Mes chères contrariennes, mes chers contrariens !
Messieurs les Allemands, sortez les premiers !
C’est le titre d’un article que j’avais publié le 8 décembre 2011. Je ne retire avec le temps et 3 ans plus tard aucun des éléments que j’y avance et je confirme cette analyse en tout point. Disons que tous les problèmes de l’euro perdurent et sont encore là. Rien n’a été réglé depuis 2011. Nous avons juste acheté du temps. Reste l’essentiel, nous approchons à nouveau d’une période de doutes existentiels. Ces doutes il y aura deux façons de les affronter et peut-être trois.
La première sera le grand « sot » fédéral auquel je ne crois pas, tant les divergences sont profondes à savoir une fiscalité commune, une émission de dette commune, un gouvernement commun et l’utilisation tous en cœur de la planche à billets et une bonne dose de monétisation. C’est possible mais fort peu probable et, au bout du compte, les Allemands seraient ruinés par les cigales du Sud et notre monnaie finirait comme le yen japonais. Une mort lente et douce certes, mais une mort tout de même.
La deuxième serait « l’explosion » de la zone et le retour aux monnaies nationales. Ce ne serait pas la solution politiquement et économiquement la plus efficace et la plus élégante. Le mieux, comme je le disais dès 2011, serait en réalité une sortie de l’euro de l’Allemagne et la conservation de l’euro pour les pays du Sud dont la France ce qui permettrait d’avoir un choc de dévaluation plus modéré.
La troisième façon d’affronter ces doutes serait de ne rien faire comme depuis 7 ans et le début de la crise mais de parler pour ne rien dire comme sait le faire Mario Draghi qui nous explique à l’envi qu’il fera tout ce qu’il faut pour sauver la zone euro et que ce sera assez… Sauf que cette fois-ci, le bluff risque de ne pas prendre.
Revenons rapidement sur cet article de 2011
« « Messieurs les Anglais, tirez les premiers. » C’est lors de l’épisode de la bataille de Fontenoy (en 1745) que ce mot fameux aurait été prononcé.
Dans notre Europe moderne, nous avons su depuis quelques décennies faire taire les armes et les canons. C’est bien sûr le principal succès de l’Union européenne. C’est d’ailleurs ce succès et cette connaissance historique partagée par tous des affres des guerres ayant ravagé notre continent pendant des siècles qui rend, dans l’esprit de tous, indépassable l’idée de construction européenne.
Pourtant, pourtant, l’année 2012 pourrait être celle où l’ensemble des européens demandera à nos amis allemands de sortir les premiers de l’euro.
L’euro est une construction politique. Pas économique.
La monnaie unique a été créée et pensée il y a presque vingt ans. À l’époque, et c’est important de le rappeler, le Mur de Berlin vient de s’effondrer. La France, inquiète, voit poindre le danger d’une grande Allemagne réunifiée. François Mitterrand, alors président de la République, reste avant tout un homme de la Seconde Guerre mondiale. Il n’aura de cesse d’arrimer l’Allemagne à la France, à moins que ce ne soit le contraire, afin de rendre le destin de nos deux nations indissociable. La monnaie unique est un peu comme une corde reliant plusieurs alpinistes mais qui ne pourrait pas être coupée en cas d’accident. Dès lors, si l’un des membres de l’euro tombe, toute la cordée sera entraînée dans la chute.
L’euro est une monnaie économiquement allemande mais de construction politique française.
Le Président Mitterrand a donc négocié l’aide et le soutien de la France à la réunification Allemande contre l’adhésion de l’Allemagne à l’euro en échange de quelques critères de bonne gestion financière (les célèbres critères de Maastricht) oubliés par tous (y compris nos camarades allemands) depuis bien longtemps. Il ne faut pas oublier la décision politique prise à ce moment-là par le Chancelier allemand de l’époque, Helmut Kohl. Ce dernier a décidé de convertir la monnaie des allemands de l’Est au prix de la monnaie de l’Ouest. En clair, un Deutsche Mark (RFA-ouest) valait un Ost Mark (RDA-est). L’Allemagne n’avait pas l’argent nécessaire bien sûr pour convertir cette masse monétaire nouvelle sur la base de 1 pour 1. Une telle conversion n’avait d’ailleurs aucun sens économique. L’Ost Mark valait plutôt dix fois moins d’un Deutsche Mark. Là encore, l’idée était politique. Il s’agissait d’affirmer la réunification du peuple allemand, et qu’un Allemand de l’Ouest « valait » un Allemand de l’Est.
N’oublions pas qu’hier comme aujourd’hui, les Allemands ont toujours refusé la notion de monétisation. Les Allemands n’ont pas imprimé les Deutsche Mark nécessaires. Ils les ont empruntés sur les marchés. Ce faisant, ils ont asséché le marché monétaire, provoqué une hausse massive des taux d’intérêt, à l’origine de la récession et de la crise économique des années 90 à 95. Nous avons tous payé le prix de la réunification allemande en Europe et particulièrement la France. Mais l’adhésion de l’Allemagne à l’euro était à ce prix. »
Le plan secret d’Angela Merkel pour revenir au Deutsche Mark
C’est le titre de cet article qui nous vient d’Italie et dont je vous ai indiqué le lien source en bas de page. Je vous livre ici ma traduction des points essentiels et à retenir de cet article.
