Pompeo assure à la Russie que Trump est «déterminé» à se réconcilier

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Vers un nouveau traité d'armement nucléaire


SOTCHI, Russie | Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a assuré mardi la Russie de la détermination de Donald Trump à améliorer les relations très tendues entre les deux puissances, opposées sur de multiples sujets.


Les sujets de discorde entre les États-Unis et la Russie ne manquent pas avec notamment le Venezuela et les traités de désarmement, mais la visite du secrétaire d’État américain intervient aussi en pleine montée de fièvre autour de l’Iran, faisant craindre une escalade militaire.


Avant de retrouver dans la soirée Vladimir Poutine, Mike Pompeo a été reçu peu après son arrivée à Sotchi, sur la mer Noire, par son homologue russe Sergueï Lavrov.


« Je suis ici aujourd’hui parce que le président Trump est déterminé à améliorer cette relation », a assuré M. Pompeo. « Nous avons des divergences (...), mais nous n’avons pas à être des adversaires sur tous les sujets », a-t-il ajouté, disant espérer « stabiliser la relation et la remettre sur une trajectoire qui sera bonne non seulement pour (les) deux pays, mais aussi pour le monde ».


« Il est temps de commencer à construire un nouveau modèle de perception mutuelle. Nous y sommes prêts », a déclaré de son côté Sergueï Lavrov, appelant à des « propositions concrètes pour sortir les relations américano-russes de leur triste état ». « Essayons, et nous verrons ce que cela donne », a-t-il conclu.


« Pression maximale »


Le secrétaire d’État sera mardi soir le plus haut responsable américain à rencontrer Vladimir Poutine depuis son sommet de juillet à Helsinki avec Donald Trump, dont le ton conciliant à l’égard du maître du Kremlin avait alors choqué la classe politique américaine. 


La Maison-Blanche espère de longue date que la fin de l’enquête de Robert Mueller, qui a conclu il y a moins de deux mois à une ingérence russe dans la présidentielle de 2016 aux États-Unis, mais pas à une quelconque collusion entre l’équipe du candidat Trump et la Russie, permette de tourner la page de relations glaciales entre ces deux pays rivaux.


Alors que ces investigations ont empoisonné la première moitié de son mandat, Donald Trump a eu début mai une conversation téléphonique « très positive », a-t-il dit, de plus d’une heure avec Vladimir Poutine.


Le président américain a annoncé lundi qu’il prévoyait de rencontrer son homologue russe à l’occasion du prochain G20, fin juin au Japon. Le Kremlin a cependant assuré qu’il n’existait « aucun accord » en ce sens.


La visite de Mike Pompeo intervient à un moment où Washington accuse Téhéran de préparer des « attaques » contre les intérêts américains au Moyen-Orient. Les États-Unis ont dépêché dans la région un porte-avions, un autre navire de guerre, des bombardiers B-52 et une batterie de missiles Patriot.


« Une politique de pression maximale conduit à pousser un pays dans ses retranchements et (...) cela ne donne jamais de résultats », a mis en garde mardi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. « Cela n’encourage pas un pays à se montrer conciliant ».


La Russie, comme les Européens, est favorable à un maintien de l’accord de 2015 sur le programme nucléaire iranien, dont les États-Unis se sont retirés avant que Téhéran ne suspende récemment certains de ses engagements. Mike Pompeo a déjà eu lundi des entretiens difficiles avec des Européens inquiets d’un possible conflit « par accident ».


La crainte d’une escalade dans le Golfe a été alimentée ces derniers jours par de mystérieux « actes de sabotage » contre quatre navires de commerce de différents pavillons, même si aucun lien n’a été établi officiellement.


Armes hypersoniques


Le ton est également monté ces dernières semaines entre les deux puissances au sujet du Venezuela, où elles s’accusent mutuellement d’ingérence et soutiennent des parties opposées. Moscou reste un allié indéfectible du président Nicolas Maduro et livre des armes à son armée, tandis que Washington appuie l’opposant Juan Guaido.


Et le sujet du désarmement est revenu au premier plan avec la récente suspension par les États-Unis, imités par la Russie, de leur participation à un traité datant de la Guerre froide interdisant les missiles sol-sol d’une portée de 500 à 5500 km.


Moscou et Washington doivent désormais négocier le prochain traité de contrôle des armements nucléaires Start, l’actuel arrivant à échéance en 2021 et le gouvernement Trump souhaitant y inclure la Chine.


Le président russe, qui ne cesse de mettre en avant les nouvelles capacités de son armée, doit visiter mardi avant de recevoir Mike Pompeo le plus grand centre d’essais militaires de l’aviation russe pour assister, selon le Kremlin, à une démonstration d’ » armes prometteuses ».