OTTAWA | Le gouvernement Trudeau a déposé lundi un projet de loi pour interdire les thérapies de conversion visant à «guérir» l’homosexualité ou «corriger» l’identité de genre.
Notre Bureau d’enquête révélait en novembre 2018 que cinq organisations proposaient de tels «traitements» au Canada. Selon une récente étude, environ 47 000 hommes appartenant à une minorité sexuelle ont subi une telle thérapie au pays.
À quoi s’attaque-t-on?
Les thérapies de conversion sont des soi-disant traitements dont le but est de rendre hétérosexuelles des personnes de la communauté LGBTQ+. Des jeunes issus de familles très religieuses y sont souvent traînés de force et souffrent, des années plus tard, de dépression ou d’anxiété. «La thérapie de conversion m’a presque mené vers la mort», a résumé Matt Arshcroft, un Ontarien qui y a survécu, lors d'un point de presse à Ottawa.
Comment Ottawa compte y mettre fin?
Le fédéral entend s'attaquer aux thérapies de conversion en ajoutant cinq infractions au Code criminel. Si le projet de loi C-8 déposé à cet effet lundi est adopté, il sera illégal de faire subir une thérapie de conversion à un mineur au Canada ou de l’envoyer en suivre une à l’étranger. La mesure législative ne prémunit pas à 100 % les adultes de ces «traitements», mais criminalise le fait de tirer des profits de ce type de pratiques et d’en faire la publicité.
Quelles sont les peines prévues?
Toute personne trouvée coupable d’avoir fait subir une thérapie de conversion à quelqu’un contre son gré s’exposerait à une peine d’emprisonnement maximale de cinq ans. La peine maximale sera de deux ans de prison pour ceux reconnus coupables d’avoir tiré des profits en offrant de tels services.
Une promesse électorale accomplie?
À la tête d’un gouvernement minoritaire, les libéraux pourront compter sur l’appui des néo-démocrates pour faire adopter leur projet de loi C-8 en Chambre. Si la mesure législative est également adoptée au Sénat, les troupes de Justin Trudeau auront accompli une promesse électorale. Ils se sont aussi engagés, l'automne dernier, à mettre fin aux thérapies de conversion en collaborant avec les provinces. Au Québec, aucune loi n’empêche ces pratiques, mais d’autres provinces comme l’Ontario et le Manitoba les interdisent pour les mineurs.