Un Français qui se veut authentiquement patriote ne peut pas être favorable au régime républicain. En aucun cas. Car la République, c’est le règne de l’Étranger. Pour le dire autrement, en se servant d’un terme plus soutenu, la République est dans son essence une « xénocratie ».
Son caractère démocratique, pourtant, tendrait à lui conférer une coloration nationale, puisque c’est le peuple français qui formellement décide, par le truchement des élections. Mais l’Or, image utilisée au fond par Charles Maurras pour désigner la City (puis Wall Street) – à laquelle est subordonnée la bourse de Paris – conditionne l’opinion publique en achetant la presse ; on trouve notamment cette analyse dans L’Avenir de l’intelligence.
Son meilleur ami Frédéric Amouretti, lui aussi de souche provençale, eut pour maître l’éminent historien du Second Empire Numa-Denys Fustel de Coulanges, qui eu l’auguste tâche d’enseigner l’histoire de France à l’Impératrice Eugénie.
À travers ses travaux consacrés à l’Antiquité grecque et à l’Ancien régime, il en arriva à la conclusion qu’idéalement la Monarchie se combine avec la démocratie tandis que la République se combine avec l’aristocratie (forme de l’oligarchie où le petit nombre qui gouverne jouit d’un immense prestige aux yeux des gouvernés, lesquels considèrent donc comme légitime leur statut supérieur, qui se fonde sur un mérite)1.
D’où ces grandioses épopées que furent la Royauté française et ses États généraux régulièrement réunis, ainsi que la Républiques des Doges de Venise, qui fut une véritable thalassocratie extrêmement prospère, tenant tête à l’« ogre » turc qui s’était mis en tête d’avaler l’Europe, pour reprendre l’expression de Gustave Thibon lors de son débat avec Alain de Benoist.
Ainsi c’est pourquoi la République démocratique « française » est dysfonctionnelle, qu’elle est traversée par de nombreuses crises, en un mot qu’elle est instable. La première à avoir réussi dans la durée, la IIIe, en dépit des secousses des débuts – notamment l’épisode boulangiste ou l’Affaire Dreyfus –, s’est terminée d’une façon qui illustre son caractère xénocratique.
Alors que le rouleau compresseur germanique fonçait sur Paris, le président du Conseil Paul Reynaud eut l’idée saugrenue de nommer comme maire de Paris William Bullitt, qui occupait la fonction d’ambassadeur des États-Unis… il en fut tout ébaubi !2
Une transmission des pouvoirs de cette nature était sans précédent, et seule la République dite française pouvait être à l’origine d’une telle invention. Ce fait attestait de la clairvoyance du Kiel et Tanger de Charles Maurras, où est mise en évidence la réalité de l’imperium exercé par les Anglo-Saxons sur la France républicaine dans le cadre d’une « alliance » qui s’avère une relation asymétrique, de seigneur à vassal.
À l’heure où les yeux de la planète sont rivés sur Londres qui célèbre sa défunte reine feue Elisabeth II, ayons en tête cette idée que, si présentement le Prince Jean n’est pas assis sur le trône, c’est en grande partie à cause de la Couronne d’Angleterre.
1Dans une biographie de l’historien, un certain Paul Guiraud restitue ainsi sa pensée en la matière : « d’après lui la République n’est compatible qu’avec l’aristocratie, tandis que la démocratie s’accommode aisément de la Monarchie. »
2 « C’est à lui, et non au préfet de police, Roger Lanferon, ni au gouverneur militaire de la capitale, le général Héring, pas plus qu’au président du conseil municipal Louis Peuch […], qu’il a donc demandé de négocier avec les Allemands les modalités de leur installation dans Paris. Flatté autant qu’abasourdi, Bullitt a donné le meilleur de lui-même », Éric Branca, L’Ami américain Washington contre de Gaulle 1940-1969, Paris, Perrin, 2022, p. 35.
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