Vivre colonisé

Tribune libre

Bon ok, tout semble avoir été dit concernant l’embauche par les Canadiens de Montréal d’un entraîneur unilingue anglophone. Au départ, je croyais que j’allais être le seul à s’élever face à ce manque de respect total de la part de Geoff Molson et de Pierre Gauthier mais au moins quelques personnes ont osé s’indigné devant cette mascarade. Mais sur quelle planète vivent-ils? Je me le demande bien. Ce n’est pas de notre faute si on existe M. Molson et M. Gauthier. Je sais, c’est fatiguant pour vous et pour la NHL mais le Québec existe bel et bien. La langue française aussi. Eh oui! On dirait que ces colonialistes sont totalement déconnectés de la réalité.
Pendant ce temps-là, les Québécois peinent à se faire respecter chez eux! En 2011! C’est horrible. De plus, les Québécois se font répéter tous les jours, partout et en tout temps «Ouin, il faut être bilingue si tu veux réussir, faut être bilingue pour avoir du gros cash sale, faut être bilingue pour faire de la business, faut être bilingue pour aller à Montréal, faut être bilingue pour s’instruire, faut être bilingue pour être encore mieux exploités, faut être bilingue blablabla.» Quelle connerie, quelle farce. Je me souviens de ce Geoff Molson qui, lors du rachat des Canadiens de Montréal, avait promis de faire l’effort pour que le français soit présent davantage au Centre Bell. Que fait-il deux ans plus tard? Il nous balance un entraîneur unilingue anglophone, (il n’a pas besoin d’être bilingue pour travailler au Québec lui), rajoute deux ou trois chansons francophones au Centre Bell et prend tous les Québécois pour des arriérés finis.
Les Canadiens de Montréal ont été créés il y a plus de 100 ans pour que les Québécois aient une équipe bien à eux sur laquelle ils peuvent s’identifier et pour planter les anglais sur la patinoire, ce qu’ils réussissaient chaque année ou presque. Ce que les dirigeants en cravates ne comprennent pas et ne comprendront probablement jamais vu la petitesse de leurs cerveaux, c’est que le hockey est beaucoup plus que du hockey pour les Québécois. C’est une source de fierté dû notamment au passé des Canadiens de Montréal. C’était nous. Quand Maurice Richard, Guy Lafleur ou Jean Béliveau comptaient un but c’était nous qui comptait aussi.
Maintenant, ils ont tourné ce beau sport en dérision avec des joueurs qui se foutent bien de gagner ou de perdre puisque pendant l’été, ils ne se feront pas écœurer sur leurs lamentables exploits, ils seront dans leurs pays d’origine. En tant que fan de hockey et des Canadiens de Montréal, cette réalité est difficile à accepter, la fierté de voir des Québécois sur la patinoire représentant les Canadiens de Montréal est indescriptible. Désormais, les choses sont bien différentes, pourtant c’est notre sport et le talent québécois ne manque pas.
Cette année les exemples de non-respect envers les Québécois auront été abondants. Ne parlons même pas du gouvernement fédéral puisqu’il a toujours agi ainsi. Cependant, que nous ayons de la difficulté à se faire servir en français au Québec est une aberration. Le cas de la Banque nationale et celui de la Caisse de dépôt sont terribles mais le pire, c’est qu’il y a des milliers d’autres cas comme ceux-ci. D’un autre côté, faut-il vraiment s’étonner?
Un peuple qui subit 250 ans de colonialisme constant ne peut agir normalement. Malgré quelques victoires depuis, on reste un peuple vaincu. Comme nos ancêtres depuis 1760, on vit aujourd’hui la même chose. On chiale quelque temps puis on retourne vaquer à nos bonnes vieilles occupations. Trop occuper pour penser que ce que l’on subit est tout sauf normal. Trop occuper pour réfléchir, pour se lever, pour dénoncer, pour essayer de comprendre ce que l’on vit. Trop coloniser aussi. Profondément coloniser. L’occupant colonise tout en 250 ans. Ta tête, ta culture, ta langue, ton espace vital.
Tout est mieux du côté du colonisateur. Il nous dit : Regarde ma culture, elle est bien meilleure, elle rapporte, regarde ma langue, elle rapporte, alors que la tienne ne mérite pas que l’on s’y attarde. Il se fiche royalement de nous, on va vous laissez parler français mais parler pas trop fort svp. Ça dérange la business, ça dérange le Canada et son si bon fonctionnement. Quelle hypocrisie. J’en ai spécialement contre ces journalistes et ces politiciens merdeux qui croient sincèrement (ou non!) que l’avenir de la culture québécoise est sauvé dans le Canada. Ils ne vivent pas dans la réalité et aiment mieux écrire des insignifiances et vanter la place du Québec dans le Canada.
Pour avoir étudié l’histoire du Québec et du Canada, je trouve que tout est basé sur des mensonges. À quel point le Canada nous aime et nous respectent, à quel point il prend en compte les positions du Québec. Tout est basé sur l’hypocrisie, on essaie de nous rentrer dans la gorge les vertus du fédéralisme de gauche, de droite, d’ouverture, décentralisé, centralisé, d’en haut, d’en bas. On ne se peut plus, vive le fédéralisme! On l’appelle de toutes les manières pour ne jamais le remettre en cause. Aujourd’hui ça donne ça! L’indépendance est vue comme étant trop difficile à atteindre, le fédéralisme nous affaibli et nous rend paresseux. Nous sommes si bien pourtant, on n’est pas écouter mais on est bien, notre argent que l’on gagne si difficilement sert à engraisser le Canada qui ne nous ressemble en rien mais on est bien, notre langue est malmenée à Montréal mais on est bien.
On vit dans une bulle qui finira bien par éclater, sera-t-il trop tard? J’espère sincèrement que non. Les fédéralistes commencent de toute façon à en avoir assez de nous accommoder, on commence à le voir de plus en plus. Peut-être finiront-ils par se tanner avant nous?
En terminant, je trouve que l’on ne s’aime pas assez, les Québécois. Ça fait tellement longtemps que nous ne sommes pas réellement libres qu’on a appris à aimer le colonisateur plus que nous. La liberté est loin, très loin dans nos têtes. On ne se souvient plus c’est quoi. L’indépendance? C’est quoi ça? Je ne sais pas mais je sais c’est quoi être une province par exemple, ça oui!
Malgré tout, nous sommes tellement spéciaux et capables de grande chose en 2012, il ne faut pas lâcher. Il y a encore des combattants et pour nos ancêtres qui se sont battus pour que l’on puisse encore jouir de notre langue et de notre merveilleuse culture, il faut continuer. Pour le futur aussi, il faut donner à nos enfants la chance d’apprécier pleinement ce qu’ils sont vraiment, nous ne sommes pas Canadians mais Québécois.


