La zone euro sonne la fin de la crise en Grèce, le pays ouvre «une nouvelle page»

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La catastrophe grecque se poursuivra encore longtemps

La Grèce a salué vendredi «l’accord historique» trouvé dans la nuit par ses créanciers pour clôturer huit années de crise, assurant qu’«une nouvelle page est en train de s’écrire».


«Nous avons trouvé un accord historique à l’Eurogroupe d’hier sur la dette grecque», a déclaré le premier ministre grec Alexis Tsipras, ajoutant: «une nouvelle page est en train de s’écrire, mais nous ne devons pas pour autant détruire le chemin fait sur les réformes et sur les efforts budgétaires».


«Je pense que le peuple grec peut sourire, peut respirer à nouveau », avait auparavant déclaré à la télévision publique ERT le porte-parole du gouvernement Dimitris Tzanakopoulos.


Des médias et analystes tempéraient toutefois l’optimisme, observant que le respect des obligations budgétaires prévues nécessitera une discipline de fer. Le pays restera sous surveillance de ses créanciers.


«Ce serait une erreur terrible de cultiver l’illusion que la fin des programmes d’aide signifie un retour à la normale », estimait le quotidien d’opposition Ta Nea. «Ce qui suit est une surveillance serrée qu’aucun autre pays n’a expérimentée» après de tels programmes.


Les ministres des Finances de la zone euro se sont entendus tôt vendredi, après plus de six heures de réunion à Luxembourg, sur les modalités de sortie de la Grèce des programmes d’aide dont elle bénéficie depuis 2010 ainsi que sur l’allègement de sa dette.


«Heureux»


L’accord vise à permettre à la Grèce de quitter comme prévu la tutelle de ses créanciers --zone euro et Fonds monétaire international (FMI)-- le 20 août afin de recommencer à se financer seule sur les marchés, après plusieurs années de profonde récession et trois programmes d’aide. Il comprend un dernier allègement important de la dette pour l’aider à assurer sa crédibilité.


«La crise grecque s’achève ici, cette nuit », s’est félicité le commissaire européen aux Affaires économiques Pierre Moscovici.


«Je suis heureux», a déclaré le ministre grec des Finances Euclide Tsakalotos, ajoutant: « pour que ça en vaille la peine, nous devons nous assurer que le peuple grec voie des résultats concrets ».


Les ministres ont convenu d’allonger de dix ans les échéances de remboursement d’une grande partie de la dette grecque, au niveau le plus élevé de l’UE (180% du PIB), et de permettre aux Grecs de ne commencer à rembourser une partie des prêts qu’à partir de 2032, contre 2022 jusqu’à présent.


Les ministres ont aussi validé le versement d’une toute dernière tranche d’aide de 15 milliards d’euros, contrepartie aux 88 dernières réformes accomplies par la Grèce ces dernières semaines.


Sur cette somme, 5,5 milliards sont destinés au service de la dette et 9,5 milliards alimenteront un «matelas financier» de plus de 24 milliards d’euros pour les 22 mois qui suivront la sortie du programme.


«l’accord historique»


Sous la pression de l’Allemagne, certaines mesures d’allègement de la dette resteront conditionnées à la poursuite des dernières réformes dont certaines s’étendront sur plusieurs mois.


Athènes sera, dès sa sortie du troisième programme d’aide en août, et jusqu’en 2022, sous le coup d’une surveillance encore jamais vue de la part des Européens, bien plus serrée que celle qui a été mise en place dans le passé pour le Portugal, Chypre ou l’Irlande.


Le FMI, qui a participé financièrement aux deux premiers programmes, ne le fera pas pour le troisième, mais restera impliqué dans la surveillance post-programme, a annoncé vendredi sa directrice générale, Christine Lagarde, présente à Luxembourg.


Selon Mme Lagarde, «à moyen terme» la dette grecque est soutenable «mais sur le long terme, nous avons des réserves».


Les Européens ont prévu de faire le point sur la dette grecque en 2032 et d’accorder, si nécessaire, de nouvelles mesures d’allègement.


«L’allégement de dette est plus important que ce à quoi nous nous attendions», a estimé Citi European Economics dans une note citant « l’allongement à 10 ans de la maturité des prêts EFSF (Fonds de soutien de la zone euro) et surtout le délai de grâce sur les intérêts».


«C’est un programme très strict», a déclaré à la radio municipale d’Athènes 9,84 Kostas Boukas de Beta Securities.


Un excédent budgétaire primaire «de 3,5% d’ici à 2022 et de 2,2% (en moyenne) d’ici 2060 n’est pas facile du tout», a-t-il ajouté. «Nous verrons si les promesses sont respectées, en particulier parce qu’elles dépendent également des développements internationaux».


En huit ans, la Grèce a bénéficié de plus de 273 milliards d’euros d’assistance de ses créanciers. En contrepartie, elle a dû mettre en oeuvre des centaines de réformes, souvent douloureuses.


Elle a renoué avec la croissance en 2017 (+1,4%) et table sur +1,9% cette année puis +2,3% l’an prochain, affichant désormais un excédent budgétaire de 0,8%, après un déficit de 15,1% en 2009.