Le lego-logo de Legault

Tribune libre

Le lego-logo de Legault
Quand c’est laid, c’est laid. Laid comme le drapeau américain ou Séraphin revu mais non corrigé. Bourgault disait qu’avec le recul du temps il trouvait un peu naïf le soin que lui et les fondateurs du RIN avaient pris pour se donner un logo qui serait d’abord beau à regarder. Belle naïveté! Saine naïveté: donner priorité à la beauté plutôt qu’à la laideur et au $.
Le lego-logo de Legault est laid et, en plus, in-signifiant. Il peut signifier à la fois un peu tout et rien.
En effet, tu te demandes: "Mais, mais, de quoi diable s’agit-il?" D’un lego pour enfants de la maternelle? D’un moulin à vent miniature pour sènateur francofun déconnecté? D’un hochet multiculturel? D’une amulette pour Casques durs en Afghanistan? D’un rouet pour catalogne? D’un ticket de la Commission des transports d’Istanbul (CTI)? D’une macédoine aplatie en tarte? Du symbole d’un fabricant d’éoliennes? D’une marotte pour hommes d’affaires insomniaques? Ou peut-être d’un bidule publicitaire comme ceux diffusés en boucle par Walmart et autres pollueurs? - Au choix.
L’usage le plus approprié qu’on peut faire de ce machin à pédales, c’est de le donner aux enfants de la maternelle: qu’ils le découpent au ciseau et utilisent les pales ou palettes récupérées à des fins ludiques.
La légende ON VERRA qui accompagne ce lego-logo n’est pas de nature à nous éclairer davantage.
Ce lego parle de l’avenir de Québec. De quel avenir? L’avenir de 5 ou 10 ans. Le temps de refaire une santé au Business du Québec. Ces caquistes sont avant tout des hommes d’affaires, pour ne pas dire des affairistes. Pour eux, la santé mentale d’un peuple, c’est d’abord et avant tout la santé du business.
D’autres peuvent faire une analyse plus étendue et poussée (et plus sérieuse?) du programme caquique. Moi, je n’en pointe ici qu’un article: celui du salaire des enseignants. Il faut raisonner comme un comptable désagrégé pour s’imaginer qu’en élevant le salaire des enseignants on élèvera d’autant le niveau de qualité de l’éducation. Actuellement, les jeunes enseignants ont un mal du diable à garder le goût d’enseigner. Et ce dégoût n’a rien à voir avec leur salaire, qui est décent. Ce sont les conditions de travail qui sont devenues indécentes: les désordres de la famille relayés à l’école-usine-garderie, les méthodes pédagogiques d’avant-garde béant sur le vide, le culte du minimum et du "passable", culte soigneusement élaboré, entretenu et développé au fil des ans et des expériences centrifuges, toutes ces astuces inventées et imposées pour ne pas lire, écrire et penser, et ces programmes débiles qu’on a sans cesse renouvelés en vue de produire de façon industrielle des analphabètes diplômés, aptes à faire des transferts "cool" et "structurants" entre des connaissances qu’ils ignorent.
Au cours de ma longue carrière d’enseignant, je me suis battu (en vain?) contre ce crétinisme de notre système d’éducation. Et je vous jure que si on remplissait le bunker ou Complexe G de caquistes: penseurs en apesanteur, gestionnaires en orbite, pédagogues in vitro, enseignants déserteurs fuyant comme la peste le plancher des vaches et foremen bien au fait du business, notre système d’éducation ne s’en porterait que plus mal, lui qui est déjà rendu au pire, comme l’amnésie des Québécois.
"Mais qu’importe!" dira ON. Ce qui importe, c’est d’abord les affaires. Aprés, s’il reste du temps - et, bien évidemment, il n’en restera jamais assez -, on pensera à sortir la belle province d’un pays étranger et asphyxiant pour en faire le pays Québec à l’air et à l’ére libres. Mais pour faire des affaires, et même des grosses, très grosses, il n’est pas nécessaire d’être indépendant (même si on a soutenu fermement le contraire quelques années plus tôt). Avoir un idéal provincial, dans une province Incorporated and Limited, ça suffit amplement pour gravir les échelons du fric et de la gloire. À preuve: Power Desmarais Corporation, les barons des commandites, les gros et gras entrepreneurs qui versent dans la caisse libérale le surplus de leurs vols, ceux qui nous ont soustrait quarante milliards et qu’on a récompensés par des primes de départ mirobolantes, Norbourg, le double salaire de Charest, etc., etc.
J’exagère? Sûrement pas pour la peine.

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Viateur Beaupré32 articles

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Professeur à la retraite. Écrivain. Horticulteur, pêcheur et chasseur. Se bat depuis quarante ans pour défendre le français et l’indépendance du Québec.

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