Hommage à un grand cinéaste

Michel Brault, l'oeil ambulant (1928-2013)

Tribune libre

"Presque tout est venu de l'enthousiasme, soit dans la résistance ou soit dans la vie quotidienne." Michel Brault
"J’ai toujours dit que pour faire ce genre de cinéma, il faut pleurer d’un œil et de l’autre il faut penser à ce qui reste de pellicule dans le magasin. Une moitié du cerveau travaille sur l’émotion, et l’autre sur la technique, et en même temps. Or il y a nombre de réalisateurs qui se consacrent exclusivement au contenu. J’ai travaillé avec plusieurs réalisateurs qui "avaient une idée", mais n’avaient aucune "idée" comment la transformer en film." Michel Brault
Considéré comme le père du cinéma-vérité, Michel Brault est décédé à Toronto le 21 septembre 2013 à Toronto à l’âge de 85 ans des suites d’une crise cardiaque, emportant avec lui le seul cinéaste québécois à avoir obtenu le prix de la mise en scène au Festival de Cannes.
Né à Montréal le 25 juin 1928, Michel Brault fait ses premières armes à la caméra et aux éclairages au sein de l'Office national du film, avant même que l'agence fédérale n'ouvre une section française.
En 1958, il cosigne "Les Raquetteurs", première tentative de documentaire où la caméra et le micro sont placés au sein même de la réalité qu'ils objectivent sans parti pris. En fait, le parti pris était de laisser les gens filmés se raconter eux-mêmes.
Avec, entre autres, son compère Pierre Perreault, Michel Brault a inventé un nouveau langage cinématographique qui a fait école: le cinéma-vérité. Les deux ont d'ailleurs signé un film qui a fait date dans la matière "Pour la suite du monde" qui a été en nomination pour une Palme d'Or à Cannes en 1963.
Parlant de ce film, dans une entrevue qu'il accorde en 2004 au site Nouvelles vues sur le cinéma québécois, Brault se rappelle, non sans émotion, le plaisir qu'il a eu pendant le tournage : "Pour moi c'était un émerveillement de découvrir ce pays, et je me suis lancé dans cette aventure grâce à l'enthousiasme qui me poussait à découvrir les gens de l'Isle-aux-Coudres. Je trouvais que c'était un peuple héroïque, dont j'avais envie de parler. Et c'est ce qui m'a nourri, et ce qui m'a permis de faire ce film."
Toutefois, c’est en 1974 qu’il signe son chef-d'oeuvre, "Les Ordres", un pamphlet contre l'arbitraire de la Loi des mesures de guerre qui a conduit à l'arrestation et la détention de 450 personnes prises en otages au cours de la Crise d'octobre de 1970 alors que le gouvernement canadien, appréhendant une insurrection, applique la loi des mesures de guerre. En vertu de cette ordonnance, 450 citoyens sont appréhendés et mis en prison sans qu'aucun acte d'accusation ne soit porté contre. Le film évoque le sort de cinq personnes victimes d'un tel traitement : un ouvrier et sa femme, un médecin, une assistante sociale et un chômeur.
Récipiendaire du prix Albert-Tessier en 1986, nommé Officier à l'Ordre national du Québec en 2003. en plus de recevoir le prix hommage lors du gala des Jutras en 2005, Michel Brault était considéré comme l'un des pionniers du cinéma québécois, un cinéaste qui a permis à la cinématographie québécoise de se faire connaître partout à travers le monde.
Enfin, je termine avec ce commentaire du cinéaste Claude Fournier : "On perd quelqu'un qui avait un oeil, une maîtrise extraordinaire de la caméra. Michel, c'était un oeil, des yeux, un observateur de ce qui se passait devant lui. À cet égard-là, je ne crois pas qu'il y a eu d'autres cinéastes, même dans le monde entier, qui avait cette acuité de regard qu'avait Michel."

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Henri Marineau2093 articles

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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





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