Quelqu’un a dit que c’était winner.

Pourquoi chanter en anglais?

Le marketing du message.

Tribune libre

Monsieur Christian Dufour a fait du chemin, depuis ses prestations régulières à « Il va y avoir du sport » de Bazzo. Il semble avoir connu sa route de Damas, récemment, sur la réalité de l’invasion de l’anglais partout au Québec. Alors qu’on l’entendait parfois parler de notre « frilosité » de nationalistes, il vient d’écrire « Les Québécois et l’anglais, le retour du mouton ». Il peut se retrouver seul, le matin à la radio d’État, à démontrer à des assimilés que notre langue est en voie d’extinction au Québec. Et il publie juste avant la Fête nationale, dans Le Devoir, ce texte très populiste où il met en opposition La plus grande chanteuse d’expression française au monde qui n’en a pas poussé une en Anglais au Q400 et une nouvelle vedette de la ville de Québec qui ne saurait même chanter dans sa langue maternelle Au clair dela lune… Ces images devraient atteindre le peuple. Et, justement parce qu’il a glissé dans son texte une phrase qui ne le place pas du côté des « fanatiques folkloriques » (Baliser l’entrée en piste de l’anglais :cf réponse Luc Archanbault), Dufour garde sa crédibilité auprès de cette minorité majoritaire affairiste qui nous éreinte. Il pourrait servir de courroie de transmission de cette idée de zone protégée dans la biodiversité culturelle mondiale, thème cher aux artistes « citoyens du monde ».
D’autres notions auraient aussi besoin de personnes crédibles, de porte-parole vierges d’images « petit-Québec » dans la tête enfumée des fatigués d’Histoire. Une importante portion de notre population a grandi dans des familles de résistants à l’anglicisation, qui se sont vus ostracisées à cause de leurs convictions. Ces jeunes ont vu leurs parents pénalisés socialement, économiquement, ridiculisés dans les médias pour avoir démontré leur fierté nationale… À cause justement de la notion de « nationalité » distincte, ces jeunes, privés de cours d’Histoire, ont refusé l’humiliation des quolibets dans leur propre pays et choisi de hurler avec les loups.
Antoine Robitaille, aussi dans Le Devoir, édition de sam/dim 27/28 juin, publie un document de 2 pages pour river le clou des dénigreurs de la Nation qui lui prêtent plus de passion que de raison : « Cette dénonciation, écrit Robitaille, affleure dans le rapport Bouchard-Taylor de 2008. » Il cite un passage des « deux sages » :
« …il y a un courant d’idées très influent qui a fait la critique des identités nationales, en y dénonçant la mémoire des hauts faits, la célébration des figures héroïques, les mythes fondateurs nationaux, les représentations collectives qu’on entretient de soi et des autres, etc. » pour les deux compères, une telle critique s’imposait et elle a même été bénéfique à plusieurs égards… mise au jour dans les mythologies nationales des distorsions de la réalité, des subterfuges, de simples traits ethnographiques imposés comme des normes, coutumes, rituels érigés en absolus. La nation entretiendrait des mythes passionnels risqués…
En contrepartie, Robitaille amène un défenseur de la nation. Le philosophe français Pierre Manent interview le professeur Louis-André Richard, qui publie aux Presses de l’Univ Laval : »Le défi des ancrages au Québec ». Manent a publié : « La Raison des nations », Gallimard 2006. Les idées qui s’en dégagent : La démocratie moderne n’existe pas en dehors d’un cadre national. Le philosophe Manent pointe du doigt ceux qui méprisent ainsi la nation : Ceux qui ont été capables de tirer leur épingle de ce nouveau grand jeu de la mondialisation, ceux qui sont un jour à Londres, l’autre à Singapour, et qui n’ont pas de patrie, qui vivent dans « l’espace mondial » et maîtrisent les « les instruments de communication mondiale »… mépris de classe observé au moment des débats de Maastricht, de la part de ceux qui prétendaient connaître « le sens du monde nouveau. »
Aux « mondialistes » qui voient l’espace national recréé dans les médias modernes de communication, Manent réplique que cette « communication ne produit pas de communautés, mais ne met en relations que des individus, qui ne se conçoivent jamais comme appartenant à un tout qui leur donneraient des responsabilités. Pire, au lieu de produire de la communauté, cette communication tend à renforcer les idiosyncrasies et les isolats.(non pas communication mais solitude multipliée.) (Sur Internet, vous échappez aux contraintes de l’espace public qui sont éducatives.)
Manent affirme : « malgré des décennies de construction européenne, les Nations du Vieux Continent demeurent et vivent même une sorte de résurgence… la perspective n’est plus celle de l’effacement irrésistible de la nation, mais celle de sa durée continuelle".
Pour notre édification vigilienne, remarquons que :
Des experts font profession de RÉHABILITATION DE LA NATION.
Il nous faut en devenir les vulgarisateurs : À la question de Dufour (Regrouper l’anglais dans un secteur du spectacle, allouer un pourcentage), proposons plutôt :
Afin de re-sensibiliser une jeunesse ballottée, lui présenter l’autre face de la mondialisation, qui lui échappe. Exposer que la vérité n’est pas toute du côté de l’uniformité. Diversité, comme en écologie. Fierté de l’authenticité devant l’autre.
Surtout ne pas négliger de recourir à nos meilleurs communicateurs, ceux qui ne seront pas des cibles de choix pour les dénationalisateurs (Charest contre Parizeau).
S’il le faut, faire voir comme nouveauté les plaisirs de la langue française, la nation québécoise, le goût de la victoire devant l’exterminateur.


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