Sommet sur l'enseignement supérieur

Une main de fer dans un gant de velours

Le gouvernement ne doit pas se transformer en tribunal

Tribune libre

La démarche d’ouverture à la consultation adoptée par le gouvernement dans son approche annonçant la tenue d’un Sommet sur l’enseignement supérieur révèle, à mon sens, une intention louable à laquelle nous ne pouvons que souscrire.
Toutefois, l’éditorial de Josée Boileau, paru dans Le Devoir du 9 novembre sous le titre « Sommet sur l’enseignement supérieur – Le choix du ministre », suscite des pistes de réflexions auxquelles nous ne pouvons nous soustraire sans les avoir d’abord considérées.
« Le gouvernement Marois fait montre d’une telle ouverture dans le dialogue que l’annonce jeudi du processus qui mènera au Sommet sur l’enseignement supérieur a dans un premier temps été saluée par tous ceux que le débat interpelle. Mais se positionner comme un acteur parmi tant d’autres est un leurre. Il est d’ores et déjà le maître du jeu. »
Il ne faut pas oublier que la promesse électorale du PQ de tenir un tel Sommet sur l’enseignement supérieur était assujettie à un gel des frais de scolarité pour les deux prochaines années suivi de l’indexation pour les années à venir. Dans ces circonstances, il m’apparaît pour le moins dangereux pour Pauline Marois d’affirmer que ce sommet sera l’occasion d’un « débat constructif où toutes les possibilités sont ouvertes ».
Un tel genre de déclaration a d’ailleurs déjà subit les critiques « prévisibles » des différents partis de l’opposition, que ce soit le danger d’aboutir à un
« sommet des illusions » ou d’assister à une mise en scène où « les dés sont pipés à l’avance ».
À titre d’exemple de quiproquo qui risque de créer des frictions importantes entre les intervenants, on ne peut passer sous silence le débat sur le financement des universités qui laisse déjà planer de lourds nuages qui seront difficiles à dissiper compte tenu que le ministre Pierre Dufresne n’a jamais caché ses doutes quant au sous-financement des universités.
De par son statut, un gouvernement est élu pour gouverner à l’intérieur d’un processus de consultation qui fait appel aux différents intervenants touchés par le dossier concerné et non pas pour agir en tribunal qui entend les « témoins » qui devront se montrer « convaincants s’ils veulent le faire changer d’avis », comme le souligne Josée Boileau dans son éditorial.
À mon sens, le gouvernement doit, dès le départ de ce Sommet, d’une part faire preuve d’ouverture dans son attitude mais d’autre part, se montrer clair dans ses intentions à long terme tout en « assumant que ce sera à lui de trancher » [dixit Josée Boileau].
En agissant de la sorte, le gouvernement Marois aura fait la preuve qu’il peut situer le débat au-dessus des attitudes démagogiques habituelles des vieux partis tout en faisant preuve du leadership nécessaire pour mener à terme l’épineux dossier de l’enseignement supérieur.
Je vous laisse sur cette attitude que j’avais développée auprès de mes élèves et qui m’a toujours servi tout au cours de mes années d’enseignement. Je fais allusion à ce que j’avais surnommé le triangle d’une saine gestion de classe, à savoir la fermeté, l’ouverture et l’intégrité et qui est très bien représenté par le proverbe « une main de fer dans un gant de velours », à savoir de faire preuve d’une autorité ferme mais diplomate à laquelle j’y ajoute l’intégrité sur la pointe du triangle…une démarche qui peut s’appliquer mutatis mutandis dans toute forme d’autorité qui souhaite s’exercer positivement et efficacement.
Henri Marineau
Québec

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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com




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