Actuellement,le Mali connaît une des plus grandes crises de son histoire.Des rebelles islamistes, soutenus par Al-Qaïda,ont pris le pouvoir au nord du pays et imposent un régime autoritaire basé sur la Charia.Malgré l’ampleur de la crise qui couvait,il a fallu attendre plusieurs mois pour voir une intervention concrète de la communauté internationale.Alors que la France mobilise ses forces pour une opération d’envergure au sol,plusieurs pays majeurs,dont les États-Unis,ne font presque rien pour changer une situation particulièrement préoccupante.Bien plus qu’un événement mineur,cette crise démontre à quel point l’ONU,chargée initialement de la paix et de la sécurité,semble aujourd’hui dépassée par son mandat.Que ce soit à cause de l’existence clairement anti-démocratique du droit de veto ou d’un droit d’ingérence contestable,l’ONU apparaît maintenant comme une entité inefficace et obsolète.
Vice originel de l’ONU,le droit de veto fut conçu,suite à la Deuxième Guerre mondiale,par les 5 grandes puissances de l’époque pour maintenir leur hégémonie militaire,politique et économique sur la scène internationale.Depuis sa création ce n’est donc pas la gravité d’un conflit qui a motivé les actions de l’ONU,mais plutôt les intérêts régionaux des pays membres permanents du Conseil de sécurité,alors que pendant la guerre froide,il a surtout servi la politique d’endiguement des États-Unis et de l’URSS.De nos jours,avec la fin d’un monde,auparavant bipartite,son usage est devenu beaucoup moins fréquent.Toutefois,le droit de veto pose problème en ce sens qu’il est fondamentalement contraire au principe initial de démocratie internationale supposé légitimer l’ONU.
Les problèmes de l’ONU ne se résument pas qu’au droit de veto,le droit d’ingérence démontre lui aussi une tendance au détournement de l’ONU par les pays occidentaux.Conçu avec comme principe fondateur,la souveraineté nationale des États membres,l’ONU n’était pas prévue initialement pour faire face à la multiplication de conflits intra-étatiques à laquelle nous assistons aujourd’hui.À un certain moment,la notion de «devoir d’ingérence» s’est développée.Elle prône l’intervention de l’ONU lors de certains conflits où,en théorie,les droits de l’homme,la paix,la sécurité ou la démocratie seraient en danger.À la base,cette idée peut certainement nous apparaître comme étant souhaitable.Mais,elle s’apparente aussi à une certaine forme de néocolonialisme.Elle pourrait servir aux grandes puissances qui dominent l’ONU à imposer leur vision des droits de l’homme,de la démocratie ou du développement économique,afin de protéger leurs intérêts régionaux au détriment des populations locales.
Bien plus que de simples problèmes d’intérêts,la notion de «devoir d’ingérence» et le droit de veto vont à l’encontre même des droits de l’homme.En donnant un pouvoir immense aux quelques pays contrôlant l’ONU,on maintient la sujétion des peuples à une domination extérieure,ce qui est fondamentalement un déni au droit à l’autodétermination des peuples, voté par l’Assemblée générale en 1957 suite à la vague d’indépendances nationales.
Finalement,en plus de ces deux problèmes,il y a aussi un manque flagrant tant de ressources humaines que de moyens financiers,ainsi qu’une volonté de ne faire que des actions d’éclat,n’étant en général que des expédients inefficaces pour régler les problèmes locaux à long terme.Une réforme apparait donc nécessaire.Toutefois,en pratique,cela semble autrement improbable étant donné que toute réforme de l’ONU doit passer par le Conseil de sécurité et faire face au droit de veto des membres permanents.Ceux-ci accepteraient-ils un changement dans le mode de fonctionnement de l’ONU,un changement qui bouleverserait leurs privilèges actuels?
Avant tout,la réflexion à ce sujet naitra d’esprits éveillés,passant par-dessus les idées préconçues répandues,notamment,par les grands médias.Ne faut-il pas oublier que ceux-ci sont parfois contrôlés par des compagnies privés cherchant à manipuler l’information afin qu’elle soit conforme à leurs intérêts ?C’est à ce moment,et seulement à ce moment,que nos choix collectifs seront plus éclairés et les décisions qui en résulteront nécessairement plus souhaitables.L’ONU n’était-elle pas supposée être basée sur le principe de démocratie internationale?Être conscient de notre rôle en tant que citoyen,c’est aussi un premier pas vers un renforcement de la sécurité et de la démocratie collectives.Un renouveau de l’ONU naîtra avant tout d’une prise de conscience de tous,la réforme nécessaire ne pourra avoir lieu qu’à ce moment et suite à une réflexion collective primordiale.
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