Une société de "citoyens" ou de "méritants"?

Tribune libre

Dans une société du mérite, il n'y a que des "méritants", il n'y a pas de citoyens; les plus ambitieux et les plus agressifs sont souvent ceux qui se démarquent et réussissent.
Il s'agit de l'une des raisons pourquoi le statu quo social, politique et économique persiste dans nos sociétés.
Cette société dans laquelle nous vivons, celle des "méritants", est basée sur un darwinisme social dans lequel les "méritants" sont ceux qui ont pu jouer du coude pour réussir dans la vie et faire leur chemin.
Dans bien des cas, ces "méritants" proviennent de familles aisées et ont pu faire des études poussées. Et souvent les contacts familiaux leur ont permis de décocher l'emploi bien rémunéré qu'ils visaient.
Car l'ambition n'est-il pas un trait un peu héréditaire?
Mais l'ambition doit être accompagnée chez l'ambitieux d'un côté "soumis" évidemment. Car pour réussir, il faut aussi se soumettre aux besoins du marché.
Le marché est devenu une espèce de divinité à laquelle bien de ceux qui devraient être des "citoyens" sont sacrifiés pour que jaillisse l'humanité nouvelle plus apte à répondre aux besoins du marché.
Au début des années 1990, un article de Guy Paiement dans la revue "Relations" avait grandement attiré mon attention. Il s'agit du même Guy Paiement qui avait prononcé l'homélie lors des funérailles de Pierre Falardeau.
Monsieur Paiement mentionnait, chiffres à l'appui, qu'au Québec, c'était dans les couches socio-économiques les plus défavorisées qu'il y avait le plus de solitude et le moins d'enfants.
Monsieur Paiement était évidemment scandalisé de la situation qu'il considérait comme une violence exercée par une élite politique et économique mais malheureusement endossée par une bonne partie de la population.
Le plus triste, c'est que vingt ans plus tard, ce darwinisme social continue au Québec.
À quand le moment où nous serons tous des citoyens plutôt que des méritants ou que sais-je?
Comme disait le regretté Michel Chartrand, nous sommes tous sans exception nés pour le bonheur.
Voilà pourquoi monsieur Chartrand faisait la promotion d'un revenu de citoyenneté universel, revenu qui permettrait à tous sans exception d'avoir accès à une vie décente et heureuse.


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