Où sont les Québécois?

Pourquoi sommes-nous minoritaires ?

Comment atteindre le nombre nécessaire ?

Tribune libre

Des référendums perdus par la peau des fesses, gouvernements à Québec, libéraux à répétition ou Québécois minoritaire, municipalités assiégées par l’économie souterraine, citoyens complices de la consommation-production-croissance obligée… province dépendante.
On est ici, Vigilants, à débattre depuis des années des moyens de faire de la nation québécoise un Pays normal. On s’entend pour dire qu’on vient de loin mais que par notre force de caractère, on devient « les meilleurs au monde ». On observe notre entourage immédiat, la famille, le milieu de travail, les voisins, la télé, les titres de journaux… on n’est pourtant pas tous amputés, on vit, on voyage à l’étranger, on revient apprécier nos artistes… vie citoyenne normale. On n’aspire pas à la dépendance. Pourtant, aux divers paliers de la vie politique, on vote pour la dépendance. On se donne un gouvernement minoritaire, menotté!
Alors, où sont donc les Québécois?
Bien sûr, la situation minoritaire du français en Amérique, et notre préoccupation de maintenir notre culture ancestrale française florissante nous rend suspects à l’intérieur d’un pays qui nous trouve encombrants. Particulièrement depuis que nous avons failli voter majoritairement pour la sécession de ce pays, un mur est en train de se construire contre nos efforts d’émancipation. Le mot d’ordre étant Canada First, tout ce qui n’a pas grandi dans la culture française constitue un bloc de votes captif de tout Parti politique autre qu’un Parti indépendantiste. Fût-il dirigé par un magnat de la presse aux talents reconnus de gestionnaire.
Jusqu’à récemment, nous croyions pouvoir lutter à armes égales, collectivement réveillés par la Révolution tranquille et par notre plus récent mini baby-boom… Mais depuis 1995, la réplique est venue cinglante : immigration massive canadian! Or des gens qui adoptent un nouveau pays, tendent parfois à combattre un « groupuscule sécessionniste ». Pression électorale accrue donc, mais le Québec demeure majoritairement français, non? Bien sûr, mais l’ambiance « mondialisante », anti-frontières, gagne subtilement les jeunes Québécois modernes, qui aiment se dire « citoyens du monde » ouverts à l’étranger, qui préfèrent voir « grand » que « petit », au point de mépriser le sentiment d’appartenance à une nation, voire à une tribu, pour eux se folkloriser dans une langue ancestrale. Sérieuse amputation au Québec français! De l’extérieur comme de l’intérieur.
Cette tentation « moderniste » pourrait bien être contrée par l’attrait d’un projet emballant, inter générationnel, qui ferait entrevoir un avenir brillant à la jeunesse. Même un projet de pays susciterait encore l’enthousiasme chez une jeunesse motivée. Cette génération s’est levée en masse, au printemps 2012, réclamant l’encouragement qui viendrait d’une plus grande justice sociale. On l’a trompée dans tout le processus de ce mouvement des Carrés Rouges. Il y a là germe d’amertume, d’indifférence difficile à récupérer.
Par ailleurs, ces amputations par négligence dans la nation québécoise ne tiennent pas compte d’un autre oubli dans nos forces vives : l’analphabétisme fonctionnel, qui touche une grave part de notre population, surtout urbaine. Comment pouvons-nous permettre qu’un système moderne d’éducation laisse passer à travers ses mailles des familles complètes de Québécois qui n’encouragent pas la persévérance scolaire? Cercle vicieux pauvreté-ignorance. Portion humiliée du Québec qui ne peut lire que les grands titres, qui est mal logée, de santé précaire, assistée sociale ou gagne-petit. Culture du DollaRama ou du WalMart. Sans intérêt pour la cause publique, proie facile pour les radios poubelles.
Autant de raisons de notre minorisation chez-nous. Alors, comment atteindre le nombre minimal, la masse critique pour rester maîtres chez-nous?
Technique de vente : un produit attrayant et connu. Or de l’intérieur du Canada, notre discours sera toujours nié, démenti, avili, ridiculisé, caché. Les médias de masse, centrés sur l’unité canadienne, se consacrent à éteindre toute aspiration québécoise à l’émancipation. Et ceci, sous le prétexte d’un pays unitaire, pacifique, sans chicanes.
Le projet emballant de pays aux mœurs assainies, de langue française en Amérique, il commence à attirer les jeunes de France. Si on ne les perd pas dans les méandres anglais de McGill et Concordia, si on leur offre un pays où c’est en français que ça se passe, ils peuvent devenir nos alliés. Et ils ont de l’entre-gens. Si ce noyau devait proliférer, notre image extérieure exploserait, chez les parlant français du Canada ou d’ailleurs. Politiquement, les Acadiens n’ont pas été préparés pour nous appuyer mais leur situation économique (et culturelle) chancelle… et Zachary peut être un bon ambassadeur, si nous devenons attrayants. Dans l’Ouest, les jeunes descendants de familles françaises commencent à en avoir soupé des vapeurs toxiques du bitume… Daniel Lavoie saurait leur chanter un pays libre… Des Québécois errants parcourent depuis des générations, le Yukon, les Territoires du Nord-Ouest, même l’Alaska : apprécieraient peut-être un nouveau Klondike en français.
Si nous ne sommes pas réellement les « meilleurs au monde » en tout, nous sommes un pays riche qui a été maintenu caché pour le profit du capitalisme sauvage. Le profit concentré dans quelques mains, sans justice distributive. C’est en français qu’il faut faire luire notre projet, trop longtemps maintenu sous le boisseau.
Et comment pouvons-nous devenir attrayants pour toute génération? Par l’ÉNERGIE. L’énergie verte! La première république verte à base coopérative . (*)
Note : Il y a URGENCE: Ce n’est pas un gouvernement du Parti Libéral du Québec qui mettra en valeur notre projet. Il peut même en être le fossoyeur. Que bon entendeur…y trouve salut.
(*)Avec la connaissance accrue des méfaits de l’énergie fossile, les Québécois font front commun pour le recyclage, le compostage, l’achat local (économie d’énergie) les éoliennes, la géothermie, le captage voltaïque, le transport électrique , les pistes cyclables, le partage de l’auto, le transport en commun amélioré. Les Québécois pressent Mme Marois de faire son nid contre le pétrole du Saint-Laurent et contre le gaz de schiste. (Elle le fera si elle nous sent unis verts).

