Commission Charbonneau

Le pavé dans la mare

Où loge Renaud Lachance?

Tribune libre

Quatre ans d’enquête au coût de 44,8 millions $ pour un rapport de 1741 pages sur lequel les deux commissaires n’ont même pas été capables de s’entendre sur un chapitre aussi crucial que le canal érigé entre le financement des partis politiques et les contrats accordés aux entreprises de la construction…Et tout cela devant la même preuve présentée devant leurs yeux!

Pour le commissaire Renaud Lachance, la preuve d’un réseau de corruption entre les partis et la construction n’a pas établie hors de tout doute raisonnable alors que pour France Charbonneau, il ne subsiste aucun doute. Quand même pour le moins curieux qu’ils en arrivent à deux conclusions différentes sur un chapitre aussi important du rapport.

Une telle dissension entre les deux commissaires fait sans doute le bonheur des partis politiques impliqués dans cette « supposée affaire », en particulier du PLQ et de Jean Charest qui doivent être « reconnaissants » envers Renaud Lachance. Toutefois, aux yeux de la crédibilité de la Commission, c’est un pavé dans la mare qu’elle reçoit en plein visage au grand dam de sa légitimité…Un poids qui n’a pas fini de remonter à la surface au cours des prochains mois!

Où loge Renaud Lachance?

Aux dires de Renaud Lachance « il y a un lien entre le financement des partis politiques et la gestion d'un contrat public lorsque les entrepreneurs en construction se sentent contraints de contribuer à un parti ou de participer à une activité de financement à la demande d'une firme de génie parce qu'elle supervise ses travaux, approuve sa facturation ou recommande ses avenants, ou extras, au donneur d'ouvrage public ».

Or, toujours selon le commissaire Lachance, « ce lien n'a pas impliqué les élus, selon les témoignages entendus à la Commission ». Et, de poursuivre M. Lachance, « il y a un lien entre le développement des affaires et le financement des partis politiques au niveau provincial. Ce lien ne doit pas cependant être confondu avec celui, faisant l'objet du mandat de la Commission, d'un lien entre l'octroi d'un contrat et le financement des partis politiques ».

C’est ce que j’appelle un argumentaire emberlificoté tissé de méandres qui nous conduisent inévitablement vers le cul-de-sac. Une version des faits tendancieuse qui place le lecteur dans une zone grise de laquelle il est difficile de se sortir sans qu’elle ait laissé au passage un doute sur les conclusions de la commissaire France Charbonneau qui établit, de son côté, qu’il « est possible de conclure que, durant les années visées par le mandat de la Commission, un lien unissait le versement de contributions à des partis politiques provinciaux et le processus d'octroi de contrats publics ».

Toutefois là où le bât avec le plus d’acuité, c’est que, comme « par hasard », la position du commissaire Lachance épouse littéralement celle du Parti libéral du Québec en matière de financement politique…De quoi nous laisser pour le moins sceptique sur la scène où loge véritablement Renaud Lachance!

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Henri Marineau2093 articles

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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





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2 commentaires

  • Henri Marineau Répondre

    16 décembre 2015

    Correction: Dernier paragraphe, il faut lire:
    "Toutefois là où le bât blesse avec le plus d’acuité..."

  • Archives de Vigile Répondre

    27 novembre 2015

    Quelque soit la décision ou ce qu'en pense les commissaires, ce n'est pas eux qui décident mais le DPCP, (Directeur des Poursuites Criminelles et Pénales) le juge Louis Dionne et le directeur de l'UPAC , Robert Lafrenière qui pouvaient décider de porter des accusations. Si aucun des deux ne porte des accusations, tout s'arrête là. L'UPAC a été créée pour prendre le contrôle de l'Opération Marteau qui fonctionnait très bien et qui elle, aurait porté des accusations. Dire qu'il manque de preuves, c'est rire du monde. Il y a des cas qui sont tellement flagrants que c'en est ridicule. On vient de faire la démonstration, la preuve de ce que j'ai toujours dit, la province de Québec est la province la plus corrompue. Le politique est au dessus de la justice, il la contrôle complètement. Vous voulez une autre preuve? Le cas Lise Thibault dont on éternise la cause. Ce n'est pas assez? Vous en voulez encore une autre? Le matricule 728 dont on éternise encore la cause.