La durée d’installation au Québec ou la date d’arrivée des immigrants ou encore le nombre de générations pour obtenir le statut de « Québécois » tout court? Par Doudou SOW*
La date d’installation d’une personne immigrante joue-t-elle sur le fait qu’on puisse penser que cette personne soit moins québécoise que les autres? Le premier ministre, Jean Charest, dans son discours d’ouverture à l’Assemblée nationale du 9 mai 2007 en faisant référence aux accommodements raisonnables et aux questionnements identitaires qui avaient prévalu lors de l’élection provinciale québécoise de 2007, disait ceci : « Je suis né à Sherbrooke. Je suis à demi Irlandais; je le suis de par ma mère, dont le souvenir m’émeut à chaque jour. Est-ce que je suis moins Québécois pour autant? Bien sûr que non. Est-ce que quelqu’un né au Québec mais prénommé Mustapha ou Helena serait moins Québécois que vous et moi? On ne peut dresser de telles barrières entre nous. » Le chef du Parti libéral du Québec et premier ministre du Québec, depuis 2003, envoie ainsi un message très fort dans le contexte d’un gouvernement minoritaire.
Toujours dans cette perspective, le premier ministre, Jean Charest, dans son discours d’ouverture avançait une idée fort intéressante: « Le Québec n’est jamais aussi grand que lorsqu’il ouvre ses bras.» Tendre la main aux autres est signe d’avancement selon le premier ministre: une des raisons pour lesquelles les immigrants ont choisi également le Québec.
Amir Khadir, coporte-parole de Québec solidaire, un parti de gauche, avait bien raison de rappeler, le 25 août dernier, les propos de René Levesque, celui qui a profondément marqué l’histoire politique québécoise, dans le cadre du grand rassemblement familial sur le thème de la souveraineté au Marché Maisonneuve à Montréal qui a réuni un millier de personnes. Est Québécois celui qui habite au Québec pour paraphraser René Lévesque . En plus du critère géographique et du droit du sol pour être Québécois, il est important de rajouter le critère d’appartenance à cette société et la fierté de faire partie de ce peuple. Cela suppose que l’immigrant doit aller vers l’autre mais la société d’accueil aussi doit s’ouvrir. L’interculturalisme comme idéologie ou doctrine et l’interculturalité comme philosophie et mode de vie et d’action s’appuient sur la langue française; le noyau de la culture québécoise.
La personne immigrante qui vit dans la société québécoise depuis un certain temps doit sentir qu’elle appartient à cette dernière et éprouver envers elle un sentiment d’appartenance et d’attachement. Babakar-Pierre Touré, directeur général du Service d’orientation et d’intégration des immigrants au travail de Québec (SOIIT) qui répondait à la question Qu’est-ce qu’être NOIR à Québec ?du mensuel indépendant d’information et d’opinion, Les Immigrants de la Capitale, (février 2008, page 12) disait ceci : « Il faut que les gens se prennent en main aussi de leur côté, pour se battre. Quand je suis arrivé à Québec [la capitale nationale] (depuis 1970), il y avait une vingtaine de Noirs. Et ce n’était pas facile de se faire accepter. C’est pour cela que je dis qu’en effet, il faut prendre sa place au lieu de penser qu’il faut être accepté. Nous avons tous eu à nous battre pour intégrer cette société-là. »
Le journaliste de profession qui a travaillé à la Presse canadienne, à Radio-Canada International et au Service de presse des Nations Unies incite donc les minorités visibles à prendre leur place dans la société québécoise.
Le besoin de se définir peut exister chez les enfants nés au Québec. Cela peut dépendre du degré d’appartenance de leurs parents. Si les parents de la première génération ont vécu des situations difficiles, les enfants pourraient ressentir certaines frustrations en voyant leurs parents être marginalisés par la société d’accueil. Mais l’identité de l’individu, même si elle prend sa source dans l’éducation des parents, doit évoluer en fonction du parcours de vie de l’individu dans la société. Loin d’être statique, elle s’enrichit de l’expérience de vie des uns et des autres.
Devenir Québécois peut également se mesurer par la participation aux coutumes et fêtes (Halloween et Noël) qui font partie du patrimoine culturel .
