Les «gilets jaunes» dans la rue pour leur 20e samedi de manifestations

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Paris | Les «gilets jaunes» sont retournés dans la rue en France samedi pour leur vingtième journée de mobilisation depuis plus de quatre mois pour réclamer plus de justice sociale, en dépit des interdictions de manifester face à la crainte de nouveaux heurts. 


«En 2025, on aura peut être gagné», lance en riant à l’AFP Sébastien, 46 ans, préparateur automobile au chômage venu en train d’Orléans (centre) pour manifester à Paris. «On sera là tant qu’il (Emmanuel Macron) n’écoutera pas».  




Les «gilets jaunes» dans la rue pour leur 20e samedi de manifestations

AFP





Depuis le début le 17 novembre de ce mouvement inédit, le président français concentre nombre des critiques pour sa politique jugée trop favorable aux Français les plus aisés. Ce mouvement social et apolitique, né sur les réseaux sociaux, est entré en fronde contre la politique fiscale et sociale du gouvernement Macron.  


À Paris, quelques milliers de «gilets jaunes» défilaient samedi dans le calme, après avoir rejoint un rassemblement contre la fin de la trêve hivernale des expulsions. Tous devaient rallier la place du Trocadéro dans l’après-midi.  


Échaudée par de nouveaux saccages sur les Champs-Élysées il y a deux semaines, la préfecture de police de Paris a de nouveau interdit les manifestations sur la célèbre avenue, ainsi que dans un périmètre incluant l’Élysée et l’Assemblée nationale. 


Monique, 62 ans, promet de manifester « =tant qu’ils n’auront pas cédé sur les revendications qu’on demande: le RIC (référendum d’initiative citoyenne), le pouvoir d’achat, les retraites». «Le carburant avait baissé au début des manifs, et là il a remonté encore plus haut, donc ils se foutent de nous», commente auprès de l’AFP cette résidente des Hauts-de-Seine (région parisienne), cadre dans l’événementiel.  


Cet acte 20 devrait connaître une nouvelle hausse du nombre de manifestants dans les régions, selon une source policière. Face au lourd dispositif policier déployé à Paris, les autorités craignent une délocalisation des heurts dans les villes de province. 


À Avignon (sud), où toute manifestation de «gilets jaunes» était interdite samedi à l’intérieur de la ville et hors des remparts l’entourant, une centaine de manifestants, en majorité des femmes, se sont rassemblés à la mi-journée non loin du célèbre Palais des papes. «Non à la dictature, on a le droit de manifester, on est en France», criaient-ils. 


Hors des remparts, plusieurs centaines de manifestants se sont rassemblés sur un boulevard périphérique. En début d’après-midi, les forces de l’ordre ont lancé des sommations pour qu’ils se dispersent. 


À Bordeaux (sud-ouest), l’un des bastions du mouvement, des centaines de «gilets jaunes» ont commencé à converger en début d’après-midi. Nombre de magasins ont fermé leurs portes, leurs devantures protégées par des contreplaqués. Vendredi, le nouveau maire Nicolas Florian a décrété une journée «ville-morte», se disant «très inquiet de ce qui pourrait se passer».  


Dans le centre de Toulouse (sud-ouest), plusieurs centaines de personnes étaient présentes au départ de la manifestation. La préfecture a renouvelé son interdiction de manifester sur une place du centre. 


Une manifestation devrait également avoir lieu à Nice, où, la semaine dernière Geneviève Legay, 73 ans, une porte-parole de l’association altermondialiste Attac, a été blessée dans une charge des forces de l’ordre.  


Samedi dernier, 40 500 personnes ont manifesté en France, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur, contestés par les «gilets jaunes» dont le propre comptage a recensé 127 212 manifestants dans le pays.