Les syndicats condamnent l’étude de l’Institut Fraser

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Le mythe des «gras durs» déboulonné





Les syndicats sont en colère contre l’Institut Fraser qui publie une étude invitant le gouvernement à s’attaquer à la rémunération de ses employés de l’État, affirmant qu’elle induit dangereusement la population en erreur.


Jeudi matin, le Journal rendait publique une étude de l’Institut Fraser, démontrant que les avantages des employés du secteur public, par rapport à ceux du privé, sont indéniables.


Par exemple, l’étude soutient que les salaires des employés de la fonction publique sont de 10,8 % plus élevés, qu’ils ont des fonds de pension garantis, prennent leur retraite trois ans plus tôt et ont une sécurité d’emploi nettement supérieure.


«Ça n’a pas d’allure», a même affirmé Philip Cross, chercheur à l’Institut, invitant le gouvernement à couper dans ce genre de dépenses.


Mauvaise foi


De son côté, le président du Syndicat des professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ), Richard Perron, croit que l’Institut Fraser devrait retirer «son voile de think thank de droite» afin de constater «que les employés de l'administration québécoise sont les parents pauvres de la fonction publique».


«C’est une méthodologie trompeuse. On mélange des chiffres qui devraient être distingués pour faire accroire à la population que les salariés québécois gagnent plus que dans le secteur privé, alors que c’est faux», signale M. Perron.


Selon lui, l’Institut ne fait aucune distinction entre les employés fédéraux, municipaux et provinciaux, ce qui tronque les résultats.


Le syndicat se base plutôt sur les résultats de l’enquête réalisée par l’Institut de la statistique du Québec (ISQ), prétextant l’indépendance de l’organisme, qui exprime complètement l’inverse.


«Même si on combine les avantages sociaux, les salariés au gouvernement du Québec gagnent quand même 8,4 % de moins que dans le secteur privé», assure le président et ajoutant que le salaire des employés de l'administration publique québécoise est inférieur de 11,5 % à celui de l'ensemble des autres salariés du Québec.


«L’Institut Fraser induit dangereusement le public en erreur», dit-il, invoquant une étude du Conseil du trésor qui placerait la fonction publique québécoise au 5e rang des meilleurs employeurs, après le gouvernement fédéral, les grandes municipalités, le secteur privé et même les travailleurs autonomes.


Pas compétitif


Il explique cet écart par le manque de compétition du gouvernement face aux offres du secteur privé, principalement chez les jeunes dans les domaines informatiques et d’ingénierie.


«C’est pour ça qu’on est dans l’incapacité de fermer le robinet de la sous-traitance en informatique. C’est parce qu’on est à la solde du privé», explique Richard Perron, soutenant que les problèmes d’expertise au gouvernement découlent de cette mauvaise gestion.


«On est incapable d’avoir une politique d’embauche efficace à cause des salaires moins élevés.»


Front commun


Le Front commun SISP, formé de la CSQ, de la CSN et de la FTQ «déplore» aussi «le peu de sérieux de l’étude de l’Institut Fraser».


«L’Institut Fraser s’immisce sur le terrain politique pour ressusciter le mythe des “gras dur” du personnel des services publics québécois, un mythe maintes fois déconstruit par l’Institut de la Statistique du Québec [...] Le manque flagrant de rigueur de l’Institut Fraser démontre l’objectif poursuivi: justifier de nouvelles attaques envers les femmes et les hommes qui, chaque jour, se dévouent pour assurer des services publics de qualité pour l’ensemble de la société québécoise», conclut Lucie Martineau, porte-parole du Secrétariat intersyndical des services publics.


«C’est n’importe quoi. M. Cross doit vivre sur une autre planète», conclut Lucie Martineau, porte-parole du Secrétariat intersyndical des services publics. «Ils mêlent les fonctionnaires qui sont en négociation avec les employés fédéraux et municipaux. Ces gens-là ne sont même pas en négos.»




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