Quand l’actualité politique ne chôme pas…

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L'actualité politique sera bientôt la seule à ne pas chômer

Été ou pas, force est de constater que pendant mes deux premières courtes semaines de pause, l’actualité politique n’a pas chômé.
Toute une brochette. Aussi disparate soit-elle. Du plus trivial au plus répétitif, en passant par le plus inquiétant et le plus décourageant…
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Des policiers déguisés en Patch Adams
Des policiers habillés en Patch Adams pour attirer l’attention sur le bras-de-fer musclé qui se dessine déjà autour des régimes de pensions des employés municipaux à travers le Québec.
Derrière ces «moyens de pression» qui font rager les uns et rire les autres, se cachent toutefois quelques enjeux de taille.
Primo : pour ou contre les généreux fonds de pension en question, un État doit-il revenir sur sa propre signature au nom d’une mauvaise gestion passée des deniers publics par certaines dministrations municipales successives? Essentiellement, celles de Montréal et de Québec?
Secundo : vers quel type de société se dirige-t-on au Québec avec une population vieillissante mais dont la majorité est condamnée à vivre sa «retraite» à divers degrés de pauvreté? Bravo à tous les gouvernements, provinciaux et fédéraux qui, le sachant depuis longtemps, ont tous fait semblant de ne rien voir venir.
Tertio : après avoir allumé en toute impunité un «feu» devant l’Hôtel de Ville de Montréal et se promenant maintenant, comme d’autres employés municipaux, déguisés en plaisanciers de la fonction publique, quelle sera la crédibilité du SPVM la prochaine fois que des policiers prendront des manifestants parfaitement pacifiques en souricière pour les empêcher de s’exprimer, le tout avant de les affubler de contraventions dépassant les 600$ chacune?
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Quand même les morts font peur
Tenez donc. Stephen Harper, expert émérite en révisionnisme historique, se fait blâmer quatre ans après coup (!) pour avoir délogé le nom de Thérèse Casgrain d’un certain Prix du bénévolat pour y substituer celui du titre de «premier ministre».
Or, si comme le rappelle si bien ce matin mon collègue Jean-François Nadeau du Devoir, la feuille de route politique de l’éminente activiste n’est pas qu’un jardin de roses et qu’au Québec, l’amnésie collective et étatique ne nous manque pas non plus, il reste néanmoins ceci.
Quand même le simple nom de certains morts fait peur à un premier ministre ultraconservateur pour des raisons bassement idéologiques, que reste-t-il à ajouter?
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Les bondieuseries d’un faux naïf
Un ancien maire de Montréal, déchu avec raison, qui, en entrevue de fort mauvais goût à Radio Ville-Marie, se noyait dans ses bondieuseries mièvres et primaires en se disant, à nouveau, une pauvre «victime» «trahie» par son entourage.
Gérald Tremblay passera à l’histoire comme un maire pitoyable. Un «faux naïf» aux airs niais de chevreuil épeuré mais qui – question de prendre et de rester au pouvoir -, n’avait pas hésité à s’entourer de personnages politiques louches aux relations tentaculaires allant jusqu’au crime organisé. Que cet homme ne se soit pas encore excusé publiquement pour tout l’argent volé aux Montréalais sous son régime n’étonne guère dans son cas.
Son entrevue estivale aux airs de faux confessionnal illustre à merveille le vieil adage voulant que si la parole est d’argent, le silence, lui, est d’or.
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Le Boulet
Dans la catégorie «c’est pas parce qu’on rit que c’est drôle»: l’annonce prévisible du ministre actuel de l’Éducation à l’effet qu’il ne remboursera qu’une partie de sa généreuse «prime incitative» de 215 000$ collectée alors que dans l’opposition, il ramassait plus de 1 500 patients «orphelins» de médecin de famille. Et ce, pour les abandonner dès après l’élection générale de cette année.
Et tant qu’à rire des Québécois, il ajoute même qu’il en donnera une partie à des organismes de charité sans réclamer, il va sans dire, le crédit d’impôt qui l’aurait accompagné. Cela fera sûrement une bien belle jambe aux contribuables.
Tout a été dit sur le «cas» Bolduc. J’y ai consacré moi-même quelques billets et chroniques d’analyse.
Ma conclusion demeure la même : la banalisation initiale de cette affaire par le premier ministre lui-même, combinée à ce remboursement aussi partiel que ridicule, fera inévitablement d’Yves Bolduc le «Boulet» du gouvernement Couillard – avec un «B» majuscule – dans le département pourtant fort sensible de l’éthique. Et ce, au moment même où le gouvernement s’apprête à sortir sa hache pour de nouvelles compressions. Bonne chance, messieurs.