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3 commentaires

  • Daniel Roy C.A. Répondre

    25 décembre 2011

    Beau texte Monsieur Duchesne.
    Je vous suggère d'aller manifester le 7 janvier sur la Place du Centenaire: http://www.facebook.com/events/340212335994690/?mid=558
    Daniel Roy, C.A.
    P.-S. Je vous invite aussi à aller voir l'argumentaire Mille et une raisons pour que le Québec devienne un pays. Il faudra bien créer une page sur Facelivre un moment donné pour en faire la promotion. Je suis convaincu que si une majorité de Québécois connaissait les raisons ou au moins savait que les raisons existent, nous franchirions le cap du 50% pour l'indépendance. www.1001raisons.com

  • Archives de Vigile Répondre

    25 décembre 2011

    L'entraîneur anglo des «Habs» n'est pas la dernière goutte qui va faire déborder le vase. A l'approche de Noël, il y a eu aussi la ministre de l'Education qui approuve les cache-oreilles culturels de la petite musulmane. Se sont ajoutées aussi celles-ci: le Collège francophone Gérald-Godin, notamment destiné à intégrer les allophones et les anglophones à la société québécoise, qui est menacé de fermeture; du gaz de schiste vient d'être retrouvé dans un puits d'eau potable québécois, comme c'était prévu.
    Et le vase déjà bien rempli de 2011 qui ne déborde toujours pas. Sans doute est-il tout aussi profond que le trou de l'autruche des caquistes.

  • Archives de Vigile Répondre

    24 décembre 2011

    Bonjour,
    Je vous recommande le livre de JRMSauvé : Défense territoriale pour la nation et l'État du Québec, les Éditions du Québécois.
    Vous reprendrez espoir. Nous sommes un peuple et une nation.Il nous suffit de reconnaître que nous sommes un État et agir en conséquence.
    Ce ne sont pas les Anglais qui ont la victoire de la dernière bataille, c'est nous, à Sainte-Foy. Le reste a été de la magouille politique, comme toujours. Il suffit que nous voulions et nous aurons notre État.
    Comment monsieur MOlson va t-il se débrouiller pour remplir son forum, si nous les Québécois décidons de réclamer des joueurs Québécois? La propagande ça existe des deux côtés.
    Faites circuler votre propos. Joyeux Noël.