Sud-Soudan

On célèbre l'indépendance

Actualité internationale


JUBA - «Nous sommes libres! Nous sommes libres! Adieu le Nord, bonjour le bonheur!»: le Sud-Soudan a célébré dans dans la nuit de vendredi à samedi dans la liesse son indépendance, marquant sa sépération du reste du Soudan après des décennies de conflit.
Le Soudan a reconnu dès vendredi la future République du Sud-Soudan, bien que des questions clés doivent encore être réglées entre les deux pays, comme le statut de provinces frontalières contestées.
A Juba, capitale du nouvel État, l'heure était à l'euphorie: soldats et civils, dont des groupes de femmes, défilaient dans le centre-ville sous une chaleur écrasante, certains habillés en costume traditionnel, d'autres dansant ou battant le tambour.
Dans un sud majoritairement chrétien, lorsque les cloches des églises sonnant minuit ont retenti, une explosion de joie a salué le début du premier jour du nouvel État. «Nous avons lutté si longtemps et c'est notre grand jour. Vous ne pouvez pas imaginer ce que nous ressentons», a expliqué un étudiant de 27 ans revenu spécialement du Caire pour l'accession à l'indépendance.
Des feux d'artifice ont illuminé le ciel tandis que des automobilistes, drapeaux du Sud-Soudan aux portières et klaxonnant avec allégresse, parcouraient la capitale où le tumulte était assourdissant, a constaté un journaliste de l'AFP.
Des dirigeants étrangers, dont 30 leaders africains, et le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon sont venus célébrer à Juba l'indépendance du nouvel État.
«Le peuple du Sud-Soudan a réalisé son rêve. L'ONU et la communauté internationale continueront de rester aux côtés du Sud-Soudan», a déclaré Ban Ki-moon à son arrivée à Juba.
«Je veux souhaiter la bienvenue à toutes les Nations qui viennent célébrer cet événement, je veux montrer le meilleur de notre pays», commentait un habitant de la ville, Jhawawar Dawson, 28 ans, qui s'est porté volontaire pour participer aux travaux d'organisation des festivités.
Au programme de samedi: défilés militaires, prières, une cérémonie pendant laquelle le drapeau de la République du Sud-Soudan sera hissé et le premier président du pays, Salva Kiir, paraphera la Constitution provisoire.
Le président du Soudan Omar el-Béchir, sous le coup de mandats d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) notamment pour génocide, a confirmé qu'il allait assister à la cérémonie, souhaitant que le nouveau pays soit «stable et sûr».
Des responsables sudistes ont affirmé qu'il était l'invité d'honneur.
Mais le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, qui représentera la France aux cérémonies, a annoncé qu'il essaierait d'éviter le président soudanais en restant aux côtés des dirigeants internationaux comme son homologue britannique William Hague.
«Ce n'est pas parce que Béchir est présent qu'il faut renoncer à manifester notre soutien» à la création d'un nouveau pays, a-t-il néanmoins dit.
Le Soudan a reconnu vendredi la République du Sud-Soudan «en tant qu'État indépendant, sur les frontières du 1er janvier 1956», date de l'indépendance, figurant parmi les premiers pays à le faire, et s'est «engagé à mettre en oeuvre l'accord de paix (de 2005, NDLR) et à régler toutes les questions post-référendaires».
Le président allemand, Christian Wulff, a également officiellement reconnu vendredi le Sud-Soudan, dans une lettre à M. Kiir, affirmant: «L'Allemagne souhaite la bienvenue au Sud-Soudan en tant que nouveau membre de la communauté des pays libres et indépendants dans le monde».
L'accord de paix signé en 2005, sous la pression notamment des États-Unis et de la Grande-Bretagne, a ouvert la voie au référendum sur l'indépendance du Sud-Soudan, organisé en janvier dernier. Près de 99% des sudistes ont opté pour la sécession au cours de ce vote qui s'est déroulé sans incidents majeurs.
L'accession à l'indépendance intervient après plus de 50 ans de guerre - entrecoupée par une période d'accalmie de quelques années - entre les rebelles sudistes et les gouvernements successifs de Khartoum, un conflit qui a dévasté la région, fait des millions de morts et créé une méfiance réciproque.
«Les liens culturels, politiques et commerciaux obligent les deux parties à regarder leur avenir commun en partenaires, pas en rivaux. Un Sud-Soudan viable requiert un Nord-Soudan viable», a martelé M. Ban.
Le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté vendredi à l'unanimité une résolution créant une Mission des Nations unies au Sud-Soudan (Minuss) dotée de 7000 soldats, de 900 civils et d'experts pour contribuer à la construction du pays et à la sécurité.
L'objectif est de «soutenir les autorités nationales, en consultation étroite avec des partenaires internationaux, pour consolider la paix et empêcher le retour de la violence», a-t-il expliqué.
La Minuss prend la relève de la Minus qui était la force des Nations unies pour l'ensemble du Soudan. Mais l'essentiel de ses forces se trouvait déjà dans le Sud.


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