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Une cimenterie coulée dans le béton
Comment ne pas mentionner le projet de cimenterie de Port-Daniel? Controversé et nécessitant près d’un demi-milliard de fonds publics, les libéraux ont néanmoins acheté l’erreur du gouvernement péquiste précédent.
On a beau l’annoncer en plus comme le projet le plus polluant de l’histoire du Québec, tel que le rapportait le Journal de Montréal, rien n’y fait. Les fonds publics couleront à flots et aucune étude du Bureau d’audiences publiques en environnement (BAPE) ne sera faite.
Catégorie «plus ça change» au Québec…
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Le monde «ordinaire»
Quelques mots à peine sur le procès de l’ex-lieutenante gouverneure du Québec, la véritablement clownesque Lise Thibault. C’est pour près de 700 000$ en dépenses personnelles alléguées non justifiées que la «vice-reine» devient pour les contribuables la reine du vice – celui de la cupidité.
Selon ses dires, la dame ne pouvait tout simplement pas faire comme les «gens ordinaires». Dommage, parce que ce sont eux qui ont payé pour son train de vie royal pendant toutes ces années.
Il manque toutefois du monde clé dans ce procès: les gouvernements qui, eux, ont fermé les yeux devant de tels abus des fonds publics.
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Tout, mais pas ça!
Petite nouvelle passée inaperçue, mais néanmoins nauséabonde.
Selon La Presse, Athur Porter, l’ex-patron du Centre universitaire de santé McGill (CUSM), se préparerait non seulement à avoir le culot de publier son «autobiographie», mais aurait aussi accepté qu’on l’adapte pour la télévision ou le cinéma. Au secours.
Accusé entre autres de fraude sous la forme d’un pot-de-vin multimilionnaire accepté de l’ambitieuse SNC-Lavalin pour mettre le grappin sur le méga projet du CUSM, rappelons aussi que le «docteur» Porter prétend depuis d’un an qu’il se meurt d’un cancer incurable «auto-diagnostiqué».
Ce présumé «mourant» préfère toutefois croupir dans une prison du Panama connue pour son insalubrité spectaculaire au lieu d’accepter son extradition. Ou il possède le système immunitaire le plus puissant de la planète. Ou, en mythomane chronique qu’on le sait, il devrait jouer son propre rôle à l’écran. Comme acteur, aussi cabotin soit-il, difficile de faire mieux. Incluant quand vient le temps de jouer au mourant pour la galerie.
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Des nouvelles des Charest
Non, elles ne viennent pas de l’UPAC. Dans une discrète brève, on apprenait dans La Presse que la fille de l’ancien premier ministre Jean Charest s’est «récemment inscrite au Registre des lobbyistes» pour la Coalition nationale contre le tabac de contrebande et pour l’organisme Fierté Montréal.
«Coordonnatrice aux affaires publiques chez Impact Canada, une firme de communications possédant des bureaux à Ottawa, Toronto et Montréal», Madame Alexandra Dionne-Charest, selon les dires de son patron, travaillait déjà pour sa firme au moment où Pauline Marois était au pouvoir.
Pour ce dernier, selon ce qu’en rapporte La Presse, la filiation de son employée avec l’ex-chef du parti politique qui, aujourd’hui, est de retour au pouvoir, n’aura aucun «impact sur les relations des clients avec le gouvernement». Possible.
La morale de cette histoire : si tout le monde a en effet «le doit de gagner sa vie», les réseaux d’influence entre les lobbys d’affaires et les coulisses du pouvoir, provincial ou fédéral, sont de toute manière déjà bien connus. Et leurs résultats, aussi…
N’empêche qu’au Québec, de se recruter des ex-politiciens n’aura pas fait de tort, non plus, à un des lobbys les plus puissants en Occident – celui des industries gazières et pétrolières.
Demandez-le, entre autres, au maire de la très petite municipalité de Ristigouche-Partie-Sud-Est. Seul, il doit maintenant faire une levée de fonds de 225 000$ pour défendre sa ville contre une poursuite de 1,5 millions de dollars intentée par la pétrolière Gastem – soit cinq fois le budget annuel de la ville.
Son «crime»? Devant l’inaction du gouvernement Marois, après la ville de Gaspé, Ristigouche adoptait en mars 2013 un règlement visant à protéger ses sources d’eau potable des effets potentiellement dangereux d’une exploration pétrolière trop rapprochée.
Aujourd’hui, après avoir adopté un règlement sur le sujet, le nouveau gouvernement Couillard se tait toutefois face à ce qui ressemble étrangement à une poursuite-bâillon. Comme quoi, le lobby pétrolier a la main lourde. Très lourde. Ses alliés politiques, on les trouve d’ailleurs dans les principaux partis. Quel beau hasard.
