Le français progresse à la Banque Nationale

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Pris à reconquérir ce qui nous appartient

(Montréal) Le grand patron des technologies de l'information (TI) de la principale banque du Québec peut enfin s'exprimer dans la langue de Molière.
Ce n'est pas parce que le titulaire du poste depuis 2007, John B. Cieslak, a appris le français. C'est plutôt parce que l'institution financière a nommé en avril un nouveau premier vice-président TI, Dominique Fagnoule, Belge et francophone, qui arrive de BNP Paribas.
Sans tambour ni trompette, M. Cieslak, âgé dans la mi-cinquantaine, a quitté ses fonctions le 1er mars dernier. Il agit depuis ce temps à titre de conseiller stratégique au président Louis Vachon jusqu'au 31 août 2014, après quoi il prendra sa retraite de la Banque.
La mutation de M. Cieslak avait été annoncée à l'interne dès septembre 2012. Son successeur est entré en fonction le 1er avril dernier. M. Cieslak n'est plus membre du Bureau de la présidence, le nom donné au comité de direction de la BN.
Le départ de M. Cieslak des TI n'a rien à voir avec son unilinguisme, explique-t-on à la banque.
«Ce mouvement fait partie du processus de succession qui est en place au Bureau de la présidence, explique Claude Breton, vice-président adjoint, affaires publiques. Il y a un processus structuré de remplacement de nos exécutifs, et John voulait faire autre chose.»
Langue de travail
L'incapacité de M. Cieslak à parler français avait fait l'actualité en novembre 2011 dans la foulée des révélations de La Presse à l'égard des patrons anglophones unilingues à la Caisse de dépôt et placement du Québec.
Selon des témoignages recueillis à l'époque, l'anglais était devenu la principale langue de travail d'un grand nombre d'employés à la Banque Nationale, en particulier dans le secteur des TI.
Sous le règne de M. Cieslak, les communications devaient s'y faire en anglais, y compris les réunions au sein de sa division. Des francophones unilingues étaient écartés, nous avaient confié plusieurs sources à l'interne. Une affirmation que la Banque Nationale a toujours nié.
Les reportages de La Presse avaient suscité un tollé dans la population. Le populaire animateur Guy A. Lepage avait confié au quotidien Le Devoir qu'il songeait à sortir ses billes de l'institution, à la lumière des réactions timides de la Banque à l'égard de l'anglais au travail.
Trois séries de mesures
L'institution financière avait rapidement réagi. Trois séries de mesures ont été alors avancées pour favoriser le français au sein de l'institution.
La première a trait à la langue utilisée au cours des réunions. Les réunions se font en français, sauf dans certains cas particuliers comme le programme MAX - le plus important lié aux TI - qui compte une grande portion de consultants internationaux anglophones. Une autre mesure touche les contrats externes. La dernière mesure concerne les cours de français. «John Cieslak suivra des cours de français», avait assuré la Banque dans un communiqué à l'époque.
«Il en a pris, confirme M. Breton, mais comme on a annoncé son départ [des TI] en septembre 2012, on ne peut pas dire qu'il a eu de nombreux mois d'apprentissage du français. Il n'a pas développé une maîtrise suffisante pour tenir des réunions en français, on le reconnaît.»
Quant à M. Fagnoule, il possède plus de 25 ans d'expérience en TI, dans le secteur des services financiers. Avant son arrivée au Canada, il agissait à titre de chef des technologies de l'information (CIO) chez BNP Paribas-Personal Finance, un leader des services financiers en Europe. Il a également occupé plusieurs postes chez Fortis aux Pays-Bas et en Belgique. Sous la gouverne de M. Fagnoule, qui est bilingue, les réunions et les communications au sein des TI se passent en français, assure-t-on à la banque.


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