Tribune de Macron : le succès en demi-teinte d'un coup de com' européen

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La citoyenneté européenne n'existe pas, puisque l'UE n'est toujours pas un État en bonne et due forme


Publiée le 4 mars au soir dans plusieurs médias européens, la tribune d'Emmanuel Macron, largement commentée dans l'Hexagone, n'a provoqué qu'un modeste enthousiasme à l'étranger.


Confronté depuis plus de trois mois à la crise des Gilets jaunes en France, Emmanuel Macron a, à l'approche des élections européennes, souhaité s'adresser aux citoyens des pays de l'Union européenne par une lettre publiée le 4 mars au soir dans plusieurs médias européens. Intitulée «Pour une Renaissance européenne», elle permet au président de se positionner comme un promoteur d'«une autre Europe», se montrant notamment favorable à «tous les changements nécessaires [...] sans tabou, pas même la révision des traités».


Le chef de l'Etat compte assurément sur cet important relais médiatique pour appuyer sa campagne européenne. Diffusé sur les réseaux sociaux dans les langues officielles des 28 Etats de l'Union européenne, le texte y a rencontré un succès assez mitigé. Si l'on excepte ses traductions italienne, anglaise, espagnole et allemande, le message d'Emmanuel Macron n'excède jamais les 500 retweets deux jours après avoir été publié. A titre de comparaison, son tweet de félicitations à l'élection de Macky Sall au Sénégal deux jours plus tôt avait été retweeté près de 1000 fois.


Le compte Twitter de l'Elysée n'a d'ailleurs à ce jour pu retweeter que trois réactions de dirigeants européens au texte publié par le président français : le président du gouvernement espagnol Pedro Sanchez, le Premier ministre finlandais Juha Sipilä et Peter Pellegrini, le Premier ministre slovaque.


Côté média, l'opération semble au moins porter ses fruits dans certaines rédactions européennes. Ainsi, outre-Rhin, le quotidien allemand Handelsblatt a applaudi un texte «débord[ant] d'idées intelligentes» : «Macron est de retour [...] S’adresser directement à tous les Européens, sans passer par les autres gouvernements [...] Personne n’a osé le faire avant lui», applaudit le quotidien.


Si d'autres journaux affichent le même enthousiasme, l'impact de la tribune du chef d'Etat semble globalement plus mitigé, lorsque celle-ci n'a pas purement et simplement été ignorée. «La lettre d'Emmanuel Macron aux Européens a été reléguée dans les tréfonds des colonnes opinions des journaux du continent», relève le magazine Marianne. Les médias européens se sont, pour la plupart, contenté de reprendre à l'unisson la même dépêche de l'agence de presse Reuters.


En Italie, Libération évoque un «silence radio» après la parution du texte, expliquant que la coalition gouvernementale a «ostensiblement décidé, pour l’instant, d’ignorer le président français». En Espagne, «l’essentiel des médias [ont] interprété l’initiative d’Emmanuel Macron comme une manière de sortir d’une crise interne», souligne également le quotidien français. «Le président français veut convaincre l’Europe lorsqu’il ne convainc pas en France», estime par exemple un éditorialiste du quotidien espagnol conservateur ABCAux Pays-Bas, le quotidien De Volkskrant estime pour sa part que «la faisabilité politique des projets d'[Emmanuel Macron] laiss[ait] à désirer».


Au lendemain de la diffusion de la tribune d'Emmanuel Macron, les réactions avaient en revanche été nombreuses dans la classe politique française. L'initiative du chef d'Etat français a-t-elle fait long feu auprès de ses destinataires ? Ou était-elle en réalité davantage adressée aux électeurs français qu'Emmanuel Macron, après un hiver plus que difficile, veut convaincre qu'il porte un discours audible sur la scène européenne ?



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