Le Bloc dans le maelstrom ?

Tribune libre

À la dernière élection fédérale, le chef du Bloc avait choisi de s’aligner sur certaines valeurs québécoises, et s’était évertué à brandir la menace que constituait l’élection possible de nombreux conservateurs au Québec.
Nettement, M. Duceppe appelait au ralliement des québécois pour empêcher la formation d’un gouvernement conservateur majoritaire : un gouvernement de westerners, de cowboys, d’ alliantistes, bref, de droite et réactionnaire. Tout y avait passé. C’était de bonne guerre.
Et le vœu de M. Duceppe, son combat électoral, d’un gouvernement minoritaire, s’est finalement matérialisé. Une belle victoire du Bloc.
Hélas! Les gouvernements minoritaires sont instables et ne durent pas toujours longtemps. « Hélas! »... pour M. Duceppe !
L’actuel gouvernement minoritaire de westerners, de cowboys, d’ alliantistes, de réformistes, est pourtant toujours autant à droite. Le Bloc, qui avait choisi les valeurs québécoises, plus humaines, plus progressistes, plus sociale-démocrate, plus de « gauche », est mal venu maintenant de participer de quelque façon au sauvetage du gouvernement conservateur. D’autant qu’il était prêt à faire alliance avec les démocrates et les libéraux contre eux, il y a peu de temps. L’appui aux conservateurs, même à la pièce, est un terrain miné.
Si, par contre, c’était le N.P.D., très opportuniste, qui se chargeait d’assurer bientôt la survie du gouvernement conservateur, à la pièce aussi, quel alibi ! ajouté au fait qu’il n’a pas de base électorale au Québec—l’appui au gouvernement ne peut pas lui nuire au Québec, là où il est quasi absent-- ce serait là le signe que c’est le Bloc lui-même qui serait devenu la cible des partis nationaux fédéraux. Pour les tenants d’une Union des souverainistes, il pourrait y avoir là à méditer, sur une coalition électorale par le haut plutôt que par le bas, celui des militants.
C’est la position néo- démocrate en tant que sauveteur du gouvernement conservateur, si cela s’avérait, qui permettrait enfin aux libéraux de se comporter en véritable opposition. Cela pourrait bien relancer alors les chances des libéraux, qui pourraient éventuellement profiter de la règle de l’alternance. (Ce qui leur était impossible, très évidemment, tant qu’ils appuyaient le gouvernement)
Ce sont les comtés représentés par le Bloc qui font saliver les rouges et les bleus fédéraux, les rouges en particulier, maintenant qu’ils ont survécu aux commandites. Ils sont devenus aussi aptes que les bleus dans la récupération du vote adéquiste.(en attente)
Le chef libéral ne peut plus soutenir le gouvernement conservateur sous peine d’affaiblir sa propre chefferie, et subir rapidement le même sort que son prédécesseur. Ignatieff n’a donc rien à perdre personnellement à défier le gouvernement (et possiblement aller en élection), mais tout à perdre à le soutenir. Rouges et bleus sont d’accord…et cyniques. Mais rouges et démocrates sont d’accord…mais complices. S’il y avait élection, un gouvernement libéral majoritaire est possible, en effet, mais si minoritaire, il pourrait en plus être coalisé, c’est-à-dire de coalition avec le N.P.D. Voilà peut-être le calcul d’Ignatieff à propos de la stabilité, qu’Harper, minoritaire, est incapable d’assurer parce qu’isolé.
Advenant un gouvernement rouge minoritaire, coalisé avec les néo-démocrates, le Bloc deviendrait vulnérable sur sa gauche à l’égard de la fameuse défense des intérêts et des valeurs québécois. La coalition pourrait servir de tremplin au N.P.D. fédéraliste au Québec. Le Bloc serait isolé, et aurait l’air d’un parti qui se cherche des amis. Il n’en trouverait pas.
« Et qui croyez-vous qui » va faire appel bientôt, TÔT OU TARD, aux souverainistes, aux indépendantistes, aux nationalistes, pour encore une fois sauver la mise ? C’est déjà commencé…
« Et qui croyez-vous qui » va encore venir à la rescousse du Bloc, encerclé ?
Réponse : les nationalistes, encerclés un peu plus eux-aussi.
Question : dans le Bloc, y-en-a-t-il des nationalistes ? Ou bedon y a juste des nationaleux, de droite et de gauche, surtout de gauche, qui se contentent de respecter scrupuleusement la division en deux de l’électorat québécois ?
Y a pourtant qu’un seul peuple québécois : NOUS. Pourquoi le Bloc ne Nous représenterait-il pas en bloc plutôt qu’à la pièce ?
Évidemment, toujours et encore : Bloc en bloc.





