Percé rend aux piétons l’accès à son quai

La barricade érigée par Ottawa a été démantelée mardi matin

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Ça se corse à Percé

Percé — La Ville de Percé a mis ses menaces à exécution en démantelant, tôt mardi matin, la barricade au quai de la municipalité qui avait été installée par le ministère des Pêches et des Océans (MPO) pour des raisons de sécurité publique.
Le MPO avait fermé mercredi dernier, à la surprise générale, l’accès au quai de Percé, ce qui a déclenché la colère des autorités municipales. À tel point que Percé avait mis en demeure le gouvernement fédéral de rouvrir le quai lundi à 16 h au plus tard, à défaut de quoi des conséquences devaient s’ensuivre.
Le maire Bruno Cloutier a donc mis ses menaces à exécution en ordonnant le démantèlement de la barricade constituée de clôtures de métal et de blocs de béton. Une équipe d’employés municipaux s’est mise à la tâche dès 6 h 40 mardi avec une pelle mécanique, et le tout a été terminé vers 7 h, ouvrant ainsi l’accès, aux piétons seulement, à cette infrastructure qui permet de voir le rocher Percé de plus près. Les employés ont laissé sur place quelques blocs de béton pour bloquer l’accès aux véhicules.

Pas le choix
Rencontré par Le Devoir quelques minutes plus tard, le maire a fait valoir « que le ministère des Pêches a agi de façon cavalière ; peut-être que nous avons aussi agi de façon cavalière, mais je ne regrette pas le geste qu’on a posé. S’il y a des répercussions, on va vivre avec, c’est tout. Mais nous n’avions pas d’autres choix, il nous fallait aller de l’avant avec ce geste pour donner accès aux piétons ». Ginette Boulanger, une citoyenne qui a été témoin du démantèlement de la barricade, appuie sans réserve la décision des élus municipaux. « Écoutez, on a besoin de ce quai. Interdire l’accès au quai, je trouve que c’était sauvage comme décision ! »
Richard Bélanger, un camionneur, s’était également présenté tôt au quai. « Pourquoi le ministère des Pêches a-t-il procédé si tard au printemps alors qu’il aurait pu le faire l’automne dernier ? », se questionne-t-il.
Sécurité publique
En réaction au démantèlement de la barricade, le porte-parole du MPO, Michel Plamondon, a déclaré au Devoir que, pour eux, « la priorité, c’est la sécurité publique. Nous avons mandaté la firme CIMA +, une firme indépendante, qui procédera à l’évaluation du quai et nous attendons un rapport préliminaire dans les prochains jours. On demande par ailleurs aux gens de ne pas circuler sur le quai pour des raisons de sécurité et pour permettre aux ingénieurs de faire leur travail ». En effet, des ingénieurs de cette firme étaient déjà à l’oeuvre mardi matin pour inspecter les lieux.
Entre-temps, impossible de savoir si Ottawa entend remettre en place les clôtures qui empêchaient la circulation sur le quai ni pourquoi il a choisi d’avoir recours à une firme privée dans le dossier.
Questionné à la période de question aux Communes par le Nouveau Parti démocratique (NPD), le ministre des Pêches et des Océans n’a pas semblé voir le dossier comme une priorité pour son ministère. « Je sais que le député de l’opposition est pleinement conscient du rôle d’un port de petites embarcations, et nous nous concentrons sur les quais principaux de bateaux de pêcheurs. Il y a approximativement trois pêcheurs à temps plein utilisant le port de Percé […] », a tranché Keith Ashfield.
Le ministre d’État au tourisme, Maxime Bernier, s’est pour sa part dit bien content que des inspecteurs indépendants aient été appelés en renfort. « Ce qui m’inquiète le plus, c’est la sécurité des piétons qui utilisent le quai. Mais on va savoir dans quelques jours qu’est-ce qui arrive et je suis bien conscient aussi des préoccupations du maire », a-t-il noté.
Mais pour le député de Gaspésie -les-Îles-de-la-Madeleine, Philip Toone, le fédéral doit prendre ses responsabilités quant à l’entretien du quai au plus vite. « Je comprends que les gens de Percé sont rendus à leur limite », a-t-il insisté. « C’est la conséquence d’avoir laissé le quai dans un état pitoyable pendant des années. L’effet cumulatif de tout ça, c’est que les gens, ils explosent. L’économie de la région dépend énormément de ce quai-là. »
Le député bloquiste Jean-François Fortin croit de son côté que la vétusté du quai de Percé n’est que la pointe de l’iceberg. « Le gouvernement fédéral est capable de ne pas entretenir le quai le plus connu de la Gaspésie. Imaginez-vous toutes les infrastructures portuaires, les ports pour petits bateaux, les ports de mer, comment le fédéral accorde peu d’importance à l’entretien. »
Le Devoir avait mis la main sur le courriel expédié par le MPO le 1er mai à la direction générale de Percé, courriel qui est à l’origine de ce bras de fer. On pouvait y lire : « Prenez note qu’à la suite d’une inspection visuelle du quai de Percé, nous allons procéder à une fermeture du quai en attendant une inspection plus approfondie. Un évidement et des perforations de la palplanche d’acier ont été constatés par notre technicien. Ce dernier a mandaté un entrepreneur afin d’installer des butoirs de béton pour fermer le quai à toute la circulation. Nous installerons un affichage indiquant les dangers sur la propriété d’ici vendredi prochain. La situation sera réévaluée à la suite des résultats de l’inspection structurale. »


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