Le renard et le corbeau (version Lucien Bouchard)

Tribune libre

Après la défaite de l’option souverainiste lors du référendum de 1995 et la démission de Jacques Parizeau de son poste de Premier ministre du Québec, lorsque Lucien Bouchard devient chef du Parti québécois le 27 janvier 1996 et assermenté Premier ministre du Québec deux jours plus tard , les souverainistes y voient l’arrivée du messie qui les conduira à la terre promise.
Toutefois, les illusions vont rapidement s’estomper derrière les événements subséquents qu’il m’apparaît essentiel de rappeler pour une juste compréhension du personnage qui se cache derrière le politicien charismatique de l’époque.
Dès son arrivée en poste, sur la question de la souveraineté, Lucien Bouchard déclare qu'en raison de l'absence de « conditions gagnantes », dont il ne précise pas la nature, aucun référendum ne sera déclenché, une des principales préoccupations du gouvernement Bouchard et considérée comme faisant partie des conditions gagnantes, étant la récupération économique à travers le « déficit zéro ».
Cinq ans plus tard, soit le 8 mars 2001, Lucien Bouchard démissionne à son tour de son poste Premier ministre en déclarant que son échec à ranimer la flamme souverainiste est une cause de son départ, et il en prend la responsabilité dans un discours d'adieu « poignant ».
Considéré comme plus modéré sur la question de la souveraineté que les Premiers ministres péquistes précédents, Lucien Bouchard faisait alors également face aux critiques des radicaux de son parti, pour ne pas avoir engagé le Québec dans un troisième référendum sur la souveraineté dans le cours de son mandat, six ans après le second.
Onze ans plus tard, l’avocat de malheur au cabinet Davies Ward Phillips & Vineberg rebondit de son siège du 26e étage d'une tour du centre-ville de Montréal pour clamer du haut de sa fatuité outrancière que c’est grâce à lui si
« la cause » est venue à un cheveu de se réaliser en 1995, reléguant grossièrement Jacques Parizeau dans le placard des personnages secondaires alors qu’il est de notoriété publique que, sans l’insistance de Jacques Parizeau, le référendum n’aurait pas eu lieu, compte tenu de la forte résistance de Lucien Bouchard au projet référendaire .
Et pourtant, encore aujourd’hui, l’avocat du diable, de son air pompeux, ose se proclamer toujours souverainiste tout en invitant son ancien parti à mettre au rancart sa principale raison d’être au profit d’autres « priorités »…le même personnage perfide qui affirmait jadis que tout progrès significatif en éducation, en santé ou en création de la richesse était tributaire de la sortie du Québec du carcan fédéral canadien.
Enfin, pour ajouter l’odieux à la perfidie, notre renard légendaire publie
« Lettres à un jeune politicien » dans lesquelles il revient à la charge en qualifiant les référendums d’initiative populaire d’« aberration risquant d’affaiblir encore plus le Québec »…une supercherie qui ressemble à s’y méprendre à celle du renard de La Fontaine vis-à vis le corbeau!
Henri Marineau
Québec

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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





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