La triste réalisation d'une prophétie

Tribune libre

Il y a plus de cinquante ans dans l'après-guerre alors que le Québec était prospère et connaissait presque le plein emploi, un missionnaire québécois en poste dans un pays pauvre d'Amérique latine avait surpris les paroissiens d'une petite ville du Québec.

C'est ma tante qui me racontait cela il y a quelques années. À cette époque, les missionnaires revenaient pour un séjour au Québec avant de repartir en mission. Pendant leur séjour au Québec, ces missionnaires faisaient le tour des paroisses afin de recueillir des dons pour le pays où ils étaient en mission. Il faisait un compte-rendu de leurs activités en terre lointaine devant les paroissiens.

Pour revenir à ce missionnaire en particulier dont ma tante avait malheureusement oublié le nom, il avait dit aux paroissiens présents pour l'entendre qu'un jour le Canada et le Québec étaient pour devenir aussi pauvres que le pays d'Amérique latine dans lequel il oeuvrait.

Ma tante qui est une femme qui a toujours eu peur de manquer du nécessaire n'a jamais oublié ces paroles.

Ainsi, je lisais ce matin un article en langue anglaise sur le site du parti de l'égalité socialiste intitulé comme suit:

"US becomes a center of poverty-wage manufacturing"

http://www.wsws.org/articles/2011/sep2011/pers-s29.shtml

En lisant cet article, on ne peut que constater la tiersmondialisation croissante des États-Unis, autrefois reconnu comme le pays le plus riche au monde. En effet, dans cet article on parle des salaires maintenant donnés aux États-Unis dans le secteur manufacturier, salaires qui rejoignent de plus en plus les standards des pays du tiers-monde.

Et lorsque l'on voit au Québec combien le secteur autrefois fleurissant des pâte et papier a été éprouvé au cours des dernières années et les pressions faites par le patronat pour modifier les conditions de travail et les salaires, on peut voir quelle est la tendance. Et la tendance de tiersmondialisation du Québec ne se dément pas quand on constate les besoins toujours croissants des banques alimentaires, comptoirs vestimentaires et soupes populaires.

Il n'y a pas de doute que dans le contexte de la mondialisation actuelle de l'économie de marché capitaliste, l'aristocratie de la finance et des affaires veut niveler par le bas les salaires afin d'attirer les investissements.

Ce bon missionnaire québécois dont ma tante me parlait avait été prophète en son temps, à une époque où la tiersmondialisation du Canada, du Québec ou des États-Unis paraissait impossible. Soit qu'il était prophète, soit qu'il connaissait bien l'être humain...


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3 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    30 septembre 2011

    Je voudrais ajouter que j'en ai mon voyage de voir du monde pâtir au Québec et vivre misérablement dans un territoire riche en ressources de toutes sortes.
    Il n'y a pas de raison pour ça. Tous devraient pouvoir vivre décemment et heureux dans le Québec d'aujourd'hui.
    Mais ce n'est pas ce que l'on voit. De plus en plus de Québécois tombent dans la pauvreté avec le découragement qui s'ensuit, les maladies causées par l'inquiétude du lendemain etc... C'est honteux pour le Québec.

  • Archives de Vigile Répondre

    30 septembre 2011

    Merci monsieur Perrier pour vos commentaires...
    Il vient un temps où on ne peut plus se taire devant ce qui se passe et devant les mensonges "gros comme le bras" qu'on nous raconte sinon notre silence devient complice et si je n'écrivais rien, je me sentirais coupable...
    Je m'inspire beaucoup du regretté Michel Chartrand qui m'a éveillé politiquement parlant. J'ai assisté à quelques-unes de ses conférences, en particulier lorsqu'il prônait un revenu de citoyenneté universel, chose que je trouvais pleine de sens, afin que tous vivent décemment au Québec.
    Chartrand était justement un homme de coeur qui refusait le mensonge et il était aussi un grand patriote du Québec, un personnage plus grand que nature comme on dit.
    Malheureusement, le Québec commence à manquer cruellement de ce genre de personnage.

  • Patrice-Hans Perrier Répondre

    29 septembre 2011

    Cher Didier,
    on aimerait bien connaître votre nom au complet, parce que vous dites des choses qui sont porteuses de sens.
    les quelques billets de votre plume que j'ai lu parlait du fond du coeur, surtout celui qui traitait de la société de la performance et de la compétition.
    vous êtes plus un philosophe de la vie courante qu'un analyste politique et c'est rafraîchissant.
    mon philosophe préféré, mon mentor, c'est Montaigne.
    un esprit socratique et un être d'une grande bonté.
    Montaigne se méfiait des grands systèmes intellectuels, il me fait penser aux premiers chrétiens et aux fondateurs de la philosophie antique.
    le «gros bon sens», qui nous manque à tous et à toutes en ces temps de tourmente.
    les Québécois doivent se connaître eux-même, pour user de la formule socratique, avant d'entreprendre une action collective susceptible de changer le cours de l'histoire.
    et, parlant d'histoire, il est pertinent que l'on remette en UNE les sections thématiques de VIGILE qui traitent de la perte de notre mémoire collective.
    quand je parle d'ouverture aux autres cultures, à l'altérité et au dialogue, je suis parfaitement conscient qu'il faille nous ressourcer à nos racines propres.
    un de mes oncles qui était, lui aussi, missionnaire, est parti pendant la révolution tranquille pour aller aider les habitants du Lesotho - alors qu'ils vivaient une guerre de libération nationale contre l'Empire britannique - mon oncle Jean-Louis n'a PAS été là-bas que pour les endoctriner, non. Il a retroussé ses manches, a soigné des blessés, hébergé des fugitifs, conseillé et prodigué encouragement, il a été du bord de ce peuple SOUFFRANT !
    quand il est revenu ici, au Québec, à la fin des années 70, il a déchanté devant l'individualisme forcené, le manque de repère des jeunes et la MISÈRE collective qui se profilait déjà à l'horizon.
    merci beaucoup Didier pour ce beau partage touchant.