Expulsion de Maria Mourani du caucus du Bloc québécois

Le franc-parler au pilori

Tribune libre

L’expulsion de Maria Mourani du caucus du Bloc québécois suite à ses prises de position concernant le projet de Charte des valeurs québécoises remet sur la table le débat entre l’opinion d’un membre d’un parti politique et la ligne de parti.
Reconnue pour son franc-parler, Maria Mourani n’y est pas allée avec le dos de la cuillère en accusant Bernard Drainville de « faire fausse route » en instaurant une « discrimination contre les femmes » et en déplorant que le PQ s’apprête à perdre des joueurs « qui ne veulent plus faire partie de ce mouvement-là parce qu’ils pensent que c’est un nationalisme ethnique ».

La goutte d’eau venait de faire déborder le vase…Aux yeux du chef du Bloc, Daniel Paillé, c’en était assez. Devant le refus de Mme Mourani de cesser de s’exprimer « de façon aussi virulente », on allègue dans l’entourage de Daniel Paillé qu’il n’avait d’autre choix que de riposter à ce refus de suivre la ligne de parti.
Pourtant, à cet effet, Bernard Landry invoque que la ligne de parti n’est pas véritablement en cause puisque le vote sur la Charte des valeurs québécoises ne se tient pas à la Chambre des communes et, qu’en ce sens, la direction du Bloc a commis une « erreur » en expulsant la députée bloquiste du caucus. « C’est une émission d’opinion dans un débat démocratique important… Je suis profondément attristé, a poursuivi l’ancien premier ministre. J’ai une immense sympathie pour cette femme. Ç’a été une militante exceptionnelle. Elle est elle-même un modèle d’intégration. Elle n’est pas née sur les rives du Saint-Laurent, mais sur les rives de la Méditerranée, et elle est devenue profondément québécoise. »

Quant à la grogne suscitée par la décision du chef du Bloc, ce dernier a refusé de s’inquiéter et s’est défendu d’empêcher le débat. « On peut être en désaccord sur certains aspects. Mais de manière aussi virulente… On ne pourrait pas faire son rôle de député du Bloc québécois, qui est de faire valoir à Ottawa les intérêts du Québec sans compromis. »

Mais là où le bât blesse avec acuité, c’est que M. Paillé et Mme Mourani se rejoignent sur une position commune relativement à l’interdiction de porter des symboles religieux sur les lieux de travail, le chef du Bloc laissant lui-même entendre que la proposition péquiste allait peut-être trop loin, tout en rappelant la position du Bloc devant la commission Bouchard-Taylor proposant l’interdiction de symboles religieux pour les postes « qui représentent l’autorité de l’État », le parti allant même jusqu’à dire qu’il voyait « mal la pertinence d’une interdiction globale ».
Alors, M. Paillé, où est votre congruence? À moins que vous ne l’ayez reléguée quelque part entre Ottawa et Québec…et si c’était le cas, je vous conseille d’installer vos pénates sur les terres de vos commettants, à savoir les Québécois!
Henri Marineau
Québec

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Henri Marineau2032 articles

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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





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10 commentaires

  • Henri Marineau Répondre

    15 septembre 2013

    15 mars 2013...Au moment où j'ai écrit cet article, j'ai voulu défendre le franc-parler en tant que valeur fondamentale dans une société qui se veut démocratique, une attitude qui vient contrecarrer la "langue de bois" de plusieurs politiciens.
    Toutefois, à la lumière des informations que j'ai pu lire et entendre sur Maria Mourani, j'ai maintenant de sérieuses réserves sur la "direction" qu'emprunte son "franc-parler". à savoir la limite entre ses intérêts personnels et son allégeance politique!...À suivre!
    Pour des raisins d'honnêteté et de congruence, je me devais d'apporter ces précisions aux lecteurs de Vigile.

  • Archives de Vigile Répondre

    14 septembre 2013

    Dire que j'ai voté pour elle à la dernière course à la chefferie du BQ Très décevante ma députée.Je crois que son échec lui est resté dans la gorge.Je me sens trahie,elle
    qui a eu mon vote durant toutes ces années.Remettre en
    question son allégeance indépendantiste pour un projet de loi si souple-trop à mon avis- Je constate que sa conviction
    était surtout opportuniste et très faible.Je souhaite que
    les indépendantistes donnent leurs appuis au ministre Drainville. Décidément on nous aime soumis et docile.Quand nous nous affirmons nos ennemis de déchaînent,ils sortent
    leur artillerie.Encore une fois une indépendantiste molle
    était dans nos rangs.Elle n'aura plus jamais mon vote.

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    14 septembre 2013

    M. Y. Rancourt conclut, prudemment: "Je ne voudrais pas être injuste pour elle mais, qui sait, cette sortie était peut-être calculée de sa part ?"
    Plus méchamment: "calculée" "$$" : Ottawa ou Québec?

