à la même époque 36 des 66 hôpitaux situées à l’extérieur de la province de Québec.".
Puis vint la syndicalisation.Même dans la fonction publique..bien que le premier ministre Lesage ait dit:"La Reine ne négocie pas avec ses sujets"..
Oui, une VRAIE Révolution mais Tranquille!