Au moment où j’écris ces lignes, le « NON » est donné vainqueur en Grèce à hauteur de plus de 60 %, ce qui n’est pas rien.
La victoire de la démocratie et du courage d’un peuple !
C’est sûr qu’une semaine, c’est court, trop court pour organiser une campagne de propagande efficace pour « inciter » les gens à bien voter… Remarquez, même avec un peu de temps parfois cela ne fonctionne pas. Souvenez-vous du référendum en France sur la Constitution européenne. Le « non » l’emporta aussi car finalement, les citoyens ne veulent pas de cette Europe-là.
Alors malgré les menaces, malgré des banques fermées, malgré les promesses d’apocalypse pour l’ensemble du peuple grec, ces derniers massivement ont voté non.
Le grand déni européen a été de croire ou de vouloir croire que l’on pouvait cacher indéfiniment la poussière sous le tapis. L’heure des comptes et des décisions a enfin sonné et ce sont les Grecs qui viennent de remettre les pendules à l’heure.
Les « teutons flingueurs »…
N’imaginez pas que ce jeu de mots soit totalement gratuit, au-delà du trait d’humour, il est profondément révélateur.
Retenez ceci.
Aucune réaction de la Commission européenne.
Aucune réaction de l’Eurogroupe.
Aucune réaction du Conseil de l’Europe.
Aucune réaction du Parlement européen.
L’Allemagne ne voulait pas porter la responsabilité historique pour la troisième fois de la destruction de l’Europe, même si cette fois il s’agit d’une destruction économique.
L’Allemagne a enfin l’occasion de se débarrasser de la Grèce en faisant endosser cette responsabilité à la Grèce, conséquence logique du vote populaire sur ce référendum.
Les Allemands veulent donc flinguer la Grèce. Cela va créer un précédent. Le maillon le plus faible sortant, le dernier de la classe prendra la place du maillon le plus faible et les marchés l’attaqueront. C’est donc le détricotage de l’euro qui va bel et bien commencer.
L’Europe suspendue aux négociations franco-allemande de demain
À moins que demain, en recevant Angela Merkel à l’Élysée, François Hollande réussisse en une journée ce qu’il n’a jamais réussi à faire depuis son accession à la présidence, à savoir infléchir la position allemande.
C’est pour cette raison précise que vous n’aurez strictement aucune déclaration demain. Il ne se passera rien dans l’attente du résultat des discussions Merkel-Hollande.
Soyons clair et sans ambiguïté : si la position allemande de refus de négocier avec la Grèce l’emporte, alors l’euro est condamné à brève échéance et la France également car nous serons soit obligés de sortir de l’euro dans la pire des situations économiques et avec un endettement massif lié à notre faible croissance, conséquence d’une monnaie étouffante, soit nous serons obligés de faire la course à l’échalote avec l’Allemagne. Une course à l’austérité, mortifère pour l’avenir de notre pays et que nous n’avons en aucun cas les moyens de gagner.
J’aurais tendance, comme je l’ai fait lors de mon intervention sur BFM, à pronostiquer une débâcle française et l’expulsion de la Grèce de la zone euro (risque que l’équipe de Tsipras et de Varoufakis ont désormais en tête à chaque instant).
Toutes les instances européennes attendent le résultat du choc des titans France/Allemagne.
La seule façon pour François Hollande de faire plier Angela Merkel est de refuser la politique allemande même si cela signifie faire éclater l’Europe. Le problème c’est qu’il est rare qu’un homme habitué des motions de synthèse sache renverser la table et taper du poing dessus.
Si le président ne sait pas le faire demain, alors la France sera totalement isolée et les conséquences économiques et politiques pour notre pays seront dévastatrices.
Il est déjà trop tard, préparez-vous.
Charles SANNAT
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