  • Archives de Vigile Répondre

    13 septembre 2013


    N'essayons pas d'être plus ROYALISTE que le ROI.
    L'ancien Roi du Maroc, Hassan II, interrogé par une journaliste Française, dit:
    Les arabes ne seront jamais de bons Français, ils ne seront jamais intégrés.
    Si c'était une journaliste du Québec, qui l'avait interrogé, je pari qu'il aurait dit les mêmes paroles:
    Les arabes ne feront jamais de bons Québécois ou de bons Canadiens.
    http://www.youtube.com/watch?v=WX8MSLCgFb0

  • Archives de Vigile Répondre

    13 septembre 2013

    Monsieur Marineau êtes vous de mauvaise foi?
    Certe madame Mourani as le droit a ses opinions sur la charte mais elle n'était pas la chef du bloc et elle se comportait comme tel dans les médias.
    Elle parlait dans les médias au nom du bloc comme si elle était le chef utilisant un language qui parlait de nettoyage ethnique allant même a RDI jusqu'as comparer les persécutions des chrétiens dans les pays musulmans a ceux que la charte imposait aux musulmans .
    Affirmer cela comme elle l'as fait a Lise Beaudoin a RDI relève du mensonges et de la démaguogie.
    Elle auras toute la latitude voulu pour joindre le NPD ou sa succursalle québécois QS pour aller faire sa démaguogie sur la charte .
    Toute la latitude aussi pour aller manifester contre la charte avec l'islamiste Adil Charkaoui qui partage le même point de vue que madame Mourani sur les prétendus persécutions imposés par la charte aux musulmans.
    Il y as des limites a délirer et a énoncer des faussetés de cette nature tout en parlant au nom du bloc comme si elle en était le chef.

  • Archives de Vigile Répondre

    13 septembre 2013

    Ce n'est pas la première fois que Mme Maria Mourani a un comportement qui porte a ambiguïté.
    Plusieurs fois, par le passé elle attire les reproches a son endroit sur ses intentions.
    http://pointdebasculecanada.ca/articles/10002520-leadership-du-bloc-la-candidate-maria-mourani-entre-l%E2%80%99incomp%C3%A9tence-et-la-complaisance-%C3%A0-l%E2%80%99%C3%A9gard-des-islamistes.html

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    13 septembre 2013

    En reprise d'un commentaire au billet de Lise Payette sur Le Devoir:
    Mme Mourani fait du théâtre: "Qui défendra mon identité?" La seule femme, la seule représentante des communautés ethniques... quel manque de respect!" Les gars sont maintenant entre eux!...Sommes-nous dans Antigone?
    Z'avez remarqué qu'elle attribue des qualités à Duceppe? Rappelez qu'elle a perdu la chefferie aux mains du p'tit Paillé? (qui ne tient pas de caucus!)
    Elle part en croisade pour "l'identité" des voilées (volontaires?)... elle, Libanaise chrétienne québécoise intégrée, arborant la croix... l'identité de ses enfants, pleurniche-t-elle... nés ici, parlant sans doute québécois... défendre leur identité... leur en a-t-elle parlé? Mme David doit se méfier: les 2 plus grandes féministes en compétition?
    J'ajoute: l'hypothèse du NPD est meilleure puisqu'elle se prépare à se canadianiser en dénigrant l'indépendantisme.

  • Martin Perron Répondre

    13 septembre 2013

    Merci beaucoup M. Rancourt pour votre commentaire éclairant et modéré. Vous confirmez mes intuitions comme observateur éloigné en ce qui concerne Mme Mourani. Il faut dire qu'un brave journaliste de Radio-Canada, ça existe encore, nous avait habilement mis la puce à l'oreille dans son reportage en signalant que le Bloc québécois avait bien peu de chance de se faire réélire dans le comté de Mme Mourani après le dernier découpage de la carte électorale. Donc, bien loin de l'image de courage que les médias ont projeté d'elle, il faut simplement voir en Mme Mourani une vire-capot à un moment important de notre vie démocratique.

  • Yves Rancourt Répondre

    13 septembre 2013

    Monsieur,
    Je suis tombé par hasard sur la conférence de presse que madame Mourani a tenue avec Jean Dorion dans les heures précédant son expulsion et je ne peux être surpris de cette décision de M. Paillé. C'était une charge à fond de train contre le projet de Charte, contre un projet d'énoncé pour discussion et ouvert à des modifications avant le dépôt du projet de loi, avec en plus des interprétations abusives sur ses impacts potentiels( des femmes mises à la porte, etc.). Elle aurait pu dire tout ça dans son caucus et à ses amis péquistes, et attendre le projet de loi avant de sortir publiquement. C'était d'une maladresse comme on en voit rarement en politique, et de surcroît sur une question d'une très grande importance pour l'avenir de notre nation.
    Je ne serais pas du tout surpris que madame Mourani rejoigne bientôt le NPD à la Chambre, ses propos ressemblant étrangement à ceux de Thomas Mulcair le même jour. Je ne voudrais pas être injuste pour elle mais, qui sait, cette sortie était peut-être calculée de sa part?
    Salutations.

  • Archives de Vigile Répondre

    13 septembre 2013

    Maria Mourani arborait fièrement une croix à son cou lors de de ses visites aux assemblées politique de Montréal-Nord.
    Les Libanais chrétiens n'ont pas nos complexes.
    Il me semble qu'elle est né à Abidjan, en Côte d'Ivoire, et non au bord Méditerranée.