Sanctions Russes : le TGV Moscou-Kazan échappera à Alstom

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Les arroseurs arrosés

L’escalade dans les sanctions entre l’Occident et la Russie vient de faire une nouvelle victime, la compagnie française Alstom qui était très bien placée pour construire le TGV Moscou-Kazan qui devait mettre la dynamique capitale du Tatarstan à 3h30 de Moscou au lieu de 11 h actuellement (pour 770 km).
Selon des sources russes et des revues confidentielles françaises, le pouvoir russe a fait comprendre à Alstom qu’il ne fallait plus compter sur ce grand chantier qui compte parmi les grands projets d’infrastructures de Poutine, à égalité avec le nouveau pont vers la Crimée, la construction d’un grand port en eau profonde à Taman’, d’un nouveau pont sur la Lena à Irkoutsk ou la modernisation et l’ouverture aux voyageurs de deux ceintures ferroviaires concentriques autour de Moscou et de sa région.
Maigre consolation pour l’entreprise française : son concurrent allemand Siemens n’y aura pas droit non plus, pour les mêmes raisons. Ce serait China Railway Corporation qui emporterait le marché. L’entreprise construit d’ores et déjà des lignes à grande vitesse et/ou classiques partout dans le monde, dont beaucoup sont des prouesses technologiques. Le chantier devrait voir la Russie investir 10 à 15 milliards de dollars et les chinois 8, avec une option de prolongation vers l’est de cet axe vital et surencombré.
La seule chose qui pourrait plomber les chinois, c’est l’importante dette de la compagnie (2660 milliards de yuans, soit 430 milliards de dollars) causée par la conjonction d’emprunts massifs pour financer… l’expansion record du réseau à grande vitesse chinois et le maintien de tarifs fret et voyageurs très bon marché imposé par l’Etat pour préserver les faibles charges des entreprises chinoises. Cela dit, les Etats-Unis traînent eux aussi une dette énorme (bien plus grosse que celle de la compagnie chinoise) ce qui ne les empêche pas de faire la guerre partout et d’être la première puissance mondiale.
Les sanctions contre la Russie : une inutile idée qui pénalise l’emploi et l’économie de l’Europe
Rappelons que les fameuses « sanctions russes » qui font tempêter nos agriculteurs et industriels ont été prises par la Russie en réponse aux sanctions de l’UE, des USA, du Canada, de l’Australie, du Japon, de la Suisse et de la Norvège contre ses secteurs économiques, militaires et financiers.
Elles n’ont pas empêché la Russie de se ravitailler ni de gagner des positions diplomatiques, notamment en Asie, en Amérique du Sud ou en Afrique. En l’espace de quelques mois, la Russie s’est réconciliée avec Cuba, a donné un nouvel élan dans ses relations avec le Brésil, la Turquie et la Chine, s’est assurée l’accès exclusif à des ressources naturelles d’Argentine ou du Zimbabwe. Pendant ce temps, le pouvoir russe jouit d’une popularité générale et incontestée à l’intérieur. Bref, Poutine gagne sur tous les tableaux.
Pendant ce temps, les américains se frottent les mains. L’économie européenne est arrêtée, puisque coupée du marché russe, donc bientôt les entreprises d’UE n’auront d’autre choix que de rejoindre le GMT (TAFTA) ou Traité Transatlantique, dans l’espoir d’accéder au marché nord-américain. Le but étant pour les capitalistes américains de finir de les avaler, de récupérer savoirs, machines et brevets, et de démanteler tout le reste. Bref, avec l’assentiment d’élites achetées, déracinées ou inconscientes, finir de transformer l’Europe en morne « société post-industrielle » promise au chômage de masse, à la corruption et à la nostalgie malsaine de la grandeur de jadis.
Même le moteur de l’UE, l’Allemagne, est en panne, avec une croissance « négative » pas plus glorieuse que celle de la France. Et pour cause : les exportations, notamment industrielles, vers la Russie, ont chuté de 15% dans un climat économique global très morose, et ce recul de l’industrie impacte directement la croissance.
Sanctions russes : en Finlande, le chômage explose
Plus au nord, en Finlande, l’heure est grave. Depuis le déclin de Nokia, l’homme fort du pays, c’est Valio Group, un conglomérat qui fabrique des produits laitiers et réalisait avant les sanctions russes 49% de son CA en exportant sa production en Russie. Près de quinze usines, des dizaines de fermes, 30.000 employés répartis dans tout le pays. C’est dire si l’enjeu est important pour cette entreprise qui en août a décidé d’envoyer 800 personnes en chômage technique et de ne pas renouveler les missions de 126 intérimaires.Valio s’apprête maintenant à faire un nouveau plan social. Et ce n’est que l’une des 600 entreprises finlandaises qui travaille avec la Russie- 60.000 finnois vivent de ce marché. A cause des sanctions, les observateurs avertis s’attendent d’ores et déjà à une explosion du chômage qui pourrait passer de 8 à 10% des actifs de ce pays scandinave. Une image symbolique de la catastrophe que représente l’escalade dans les sanctions pour l’UE.
LOUIS-BENOIT GREFFE
http://www.politicvisio.com/n31-france/article-sanctions-russes-le-tgv-moscou-kazan-echappera-a-alstom.html?id=11508&_ga=1.77133522.65181251.1412474186


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