Le soulèvement en Libye et les mains liées de l'occident

Tribune libre

Ce n’est pas juste à cause du pétrole que l’occident a les mains liées par rapport à ce qui se passe en Libye. D’autres considérations entrent en jeu et que d’aucuns occultent délibérément pour ne pas éclabousser ce qui pourrait servir d’alibi contre les intérêts des uns et des autres.
Depuis le début de ce soulèvement populaire, l’Europe ne s’est pas gênée en effet pour vendre à Kadhafi un armement destiné à réprimer les émeutes, du matériel de brouillage électronique, celui-là même qui a servi pour bloquer Internet, les réseaux de GPS et de GSM en Libye.
Quelques chiffres, rien que pour les deux dernière années, sur ce qui a été vendu à Kaddafi:
Armes légères:
Par Malte : pour un montant de 79,7 millions d’euros (2009)
Par la Belgique : pour 18 millions d’euros (2009)
Par la Bulgarie : pour 3,7 millions d’euros (2008)
Matériel de brouillage électronique:
Par l’Allemagne : pour 43,2 millions d’euros
Par la Grande Bretagne : pour 20,7 millions d’euros
Produits et matériel anti émeutes:
Par la Belgique : pour 4,4 millions d’euros en produits chimiques anti-personnel utilisée pour réprimer les émeutes
Par l’Italie : pour 2,6 millions d’euros en bombes lacrymogène.
Divers armements et équipement pour les avions rentrant dans le cadre d’un usage anti émeutes:
Par l’Italie : 107, 7 millions d’euros pour les avions militaires, y compris les engins d'assaut, et des équipements associés.
Pour la France : 17,5 millions d’euros
Par le Portugal : 14,5 millions. Le Portugal a également fourni pour 4,6 millions pour les drones.
D’autres documents indiquent comment une livraison de plus de 100.000 Kalachnikov AK47 a pu parvenir à ses des factions tchadiennes ou soudanaises malgré un semblant de blocus.
(Source : http://213.251.145.96/cable/2008/11/08TRIPOLI868.html)
Il est indéniable que les États européens donnent l’impression de se soumettre aux pressions des ONG mais finissent toujours par vendre de l’armement, par le biais d’intermédiaires, au régime de dictateurs sanguinaires. Les mains liées de l’occident brassent tout de go dans les profondeurs en ne ratant aucune occasion de faire valoir la loi du dollar plus fiable que celle de la vie humaine. Dans ce magma d’intérêts qui s’entrechoquent, la nécessité de pallier aux urgences pour sauver des vies n’est pas une priorité. C'en es une évidence puisque la majorité des pays occidentaux est généralement contre le processus de démocratisation des pays arabes, ils savent très bien que les soulèvements de ce genre les empêcheraient de faire des affaires d’or avec les dictateurs qu’ils soutiendront à vie. L’occident sait pertinemment qu'une fois les pays arabes affranchis des dictatures, ils ne seront plus des jouets entre leurs mains et auront leurs mots à dire dans la politique de leur pays et dans tout ce qui se passe dans le monde (entre autre en Iraq, Palestine...) et ce n’est pas pour rien que cela inquiète à un plus haut point.
Maintenant que Les gouvernements en occident sont assez occupés à sécuriser le canal de suez, à surveiller toute approche des islamistes fondamentalistes afin de répondre présent au paranoïaque appel d’israel pour sa propre sécurité, on ne peut parler du rôle de la fantomatique ligue des pays arabes qui ne se réunit désormais que pour aider à maintenir une certaine « stature» de concertation collective en Orient, et qui sert pertinemment les intérêts des États-unis dans la région. Il ne reste plus à la Libye qu’à compter sur la légitimité des revendications des jeunes et à leur courage pour évincer définitivement Kaddafi. Les incidents isolés de tueries de prêtres en Tunisie ou ailleurs ne peut entacher l’authenticité de ces soulèvements de toute une jeunesse arabe écoeuré, et qui se désaffilie majoritairement de ces incidents. Les éternels sceptiques sur les tenants et aboutissants de ces soulèvements se souviendront longtemps que les mains liées de l’occident face à ce qui se passe en Libye est un permission ouverte à ce qui est entrain de s’annoncer comme l’un des génocides le plus sanguinaires de ce 21ème siècle.
Kamal Benkirane


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