Les bobettes pompettes

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«Les Libéraux n’ont plus qu’à s’accorder un accommodement et porter un sac brun sur la tête jusqu’au prochain scrutin »

Ils sont vernis, les libéraux. Hier contrits devant le racisme et la discrimination systémique, aujourd’hui, à genoux devant la majorité souchienne, écartelés entre l’indifférence et l’exaspération devant ce petit peuple tapageur, têtu et mou mais toujours debout...


Comme on s’y attendait, la commission parlementaire sur le racisme de la majorité taxable a été transformée; on a changé le nom du tribunal en ratatinant son mandat: au lieu d’une commission, on aura plutôt droit à un «forum» promouvant la «valorisation de la diversité et la lutte à la discrimination».


Rien à cirer, direz-vous, de cette chorale. Il en sera ainsi pour la majorité, effectivement.


Et, politiquement, le mal est fait pour les libéraux. Ils n’ont plus qu’à s’accorder un accommodement et porter un sac brun sur la tête jusqu’au prochain scrutin.



C’est l’inénarrable David Heurtel, le nouveau ministre de l’Immigration, qui se chargera de déminer le champ de bataille.  Si tant est que cela serve à quelque chose...


Son départ du ministère de l’Environnement a été applaudi par les bélugas et il sera sans doute tout aussi divertissant avec les immigrants, les réfugiés et, s’il lui reste un peu de temps, avec la majorité francophone de souche qui ne sait toujours pas où veut en venir son fichu gouvernement...


Il a bien choisi son moment, M. Heurtel, pour annoncer le recul du gouvernement: le Québec est en émoi, excité comme s’il avait vu Céline à l’Aubainerie, déboussolé par les frasques sexuelles d’Éric Salvail et de Gilbert Rozon, des vedettes locales jouant au chef d’orchestre avec leur queue.


Salvail avait l’habitude de sortir son instrument, pour un oui ou un non, devant n’importe qui et n’importe où. C’est ce qu’a dévoilé La Presse, après l’obtention de maintes confirmations...


Il voyait un petit nouveau et paf, Salvail souffrait illico du réchauffement de la braguette.


Rozon ne se contrôlait tout simplement pas et se lancait sur celle qui passait en filant aux toilettes...




On imagine sans mal le malaise des métrostars Guy A., Véro, Julie et cie. Ils les connaissent et les côtoient depuis si longtemps, leurs amis Éric et Gilbert, deux salauds patentés.


Ils ont ri, mangé et bu avec eux. Eux qui embauchent et qui distribuent les cachets... Qui font la pluie et le beau temps, le succès ou l'échec de la carrière des débutants, des débutantes...


Salvail, c’est le gay de la gang. Qu’il ait emmerdé les petites mains du showbiz durant des années, ça ne les regardait apparemment pas. Rozon, c'était le king du 375e de la Grosse Poire... Le marquis de l'humour, riche comme Crésus, mais déjanté devant une cuisse ou une poitrine...


C’était plus facile pour Lepage de traiter Weinstein de gros cave que de s’indigner avec des gros mots devant les inconduites de Salvail... Même réserve avec Rozon. La télé poubelle, drapée dans son chic et sa vertu...


Mais qui se serait sans doute laisser aller plus facilement à l'injure si la radio de Québec avait été touchée par des scandales de cette ampleur...


Ajout: Mais je le comprends, leur malaise, je le conçois aussi. C'est plus facile de beurrer un lointain Américain... C'est plus facile, pour moi, de planter Salvail ou Rozon...


J'apprends que Gilles Parent, l'étoile polaire de la radio de Québec, a admis des inconduites sexuelles. Parent, un monument. Ça me fout en rogne. C'est lui qui, jadis, m'a fait découvrir la radio, le plaisir de parler, parler longtemps... Comme ceux qui l'ont côtoyé professionnellement, je suis décontenancé. Comme Guy A. Lepage, peut-être... Je suis déçu, furieux et triste à la fois. 


Après Jutra et consorts, le showbiz québécois (montréalais surtout) n’en peut plus de se voir imparfait... Une révision de sa fiscalité systémique achèverait de le déprimer...


Enfin bref, pour Heurtel, le déficit d’attention dont souffre le Québec aura été bénéfique...




Il a pu larguer la présidente de la commission des droits de la personne, une certaine Tamara Thermitus, trop autoritaire pour la fonction publique québécoise...


Ce forum dont tout le monde se fout sera donc pris en charge par le gouvernement; ainsi s’assurera-t-il de son insignifiance.


Simultanément, un mandataire spécial est dépêché à la même commission pour expliquer au même gouvernement qui, quand et pourquoi, les uns et les autres sont partis en congé de maladie, avec tous les avantages dûs aux fonctionnaires.


Remarquez que, dans cet univers parallèle, c’est un réflexe quand ça va mal...


Un cadre de cégep s’est porté pâle quand on a découvert une foule d’achats incongrus sur une carte de crédit de l’institution.


La direction a fait des bulles: Hein? Quoi? Mais qu'est-ce? Non, je ne sais que vous dire...


Hôtel à Bromont, à Toronto. Du vin à la SAQ, des billets de train et au Centre Bell? Des milliers de dollars dépensés durant des mois, au supermarché ou au resto, sans que personne ne se doute de rien...


Remarquez que c’est l’austérité depuis des années alors on ne compte plus les dépenses inutiles, on en finirait plus...


Et les naïfs finiraient par comprendre que ça na va pas aussi mal que veulent le faire croire les choristes syndicaux.




Enfin bref, sous la cloche de verre du Québec, il y avait bien peu de gens pour se soucier de la diversité raciale ou de l’absence prolongée des fonctionnaires...


Dans la Belle province, pour le moment, on en a que pour les bobettes pompettes de Salvail... Et pour la chute du Néron de l’humour...


«Il se passe quelque chose d’important sur la planète», a dit la visionnaire ministre Hélène David, mercredi soir, au confessionnal 24/60...


Le plus triste, c’est l’ombrage que tout ça fait planer sur l’actuelle campagne de souscription des solidaires. Pour compenser, promis, j’allumerai un cierge à la mémoire de Lénine à la messe de minuit.