Steve Bannon en vedette américaine du congrès de «refondation» du FN

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Après Marion aux États-Unis, c'est maintenant Bannon en France

Le congrès du Front national s’est ouvert samedi avec, en vedette américaine, un des ex-conseillers de Donald Trump, le très conservateur Steve Bannon, avant que Marine Le Pen ne propose dimanche un nouveau nom pour cette formation française d’extrême droite afin d’en faire un parti de gouvernement.


«Il va nous expliquer que la victoire est possible», a expliqué samedi Sébastien Chenu, un des porte-parole du FN, interrogé sur la présence de Steve Bannon, personnalité américaine influente et controversée.


Incarnation de la droite américaine la plus dure, M. Bannon avait dirigé la fin de la campagne présidentielle de Donald Trump avant de devenir son conseiller à la Maison-Blanche.


Sa venue a été raillée par le chef de file du parti du président Emmanuel Macron, qui a estimé qu’avec Steve Bannon, «roi des Fake news et des suprémacistes blancs», le FN allait peut-être changer «de nom, mais pas de ligne politique».


Le fondateur du FN, Jean-Marie Le Pen, n’a pas été beaucoup plus amène, jugeant que cette visite «paradoxale» n’est «pas exactement la définition de la "dédiabolisation"» entamée dès 2011 par sa fille Marine Le Pen.


Jean-Marie Le Pen a renoncé à un dernier coup d’éclat et retiré sa menace de se rendre au congrès malgré la volonté des instances du parti de l’en interdire. Le patriarche, déjà exclu de la formation qu’il a créée, sera officiellement déchu de sa présidence d’honneur au cours du rassemblement du week-end.


Un parti «adulte»


Le congrès qui se réunit à Lille, dans le nord de la France, doit parachever la refondation du FN engagée par Marine Le Pen en vue des élections européennes l’an prochain où elle croit à une victoire des courants populistes comme en Italie.


«Le Front national est devenu adulte. (...) Il est passé d’un parti d’abord de protestation dans sa jeunesse, puis d’un parti d’opposition à un parti de gouvernement», a déclaré vendredi Mme Le Pen.


«Changer le nom, c’est une des manières de le faire savoir», a ajouté la finaliste de la présidentielle, battue par Emmanuel Macron après avoir engrangé un record de près de 11 millions de voix (33,9%) au second tour.


À l’entrée du Grand palais de Lille, Sarah Fert, une enseignante de 26 ans venue de Normandie (ouest), pense qu’il faut «repartir sur d’autres bases». «On sort d’une grande période électorale, il est temps de refédérer» le parti.


Le changement de nom a été validé par une «courte majorité» de militants, a affirmé Mme Le Pen, qui proposera dimanche une nouvelle appellation avant de la soumettre à un vote des militants.


Mais Jean-Marie Le Pen met en doute ce résultat et un cadre frontiste a dit avoir eu écho d’une «courte majorité "contre" le principe d’un changement de nom».


Pour le responsable des jeunes au FN, Gaëtan Dussausaye, il faut «ravaler sa fierté» et changer de nom car «la marque FN est encore un blocage pour les électeurs».


«Trou d’air»


Marine Le Pen, dont l’image s’est dégradée depuis la présidentielle selon de récents sondages, estime qu’il n’y a «rien d’étonnant» à subir «un trou d’air» après sept années d’«expansion» pour son parti.


Après son débat « raté » entre les deux tours face à Emmanuel Macron, certains militants se demandent si elle a encore la capacité à diriger sa formation.


Elle-même instille le doute, jurant qu’elle «n’a pas terminé (son) travail » mais qu’elle ne va pas « s’éterniser » à son poste et qu’elle est prête à le céder à quelqu’un de «mieux placé».


Depuis la présidentielle, elle a subi deux grandes défections : sur sa gauche, celle du souverainiste Florian Philippot, qui fustige un congrès «de liquidation», et sur sa droite, la mise en retrait de sa nièce Marion Maréchal-Le Pen.


Très appréciée dans le parti, l’ex-députée a fait un retour remarqué devant les ultraconservateurs américains le mois dernier, mais n’est pas attendue à Lille. Steve Bannon l’a qualifiée en 2016 de « nouvelle étoile montante » de l’extrême droite.