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3 commentaires

  • Marcel Haché Répondre

    17 septembre 2009

    @ m. Bousquet.
    Ce n’est pas mon propos de « taper » ni de blâmer les chefs souverainistes.
    Mais les faits sont les faits : c’est bien le Bloc qui s’apprête à appuyer le gouvernement Harper tant décrié.
    Une toute petite remarque : les politiques « sociales-socialisantes » ne sont pas le monopole du Bloc. À cet égard, le N.P.D est aussi capable que le Bloc de faire valoir ces mesures, et ainsi de le concurrencer à gauche.
    Mais le Bloc est le seul parti à Ottawa à avoir dans sa poche notre idéal. Le nôtre. L’indépendance. La souveraineté. Le confédéralisme même…
    Il est le seul à véritablement Nous représenter. Le Bloc à Ottawa, c’est le loup.
    Qu’il se comporte en loup !
    @ Michel G
    Bien d’accord que l’indépendance se fera à Québec, et non pas à Ottawa. Mais dans une épreuve de force avec l’institution fédérale, il vaudrait mieux—bien mieux—qu’une députation à Ottawa en soit une qui appuierait, plutôt qu’une autre qui trahirait, le gouvernement du Québec dans sa démarche d’émancipation.
    Si le rôle du Bloc est si vital, conséquemment, il est critiquable.
    Qui aime bien…

  • Michel Guay Répondre

    16 septembre 2009

    De toutes façons que nous votions Conservateur ou Libéral c'est du pareil au même Le Québec sera toujours perdant et très très minoritaire et sans réel pouvoir à Ottawa .
    Les Canadians savent contrôler nos médias et acheter les députés fédéralistes pour qu'ils obéissent et votent contre notre langue et contre tous nos intérêts
    Le Bloc ne peut que montrer ce mal et bloquer à l'occasion , dénoncer à d'autres occasions en s'alliant bien malgré eux aux commandités qui sont encore tous au sein du Parti Libéral et dans la fonction publique autour du Conseil Privé au sein de Propagande Canada
    Nous savons tous que le Bloc ne peut rien à Ottawa et qu'à la longue il arrivera au Bloc ce qui est arrivé au PQ dans ce provoncialisme faux fédéralisme royaliste anti démocratique.
    C'est aux Québecois de s'unir au sein du PQ et de réaliser notre décolonisation en mettant fin au provincialisme anglo colonialiste

  • Gilles Bousquet Répondre

    16 septembre 2009

    Les Conservateurs passent leur temps à dire que le Bloc est séparatiste pendant que trop de purs indépendantistes québécois disent qu'il est trop fédéraliste, composé de députés carriéristes. Nos durs font de même avec le PQ, pas assez indépendantiste à leur goût. Faudrait qu'il fasse ceci ou cela à la place de faire cela et ceci.
    Est-ce qu’on peut laisser un peu de corde aux chefs souverainistes et aux députés souverainistes...Pour l’amour du bon Y’eu ! En tapant dessus continuellement, vous allez finir par les brûler tous et adieu à la relève. Ce n'est pas le CH pour jouer au gérant d'estrades dont les joueurs, eux, peuvent jouer ailleurs.