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Un été meurtrier
À l’international, l’été est meurtrier.
En Occident, l’offensive «punitive» israélienne à Gaza a des relents de déjà-vu. Encore une fois.
Cette fois-ci, pour protéger Israël des attaques du Hamas par roquettes et tunnels, Benjamin Netanyahou a déclenché une opération meurtrière à Gaza. Elle dure depuis presqu’un mois.
Et, comme à l’habitude, depuis des décennies, il ne manque pas d’experts instantanés dans les médias pour représenter des conflits qui, dans les faits, sont extrêmement complexes et multilatéraux, comme un vulgaire mauvais western avec des «bons» d’un côté, et des «méchants» de l’autre.
On le sait pourtant. Il y aura éventuellement négociations. Et, éventuellement, comme d’habitude, elles avorteront. Les Palestiniens de Gaza écoperont dans leur chair et leur économie dans ce vaste jeu politique où les États arabes environnants, une partie de l’Europe et les États-Unis, s’en servent aussi comme terrain de jeu guerrier interposé.
Les Israéliens, sans former un bloc d’opinion monolithique, voudront quant à eux, comme toute nation se sentant menacée, que leurs élus les défendent. Or, le prix à payer en vies innocentes est outrageusement élevé. À nouveau.
Pendant ce temps, la vraie bombe à retardement de la région continue de faire «tic-tic» – celle de la démographie. Si la solution hautement souhaitable dite «à deux États» ne finit pas par s’imposer, la forte croissance démographique de la population arabe et palestinienne se poursuivra à l’intérieur de ces très petits territoires. Incluant dans l’État même d’Israël et les territoires occupés.
Dès l’an dernier, le Bureau central des statistiques israélien avançait que les citoyens juifs seraient déjà en minorité en Israël, Gaza et la Cisjordanie combinés. S’il y a débats et désaccords entre plusieurs experts sur l’exactitude du diagnostic posé, impossible de ne pas voir l’urgence créée par cette donne démographique.
Les leaders de la région la verront-ils à temps pour accélérer le pas vers la solution «à deux États»?
En Ukraine, l’attaque fulgurante dans les airs du vol MH17 aura braqué les projecteurs sur un conflit où les mains de Moscou, celles de Vladimir Poutine, semblent être couvertes de sang.
Retour d’une certaine «guerre froide» entre Washington et Moscou? Du moins, en apparence. Dans les faits, l’inaction chronique de la communauté internationale face à Poutine est endémique. Qu’espérer de plus dans les circonstances que de bien beaux discours vides de toute action concrète?
Pendant ce temps, les médias occidentaux parlent abondamment des «séparatistes» pro-russes de l’Ukraine de l’Est. Or, ces «rebelles» soutenus par Moscou ne sont pas des «séparatistes». Ils sont nettement plus proches d’être ce qu’on appelle des partitionnistes. Ce qu’ils cherchent n’est pas de créer un État indépendant, c’est de déstabiliser de l’intérieur une Ukraine indépendante vue par Moscou comme nettement trop «pro-Europe». Ce que cherchent ces partitionnistes pro-russes est d’affaiblir gravement une Ukraine déjà fragile au profit de la Russie.
Et le Canada dans tout ça? Et Stephen Harper face aux conflits israélien et ukrainien? Que des bruits de fond sur la scène internationale. Des bruits tout juste bons à faire croire à certains que la «voix» du Canada existe encore… Mais avant tout, d’ici l’élection fédérale de 2015, les sorties du premier ministre tiennent d’un clientélisme électoraliste évident. Un exemple de plus dans la déjà très longue liste des conservateurs.
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De retour au Québec en passant par l’Écosse
En vue du référendum du 18 septembre prochain sur l’indépendance de l’Écosse, comme le rapporte le Globe and Mail, c’est ce mardi qu’aura lieu le premier débat télévisé entre Alex Salmond, premier ministre indépendantiste de l’Écosse, et Alistair Darling, le chef du camp du Non.
Sur fond de sondages montrant une progression des appuis au Oui et donc, annonçant la possibilité d’un résultat serré, ce débat sera un élément crucial de la campagne.
Ici, au Québec, alors que les appuis au PQ et à la souveraineté croupissent au 36e dessous, les yeux se tournent lentement et distraitement vers l’Écosse pour des raisons évidentes.
J’en reparlerai cette semaine…
Et, qui sait, peut-être aussi de la guéguerre locale de l’été sur le «franglais». Ou peut-être pas… J’y think about it pendant que je chill devant mon ordi… Je suis real pas sure que c’est pas dead comme sujet… Mais maybe que j’ai toute wrong…
Et vous? Il se passe comment votre été «politique»?…
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