Pour lire l’intégralité du texte, cliquer sur le lien ci-dessous :
http://doudousow.wordpress.com/2012/08/28/la-duree-dinstallation-au-quebec-ou-la-date-darrivee-des-immigrants-ou-encore-le-nombre-de-generations-pour-obtenir-le-statut-de-quebecois-tout-court-par-doudou-sow/
Pour développer le sentiment d’appartenance des personnes immigrantes à la société québécoise, il demeure évident que la question de l’emploi constitue un paramètre incontournable.
***
L’auteur est sociologue-blogueur et conférencier. Il est aussi auteur du livre « Intégration professionnelle des personnes immigrantes et identité québécoise : une réflexion sociologique » qui paraîtra en février 2013. Ce texte est extrait du prochain livre cité-ci-dessus.
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Tribune libre
Doudou Sow26 articles
Sociologue de formation, spécialisé en Travail et organisations, l’auteur
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3 commentaires
Archives de Vigile Répondre
29 août 2012Étant très proche de la communauté viêtnamienne, j’ai tenté depuis longtemps de leur expliquer pourquoi nous voulions devenir indépendants. J’ai renoncé car le message bloque, il ne passe pas même si cette communauté est une de celles qui s’intègrent le mieux au Québec. En dernier ressort, je leur disais que le jour où le Québec proclamera son indépendance, ce jour là, nous serons tous des citoyens de souche, peu importe la religion, la couleur de peau ou le pays d’origine.
En cette période préélectorale déplorable où les mensonges ce cèdent la place qu’aux bêtises, M. Doudou Sau, vous posez d’excellentes questions qui font réfléchir. Merci de l’avoir fait.
Ivan Parent
Jean-Louis Pérez-Martel Répondre
29 août 2012Monsieur Sow,
Habitant au Québec depuis 46 ans, descendant de la dynastie carolingienne de Martel, marié avec une Canadienne française depuis 43 ans, militant pour un Québec indépendant dès mon arrivée, impliqué à la promotion sportive de compétition professionnelle et créant des centaines d’emplois dans l’industrie aéronautique ainsi que dans le secteur du Contrôle de la Qualité totale…, cependant je ne me suis jamais senti QUÉBÉCOIS. Cet euphémisme est une échappatoire politique visant à amalgamer une société divisée en une multitude de groupes ethniques divergents entre eux, résultant par cette atomisation un Québec sociopolitique et culturel balkanisé.
Un État qui se constitue par des divisions politiques, ethnolinguistiques et surtout par des origines religieuses et historiques exogènes à la majorité qui a construit cette entité nationale, ne pourra jamais sauvegarder son unité ethnoculturelle, l’unique structure sociale de POUVOIR politique capable d’assurer une dimension de cohésion nationale indispensable à son devenir collectif.
En d’autres mots, jamais je ne me considérerai sujet QUÉBÉCOIS par respect à la majorité qui m’a accueilli avec tant de générosité et de respect, mais plutôt comme étant un citoyen philo-canadien-français résolument engagé afin de coopérer, au maximum de mes possibilités, à la réalisation de l’indépendance du Québec.
Le sondage suivant apparu aujourd’hui à Cyberpresse témoigne de cette balkanisation politique du Québec. Toutefois, cette division n’a pas encore pris l’ampleur sidérale qui nous attend dans un futur non lointain, en raison de l’actuel mode de scrutin uninominal qui prévaut :
Question du jour (29-08-2012)
Pas moins de 20 partis politiques sont inscrits pour les élections du 4 septembre, deux fois plus qu'il y a quatre ans. Cette multiplication est-elle une bonne chose?
OUI .............. 25%
NON .............. 69%
Je ne sais pas .... 6%
Nombre de votes : 12 019
***
JLPM
_______________________
Note. Selon le Directeur Général des Élections, les candidats enregistrés pour le scrutin du 4 septembre prochain sont au nombre de 911. Un chiffre qui révèle bien la division socio-idéologique de ce Québec entré dans la dynamique du multiculturalisme depuis les années 1980.
Serge Jean Répondre
29 août 2012L' Halloween ne fait pas partie du patrimoine culturel des québécois, du moins ceux de l'est. Ici à l'est c'était, le mardi gras, et la mi-carême. Quand j'étais flot, lorsqu'on se déguisait pour aller à la cueillette de bonbons,cela arrivait deux fois par année, soit à l'automne et au printemps, le mardi gras et à la mi-carême qui sont encore fêtés à l'Île aux Coudres et quelques rares autres endroits au Québec. L'Hallowen est d'origine anglo-saxonne et s'est imposée graduellement ici par le commerce.D'ailleurs c'est assez évident.
Jean