Les insolences d'une caméra (version 2012)

Une démonstration évidente du cirque auquel participent nos élus fédéraux

Tribune libre


Les plus âgés se souviendront sûrement de l’émission « Les insolences d’une caméra » du début des années ‘60, animée par Alain Stanke, et dans laquelle certaines personnes étaient prises dans des situations plus ou moins loufoques par une caméra cachée.
Eh bien, l’histoire semble vouloir se répéter dans notre auguste parlement canadien où des députés fédéraux membres d'un comité des Communes étudient la possibilité de munir de petites lumières rouges les caméras qui filment leurs échanges en Chambre.
Certains députés affirment que cela les aiderait à savoir à qui s'adresser quand ils prennent la parole. Mais d'autres prétendent que l'idée n'a rien à voir avec ceux de leurs collègues qui sont devenus malgré eux de véritables vedettes sur YouTube après avoir été filmés faisant leur toilette ou faisant un petit somme.
À titre d’exemples, une vidéo mise en ligne sur YouTube, et vue plus de
136 000 fois, montre le député néodémocrate québécois Jonathan Genest-Jourdain qui s'endort derrière sa collègue Françoise Boivin, alors en pleine envolée. Une autre vidéo, celle-là vue plus de 77 000 fois, montre le député conservateur albertain Rob Anders lutter pour rester éveillé.
De son côté, le président du Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre, le député conservateur Joe Preston, affirme qu'une lumière rouge n'empêcherait pas nécessairement les députés d'être humiliés en ligne, mais que cela n'est pas le but premier de l'exercice. Selon lui, certains députés s'inquiètent de sembler parler dans le vide quand ils prennent la parole: une lumière rouge, dit-il, leur permettrait de s'adresser directement à la caméra.
Par ailleurs, Peter Milliken, qui a été président de la Chambre des communes pendant dix ans, rappelle qu'aucun débat véritable ne se déroulera si les députés s'adressent aux caméras plutôt qu'à leurs collègues. «La majorité des députés doivent s'adresser au président ou aux autres députés, ils doivent tenter de convaincre les autres députés grâce à leurs arguments. Donc, d'après moi, c'est ce qu'ils devraient faire au lieu de s'occuper de la caméra», a-t-il affirmé.
En réalité, nous assistons, encore là, à une démonstration évidente du cirque auquel participent nos élus fédéraux traqués par les insolences d’une caméra pour le moins dérangeante!
Henri Marineau
Québec

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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





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