ÉLECTIONS FÉDÉRALES 2021

Sondages et prévisions électorales fédérales, 10 août 2021

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Sondages : Trudeau est en avance

Les sondages indiquent que Libéraux (PLC) de Justin Trudeau sont en terrain majoritaire. Rappelons qu’il faut plus de 169 sièges aux Communes pour former un gouvernement majoritaire. Les libéraux ont bien fait les sondages au cours de la dernière année, profitant pleinement de la pandémie comme de nombreux autres partis au pouvoir dans le monde. Cependant, l’avance actuelle est nettement inférieure à ce qu’elle était au printemps 2020. C’est encore suffisant pour être actuellement projeté avec une majorité, mais le nombre de sièges (181) pourrait donner une fausse idée de la sécurité de cette majorité.  


La probabilité que le PLC remporte au moins 170 sièges est de 70 %. Cela peut paraître une avance importante. Mais cette avance peut se réduire de deux façons : en perdant son avance sur le Bloc québécois (BQ) au Québec (environ 10 points actuellement) ou celle qu’il a sur le Parti conservateur du Canada (PCC) en Ontario (là encore environ 10 points). Si le PCC devait grimper en Ontario ou le BQ au Québec, atteindre le chiffre décisif de 170 deviendrait bien moins assuré.


L’élément le plus important est peut-être que les conservateurs n’ont pas vraiment la chance de former le prochain gouvernement, du moins pas en ce moment. Le site Too close to call établit chances à 2 % de gagner une pluralité (ce qui pourrait ne pas être suffisant pour qu’Erin O’Toole devienne le Premier ministre) et leurs chances d’une majorité à un solide 0 %. Cela n’a rien d’étonnant : le PCC a décidé d’adopter une ligne centriste en expulsant les éléments conservateurs sociaux (Sondage toujours en baisse pour Erin O’Toole après son recentrage et l’élimination de Derek Sloan) et il n’ose pas aborder franchement les questions identitaires. La stratégie du PCC manque singulièrement d’ambition : l’annonce d’un centre agronomique sur l’autosuffisance alimentaire à Saint-Hyacinthe s’il est porté au pouvoir, de vagues promesses faites uniquement en français sur davantage de pouvoirs concédés au Québec. Tant qu’elles ne sont pas répétées avec autant de force en anglais pourquoi y croire ? Bref, Erin O’Toole : sourd à sa droite conservatrice, son parti cède encore du terrain à l’issue de son congrès (sondage).


Le Bloc québécois est en baisse dans les sondages par rapport à son résultat en 2019. De peu (environ 4 à 5 points), mais, couplé à la progression des Libéraux (en hausse justement de 4-5 points), cela crée des gains importants pour le PLC dans des circonscriptions comme Abitibi--Baie-James, Rivière-des-Mille-Îles, Thérèse-de-Blainville ou encore Montarville. Le PLC se retrouve à 44 sièges (progression de 9) et le Bloc à 22 (perte de 10). Les modèles partent du principe que Ruth Ellen Brosseau se représentera dans Berthier-Maskinongé pour le NPD. Mais c’est peu probable, ce siège devrait alors revenir au Bloc.


Les sondages ne semblent pas s’entendre sur la popularité du Bloc. Alors que Nanos prédit toujours ce parti très bas (25 % et moins), d’autres l’ont bien au-dessus des 30 %. Le Bloc et son chef Blanchet peuvent rivaliser avec la couverture médiatique que se crée Trudeau hors campagne électorale (merci Covid et le pouvoir de dépenser du gouvernement). Toutefois, ceci devrait changer une fois la campagne électorale déclarée. Il est probable que les intentions de vote pour le BQ se retrouvent proches des résultats de 2019.


De manière plus générale, le Bloc est un peu un parti de gauche (son programme, ses députés), mais avec un électorat de droite (plus masculin, plus âgé et avec moins de diplômés universitaires). Sur bien des enjeux, on voit que les électorats Bloc et PCC se rejoignent (ne pas aimer Trudeau par exemple ou si l’on regarde les 2e choix). Son électorat est le plus à droite (et davantage susceptible de voter PCC) que les électorats du PLC ou NPD.  


Notons que la plupart des maisons de sondage ne semblent pas s’intéresser poser les bonnes questions aux sondés, ni Innovative ni AngusReid ne semblent poser régulièrement des questions sur l’immigration, l’identité du pays, la politique familiale, la liberté de choix en éducation : les questions posées sont souvent celles qui distinguent la gauche canadienne : l’« urgence climatique », la réconciliation avec les autochtones, l’inégalité de revenus, etc. Voici, par exemple, les questions posées récemment par Angus Reid :



Pourtant quand on pose la question aux Canadiens, seuls 17 % d’entre eux sont d’accord avec l’importation de 1,2 million d’immigrants en 3 ans (la cible du gouvernement fédéral canadien…) Peut-être faut-il rappeler que les sondages ne servent pas uniquement à prendre le pouls d’une population, mais que la publication de sondages sélectifs sert à former l’opinion de la population.