Mise au point de la GRC sur le présumé espion Cameron Ortis

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La vente d'information à des réseaux criminels ou à des pays étrangers ?


La Gendarmerie royale du Canada (GRC) fait le point sur l'arrestation de Cameron Ortis, directeur général de son Centre national de coordination du renseignement.




Bien que plusieurs informations à ce sujet aient été divulguées par les médias depuis la semaine dernière, on ignore toujours quel type d’information aurait tenté de dévoiler Cameron Ortis, et qui étaient ses clients.


Selon des documents consultés par CBC News cependant, les informations secrètes qui étaient entre ses mains sont de nature à causer des dommages « dévastateurs » au Canada et à ses alliés,


Les renseignements que M. Ortis s’apprêtait prétendument à partager avec une entité étrangère ou une organisation terroriste sont si vitaux pour la sécurité nationale du Canada que les services de renseignement du pays affirment que leur utilisation est susceptible de porter atteinte à la souveraineté et à la sécurité du Canada.


Selon l'évaluation du Centre de la sécurité des télécommunications et du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS), Cameron Ortis, qui était directeur général du Centre national de coordination du renseignement de la GRC, a subtilisé des renseignements qui, s'ils étaient communiqués, auraient causé des dommages « élevés » au Canada et à ses alliés.


« L'analyse du contenu des rapports pourrait raisonnablement amener un organisme de renseignements étranger à tirer des conclusions importantes sur les cibles, les techniques, les méthodes et les capacités des services de renseignement alliés et canadiens », peut-on lire dans les documents.



Ces informations figurent parmi les mieux protégées de la sécurité nationale, quelle que soit la norme gouvernementale, et touchent le cœur de la souveraineté et de la sécurité du Canada.


Extrait des documents consultés par CBC


Une possible fuite de ces documents pourrait mettre à mal les relations du Canada avec ses alliés, toujours selon les documents.


À part les informations « hautement classifiées », une fuite pourrait révéler des sources de renseignement sensibles ainsi que les méthodes utilisées, « ce qui aurait des conséquences graves ».


« La perte de telles informations pourrait nuire à la confiance de nos partenaires étrangers », indique le SCRS dans son évaluation.



Nous prenons cette situation extrêmement au sérieux et jepeux vous assurer que toutes les autorités sont en train de travailler d’arrache-piedsur ce dossier. C’est un dossier important pour nous et pour nosalliés.


Le premier ministre du Canada Justin Trudeau


Des contacts criminels


Les documents préparés pour les responsables de la sécurité au Canada et consultés par CBC News révèlent que l'arrestation du haut fonctionnaire civil de la GRC, la semaine dernière, est liée à l'enquête sur Phantom Secure, une entreprise canadienne basée à Vancouver qui vendait des téléphones intraçables à de grands criminels partout dans le monde.



C'est l’arrestation de son patron, Vincent Ramos, par la justice américaine, avec l'aide de la GRC, qui a permis aux policiers de remonter jusqu’à Cameron Ortis.


CBC affirme avoir consulté un document indiquant que Cameron Ortis a écrit à Vincent Ramos afin de lui proposer des secrets de la GRC. Un document interne de la GRC aurait aussi été trouvé sur l'ordinateur personnel de Ramos en mars 2018, rapporte le Globe and Mail.


On apprend également que l’appartement de M. Ortis a été « secrètement fouillé » le mois dernier, ce qui a mené à la découverte de plusieurs notes écrites à la main comprenant des instructions sur la manière d’effacer des métadonnées de documents en format PDF.


Environ 25 documents ont été « épurés pour effacer des données d’identification », toujours selon l’analyse consultée en partie par CBC.


M. Ortis serait par ailleurs endetté à hauteur de 90 000 $.


Ortis risque 14 ans de prison


Cameron Ortis, 47 ans, a comparu vendredi dernier devant le tribunal pour répondre à sept chefs d’accusation, dont communication non autorisée d'informations opérationnelles, abus de confiance et utilisation non autorisée d'un ordinateur dans le cadre de ses fonctions. Il demeure détenu et reviendra devant la cour à Ottawa vendredi.


Selon l’acte d’accusation, les faits reprochés se seraient produits entre le 1er janvier 2015 et le jour de son arrestation, jeudi dernier.


Certaines des accusations portées contre lui concernent des violations de la Loi sur la protection de l'information, laquelle est généralement invoquée dans des cas d’espionnage impliquant des puissances étrangères ou des groupes terroristes.


S'il est reconnu coupable, Cameron Ortis risque une peine maximale de 14 ans de prison.


Au service de la GRC depuis 2007, Cameron Ortis est un spécialiste de l'Asie du Sud-Est, des infrastructures stratégiques et des robots numériques.


Selon CBC News, dans la mesure où le travail d’Ortis touchait aux opérations de sécurité nationale, plusieurs ministères fédéraux ont dû procéder à des vérifications internes des dommages liés à l'arrestation de cet homme.




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