Ces armes sont vantées par le président russe, Vladimir Poutine, comme « pratiquement invincibles ». Moscou a annoncé, vendredi 27 décembre, la mise en service de ses premiers missiles hypersoniques Avangard.
Ce système fait partie d’une nouvelle génération d’engins capables, selon les autorités russes, d’atteindre une cible quasiment partout dans le monde et de surpasser n’importe quel bouclier antimissile existant, tel que le système déployé par les Etats-Unis en Europe.
« Le ministre de la défense Sergueï Choïgou a rapporté au président Poutine la mise en service à 10 heures, heure de Moscou, du premier régiment équipé des nouveaux systèmes stratégiques hypersoniques Avangard », a indiqué le ministère dans un communiqué. M. Choïgou a « félicité » les militaires, jugeant que ce déploiement était « un événement fantastique pour le pays et pour les forces armées ».
En décembre 2018, Moscou avait annoncé que le premier régiment de missiles Avangard serait déployé dans la région d’Orenbourg, dans l’Oural.
L’Avangard file selon Moscou à une vitesse de Mach 20 et est capable d’atteindre Mach 27 – soit vingt-sept fois la vitesse du son et plus de 33 000 kilomètres par heure. Il est capable de changer de cap et d’altitude, selon M. Poutine.
Ce dernier avait comparé les missiles Avangard, testés avec succès en décembre 2018 avec une portée de 4 000 km, « à la création du premier satellite artificiel de la Terre », une référence au Spoutnik lancé en 1957, qui avait symbolisé l’avance technologique de l’Union soviétique sur les Etats-Unis en pleine guerre froide.
« C’est un système de missile intercontinental, pas balistique. C’est l’arme absolue », s’était félicité le président russe en juin 2018. « Je ne pense pas qu’un seul pays dispose d’une telle arme dans les années qui viennent. Nous l’avons déjà », avait-il ajouté, alors que les relations avec les Occidentaux sont au plus bas.
Une autre arme vantée comme « invincible » par Vladimir Poutine, le missile lourd balistique intercontinental de cinquième génération Sarmat, doit être livré aux forces armées en 2020. Il n’aurait « pratiquement pas de limites en matière de portée » et serait « capable de viser des cibles en traversant le pôle Nord comme le pôle Sud ».
Parmi les autres systèmes en développement figurent un drone sous-marin à propulsion nucléaire, des missiles hypersoniques destinés aux chasseurs russes ou encore un mystérieux « laser de combat ».
L’annonce de l’arrivée des Avangard dans l’armée russe intervient alors que Moscou et Washington ont suspendu cette année leur participation au traité bilatéral de désarmement FNI (traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire), datant de la guerre froide. La question de l’avenir du traité Start de réduction des arsenaux nucléaires, qui arrive à échéance en 2021, est également en question.
La Russie accuse les Etats-Unis de chercher à rompre les accords existants pour parvenir à son « épuisement économique » par « une nouvelle course aux armements », dans laquelle elle assure ne pas vouloir se lancer.
Elle a pourtant multiplié les annonces dans ce domaine, disant notamment vouloir adapter d’ici à deux ans ses systèmes marins Kalibr, utilisés pour la première fois en opération en 2015 en Syrie, en variante terrestre.
Elle a également dévoilé, à la mi-décembre, de menus détails sur son bouclier spatial antimissile Koupol, qui se veut l’équivalent du système américain Sbirs, mais dont les contours restent encore mystérieux.
L’armée russe a aussi subi plusieurs accidents embarrassants cette année, le principal étant une explosion à caractère nucléaire dans le Grand Nord qui a tué sept personnes le 8 août, lors de tests de « nouveaux armements ». Selon des experts, il s’agissait du Bourevestnik, un missile de croisière à « portée illimitée ».