Squared

Ouhgo (Hugues) St-Pierre196 articles

  • 163 480

Fier fils de bûcheron exploité. Professeur retraité d'université. Compétences en enseignement par groupes restreints, groupes de réflexion, solution de problèmes. Formation en Anglais (Ouest canadien), Espagnol (Qc, Mexique, Espagne, Cuba), Bénévolat latinos nouveaux arrivés. Exploration physique de la francophonie en Amérique : Fransaskois, Acadiens, Franco-Américains de N.-Angl., Cajuns Louisiane à BatonRouge. Échanges professoraux avec la France. Plusieurs décennies de vie de réflexion sur la lutte des peuples opprimés.





Laissez un commentaire



1 commentaire

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    1 juillet 2013

    Le terme Souverainiste Vert fut d'abord attribué à Vladimir De Thézier, qui nous accordait ici une entrevue il y a plus de 2 ans: http://www.vigile.net/Le-Souverainiste-Vert
    Comme jeune impliqué dans les IPSO (Intellectuels pour la Souveraineté), il n'avait pas craint de faire connaître sa solution pour attirer les jeunes vers l'idée Québec-Pays.
    Le temps ayant passé, les foules ayant marché contre les gaz de schiste, on s'attendrait, s'il subsistait encore une nation, à voir toutes générations confondues s'attrouper autour de l'idée révolutionnaire d'une République Verte du Québec pour nous démarquer parmi les nations.
    Nous cantonnerons-nous au ronron à la petite semaine du bilinguisme de la chef, des larmes d'un aspirant chef, des sous-partis sans chef?
    Il n'y a pourtant pas d'autre question que de savoir qui rédigera notre épitaphe, si ce n'est le Kanada.