Les conservateurs fédéraux estiment que si le gouvernement Trudeau est prêt à investir des milliards de dollars pour sauver l'oléoduc Trans Mountain vers la côte ouest, il devrait pouvoir aussi fournir le même effort pour relancer l'oléoduc Énergie Est jusqu'au Nouveau-Brunswick.
Les partis d'opposition aux Communes ont accentué leurs attaques, mercredi, contre la décision du gouvernement Trudeau d'acheter les actifs de Trans Mountain, pour 4,5 milliards $, afin d'assurer son expansion. Cet accroissement permettrait de tripler la capacité de l'oléoduc qui achemine déjà du pétrole d'Edmonton jusqu'au terminal maritime de Burnaby, en banlieue de Vancouver.
Les conservateurs ont tenté, mercredi, de voir jusqu'où le gouvernement serait prêt à aller pour d'autres oléoducs, alors que le Nouveau Parti démocratique affirmait que les libéraux ont complètement tourné le dos à leurs principes en matière environnementale.
La députée conservatrice Lisa Raitt a affirmé que les libéraux semblaient tenir pour acquis les 32 sièges qu'ils ont remportés au Canada atlantique lors des dernières élections — un balayage complet. Le gouvernement libéral, a-t-elle soutenu, est prêt à appuyer Trans Mountain mais n'a pas offert le même sauvetage au prolongement de l'oléoduc Énergie Est jusqu'au port de Saint-Jean, lorsque le promoteur TransCanada a jeté l'éponge en octobre dernier.
Lors de la période de questions aux Communes, mercredi, le premier ministre Justin Trudeau a qualifié de «vieille nouvelle» le projet Énergie Est. Il a plaidé que les conservateurs sont simplement gênés que de nouveaux oléoducs n'aient pas été construits pendant qu'ils étaient au pouvoir.
Au moins un député libéral d'arrière-ban partage cependant le point de vue de l'opposition au sujet d'Énergie Est. Wayne Long, député fédéral de Saint John — Rothesay au Nouveau-Brunswick, a mentionné que tout en étant heureux de la décision concernant Trans Mountain, il aimerait que Justin Trudeau évalue à nouveau le dossier d'Énergie Est.
«Je demande simplement à mon gouvernement de jeter un oeil à TransCanada, Énergie Est, pour voir si les parties pourraient trouver une façon de reconsidérer, redémarrer, relancer le processus», a déclaré le député néo-brunswickois.
Le ministre des Finances Bill Morneau a toutefois affirmé devant la Chambre de commerce de Calgary, mercredi, que l'entente avec Kinder Morgan n'établit pas un précédent en vue d'autres projets, mais qu'il s'agit d'un cas unique.
De son côté, le chef néo-démocrate, Jagmeet Singh, a dit comprendre parfaitement la frustration de ceux qui prévoient manifester contre l'oléoduc Trans Mountain. Condamnant toute violence, M. Singh ne donnera par ailleurs aucune directive à ses députés, ni à qui que ce soit, sur les limites que devraient s'imposer les manifestants qui veulent défendre leurs principes.
M. Singh a rappelé qu'il existe une longue tradition de désobéissance civile non violente au Canada, et qu'il ne condamnera pas les personnes qui manifestent pour exprimer leur frustration et leur colère.
Le député néo-démocrate montréalais Alexandre Boulerice a par ailleurs été ramené à l'ordre par le président de la Chambre, mercredi, pour avoir qualifié la décision du gouvernement de «décision de sans-dessein».
Andrew Sheer, chef du Parti conservateur, dit croire que «les libéraux auraient aimé que les gens pensent que (d'acheter) c'est la seule façon de concrétiser la construction de l'oléoduc». Il estime cependant que «de plus en plus de Canadiens réalisent que le fait qu'il soit nationalisé est le résultat d'autres choses qui auraient pu être évitées si ce gouvernement avait pris les bonnes décisions».
Andrew Sheer croit que tout cela aurait pu être évité si Ottawa avait renforcé son autorité concernant les oléoducs par l'adoption de lois et en utilisant les tribunaux dès le début du conflit entre l'Alberta et la Colombie-Britannique.