« Selon ce plan, Berlin pense à se déconnecter de la monnaie unique avant qu’il ne soit trop tard en raison de plusieurs éléments.
Il y aurait d’abord la décision de la France de ne pas respecter la contrainte de 3 % de déficit publics et les difficultés à maintenir les politiques d’austérité et de rigueur imposées par les traités de l’UE dans la zone euro et enfin le désir d’Angela Merkel de mettre fin à cette aventure monétaire devenue plus que douteuse et douloureuse pour tout le monde.
Non seulement cette hypothèse circule à Berlin dans les milieux politiques liés au parti chrétien-démocrate de la chancelière mais en plus les plans seraient déjà bien établis. En cas d’effondrement soudain de l’euro (je reviendrai d’ailleurs demain sur ce sujet dans un édito consacré à « l’attaque de Noël » sur l’euro), l’Allemagne se prépare pour un retour offensif à son cher vieux Deutsche Mark…
C’est un plan que la chancelière Angela Merkel serait en train de finaliser dans les détails. Les autorités allemandes nient officiellement tout (NDLR ils ne peuvent en aucun cas dire l’inverse « bien sûr, bien sûr, on se prépare à l’effondrement de l’euro et au retour au Mark, mais dormez tranquille tout va bien se passer »… ce serait la panique assurée).
Mais selon certaines rumeurs circulant constamment non seulement en Allemagne mais aussi à Bruxelles, dans les rangs de la CDU, le parti de Mme Merkel serait bel et bien en train de se préparer pour l’effondrement de la monnaie unique. Une telle sortie évidemment ne peut être totalement improvisée !
Dans un tel scénario, semi-apocalyptique, le Mark recommencerait à circuler dans les poches des citoyens et dans les banques allemandes très rapidement pour ne pas dire presque instantanément (NDLR d’après de nombreuses rumeurs sérieuses, mais n’en ayant jamais eu en main je ne peux que les qualifier de « rumeurs », les nouveaux marks en particulier les billets auraient déjà été imprimés dès 2011). »
Voilà pour l’essentiel de cet article italien.
L’euro n’a aucun avenir
L’euro, encore une fois, n’a aucun avenir et il ne s’agit pas là d’idéologie mais de faits. Les faits sont têtus et les faits sont froids. L’euro ne fonctionne pas, ou en tout cas très mal, et sur ce point, toute personne objective sera d’accord. Dès lors se pose la question de comment faire pour « réparer » l’euro et qu’il marche bien. Vous aurez d’un côté ceux qui pensent que la seule façon d’avoir une monnaie unique réellement opérationnelle sera, comme je le disais en introduction, le grand saut fédéral et c’est d’ailleurs toujours la même et unique solution avancée. « Ce grand « sot » fédéral est-il possible ? » est donc la question logique à se poser après. Ma réponse est non. Pourquoi ? Tout simplement parce que, encore une fois, les intérêts économiques, politiques, géopolitiques ou encore démographiques sont trop divergents. Parce que le Luxembourg ne vit qu’en ruinant les autres et en siphonnant les rentrées fiscales de pays comme la France, parce que l’Irlande ne doit sa survie qu’à la même chose et des politiques de taux d’imposition sur les entreprises très bas, parce qu’il n’y a pas de salaire minimum unique en Europe, parce qu’en réalité il n’y a qu’une convergence économique de façade mais dans la réalité des divergences de fond et irréconciliables à tous les niveaux, et je vous passe les immenses différences de culture entre par exemple la rigueur financière allemande et le côté artistique de la gestion des finances publiques françaises…
Conséquence logique de cette petite démonstration : si le saut fédéral n’est pas possible à court et moyen terme (et il ne l’est manifestement pas), une grande attaque d’envergure sur les marchés devra forcer les dirigeants européens à faire des choix. Le choix du plus d’euro ou du moins d’euro. Si les États-Unis d’Europe sont impossibles alors ce sera le retour aux monnaies nationales.
Encore une fois, et comme je le disais dès 2011, la sagesse économique, la stabilité sociale et l’intelligence politique voudraient que l’Allemagne sorte de l’euro pour laisser l’euro aux autres. Cette solution permettrait de retrouver un fonctionnement non pas parfait mais plus optimal et surtout le choc serait moins violent ainsi que plus facilement absorbé par les économies du sud de l’Europe, dont notre pays. Ce serait une première étape vers le détricotage de l’euro car il se posera pour la France très rapidement les mêmes problèmes avec les pays qui seront restés dans l’euro. Mais sans doute que cela permettrait d’initier un processus de sortie de l’euro en relativement bon ordre plutôt que de plonger dans le chaos de l’inconnu et des incertitudes.
J’espère que vous commencez à comprendre pourquoi il est déjà trop tard, préparez-vous.
À demain… si vous le voulez bien !!
Charles SANNAT
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