PARTI CONSERVATEUR

O’Toole souhaite rencontrer Legault en premier

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O'Toole a gagné avec l'appui du Québec


(Ottawa) Le nouveau chef du Parti conservateur, Erin O’Toole, souhaite rencontrer le premier ministre François Legault avant tout autre leader politique canadien afin d’établir des liens étroits avec les décideurs du Québec – la province qui a largement contribué à sa victoire lundi dans la course à la direction du parti aux dépens de son principal rival, l’ancien ministre de la Justice Peter MacKay.


Le désir de M. O’Toole de marquer ainsi rapidement le coup démontre que son discours d’ouverture envers la nation québécoise et les demandes du gouvernement caquiste en matière de culture et d’immigration, entre autres choses, n’était pas un effet de toge, selon des proches collaborateurs du nouveau chef conservateur.


Selon des informations obtenues par La Presse, la rencontre souhaitée par M. O’Toole pourrait avoir lieu au cours des prochaines semaines, si l’horaire respectif des deux hommes le permet, a-t-on indiqué.


M. O’Toole pourrait donc rencontrer M. Legault avant d’autres leaders qui ont pourtant ouvertement appuyé sa candidature, notamment le premier ministre de l’Alberta, Jason Kenney, ou qui sont alignés avec ses politiques conservatrices, comme le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, et le premier ministre de la Saskatchewan, Scott Moe.


« Erin O’Toole veut envoyer un signal fort qu’il a une main tendue envers la nation québécoise et qu’il existe des atomes crochus entre lui et les aspirations du Québec », a expliqué une source conservatrice, qui a requis l’anonymat parce qu’elle n’était pas autorisée à parler publiquement des intentions du nouveau chef.


Sur son compte Twitter, François Legault a pris soin de féliciter le nouveau chef conservateur, qui devient du coup chef de l’opposition officielle à la Chambre des communes. « Nous continuerons à défendre les intérêts du Québec auprès de tous les partis fédéraux », a également souligné le premier ministre.


M. O’Toole lui a rapidement répondu en écrivant ce gazouillis : « Merci beaucoup pour vos bons mots @francoislegault. C’est une priorité pour moi de vous rencontrer rapidement pour discuter des intérêts de la nation québécoise. »


Unité des troupes conservatrices


Natif de Montréal, âgé de 47 ans, député à la Chambre des communes depuis 2012 et ex-ministre des Anciens Combattants dans le gouvernement de Stephen Harper, Erin O’Toole a remporté la victoire au troisième et dernier tour de scrutin avec 57 % des voix, contre 43 % pour son ancien collègue du cabinet Peter MacKay. M. O’Toole, qui a été militaire dans les Forces armées canadiennes et qui a aussi été avocat avant de faire le saut en politique, était arrivé troisième durant la course à la direction de 2017, derrière Andrew Scheer et Maxime Bernier.





PHOTO SEAN KILPATRICK, REUTERS


Erin O’Toole, nouveau chef du Parti conservateur, après son discours de victoire, avec les candidats à la chefferie Peter MacKay et Leslyn Lewis





M. MacKay s’est rapidement rallié au vainqueur, assurant une unité des troupes alors que des élections fédérales pourraient avoir lieu cet automne ou au printemps.


Dans son discours de victoire, lundi, M. O’Toole a d’ailleurs lancé un appel à l’unité et invité les électeurs désabusés du Parti libéral et du Nouveau Parti démocratique à jeter un regard nouveau sur son parti. Il a aussi démontré qu’il était capable de faire preuve d’autodérision. « Il y a des millions de citoyens qui me voient ce soir pour la première fois. Mais on a beaucoup en commun. Je suis né à Montréal et j’ai grandi en Ontario. J’ai appris mon français dans les Forces armées canadiennes. Et oui, je parle comme un anglo… mais un anglo qui respecte les francophones et qui est fier du français dans notre pays. Je suis en politique pour me battre pour tous les Canadiens et nos deux langues nationales », a-t-il dit.


Le nouveau porte-voix des conservateurs, qui a reçu les félicitations du premier ministre Justin Trudeau et des leaders des autres formations politiques, n’a pas rencontré les médias lundi après une nuit de sommeil écourtée. La journée a été consacrée à préparer la transition pour prendre la relève d’Andrew Scheer. M. O’Toole doit tenir sa première conférence de presse ce mardi en tant que nouveau chef conservateur.


En force au Québec


Au Québec, M. O’Toole a démontré la force de son organisation sur le terrain dès le premier tour en récoltant 3532 points sur une possibilité de 7800, loin devant Peter MacKay (2685 points). (En vertu des règles encadrant l’élection du chef conservateur, chacune des 338 circonscriptions au pays se voit accorder 100 points, peu importe le nombre de membres que compte l’association de circonscription du parti.) Au début de la course, plusieurs s’attendaient à ce que les membres du parti au Québec se rangent majoritairement derrière Peter MacKay. Sept des dix députés conservateurs du Québec l’ont d’ailleurs appuyé dans la course.


« Je sais qu’[Erin O’Toole] était très populaire au Québec. Évidemment, ses organisateurs ont travaillé très fort », a souligné le député conservateur de la région de Québec Gérard Deltell.




Nous sommes bien fiers de voir que c’est le Québec qui a fait en sorte qu’Erin O’Toole est aujourd’hui le chef du Parti conservateur. Il a plus de votes au Québec qu’en Ontario au premier tour. Et le choix national correspond au choix québécois.



Gérard Deltell, député conservateur de Louis-Saint-Laurent



M. Deltell, qui a choisi de rester neutre durant la course même s’il avait appuyé M. O’Toole en 2017, a aussi noté que le nouveau chef a fait preuve d’audace durant la campagne en publiant une plateforme « sculptée pour le Québec ».


Le lieutenant politique du Parti conservateur au Québec, Alain Rayes, s’est aussi félicité du résultat de la course. « Je suis vraiment content et enthousiaste. Il a prononcé un discours rassembleur, inspirant et qui mettait en valeur un conservatisme positif. Il a ouvert la porte à toutes les personnes qui pourraient être intéressées par notre mouvement. Il a parlé aux Québécois dans un français plus qu’acceptable. Je pense que les conditions gagnantes sont là. C’est à nous d’être prêts pour la prochaine bataille électorale », a-t-il commenté.


M. Rayes s’est dit prêt à continuer à servir comme lieutenant politique du Québec si tel est le désir du nouveau chef. « D’une façon ou d’une autre, je vais mettre toute mon énergie, mon expertise et mon réseau de contacts à contribution pour le nouveau chef », a-t-il dit.




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