Le Bloc provincial

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« Autrement dit, il est désormais plus avisé d’être contre Ottawa que d’être pour une idée qui, autant se le dire, n’en mène pas large. »


On sait comment elle finira cette élection: dans le désarroi des grands partis et la joie de héros affranchis du pouvoir. 


Au Québec, ce sera une victoire provinciale exemplaire. Un resserrement des rangs inespéré, une résistance communautaire que l’on prendra pour une résurrection. 


Le plus fascinant, c’est que le Bloc, un parti dédié à l’indépendance, n’aura pas eu besoin de faire campagne sur ce qui constitue sa raison d’être.  


Ni de s’expliquer, ou si peu, puisque l’enjeu était autre, quoi qu’on dise maintenant, à la veille du scrutin... 



Le Bloc provincial

Photo d'archives Agence QMI




Portée aux nues avant d’être déchue, Martine Ouellet doit se rouler dans les feuilles mortes, elle qui avait tant donné à une Cause subrepticement glissée sous le manteau... 


Yves-François Blanchet a plutôt proposé de défendre les intérêts de la Belle province à Ottawa.  


C’est plus simple. C’est aussi conforme à la tradition bloquiste depuis un quart de siècle; les Québécois n’en demandent pas plus, Gilles Duceppe l’avait compris... 


Autrement dit, il est désormais plus avisé d’être contre Ottawa que d’être pour une idée qui, autant se le dire, n’en mène pas large. 


Le Bloc a donc pris une judicieuse décision. Parce que le Québec, sans doute pour un sacré bout de temps sinon pour toujours, ne sera rien d’autre qu’une province.  


Un territoire conquis où on rêve paisiblement d’un retour improbable du baseball et d'un tramway «tricoté grosso modo»... 


François Legault disait récemment que «le Québec, actuellement, et puis pour de bon, c’est mieux de rester à l’intérieur du Canada»... 


Le Bloc n’avait donc guère le choix des faux-fuyants. Et puis, quand une majorité de 80% d’électeurs rate deux fois sa victoire référendaire, y a un sacré problème...  


On ne le nomme pas très souvent celui-là, ce nationalisme mou, fait d’atermoiements et de peut-être-une-autre-fois... 


Le Bloc a proclamé, en toute fierté: «Le Québec, c’est nous». Il suffirait toutefois de modifier une lettre à ce slogan pour expliquer le bouchonnement de l’horizon... 


Trente bloquistes aux Communes ne changeront rien à l’ordre des choses, même si on sera tentés de penser le contraire. 



Le Bloc provincial

Photo Adobe Stock




À Québec, réveillés par le tintamarre de leurs cousins fédéraux, les péquistes reprennent leur tension artérielle et n’en croient pas leurs yeux: 120 sur 80... 


La réanimation du PQ passait donc par celle du Bloc! Les péquistes sont malheureusement pris de court, privés une énième fois d’un chef en bonne et due forme, ils jouent de la bombarde depuis un an... 


Si le passé est garant de l’avenir, la suite des choses promet d’être emballante; on redira bientôt que «le vent se lève» et blablabla...  


Mais le pays, rêvé depuis si longtemps, pourra-t-il jamais surgir de cette insuffisance chronique? Ne parions pas tout de suite... 


Pour le moment, une leçon peut être tirée de l’élection de lundi : le Canada est pris dans une embâcle politique, en partie à cause de ceux qui ne veulent pas de lui, tel qu’il est dans sa nature profonde... 


Au Québec, laïcité oblige, le ressentiment est particulièrement fort. Mais, en 2019, envoyer un contigent de bloquistes à Ottawa, c’est un peu comme monter au front quand la guerre est finie... 


À moins qu’elle ne soit subitement recommencée...  


Exubérant, les bras en croix, le généralissime Blanchet a lancé hier: 


«Nous pourrons de nouveau dire à nos amis écossais et catalans que dans la lutte à l’autodétermination des peuples le Québec est de retour lundi »... 


Tiens donc!




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